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 Un frugal entretien )> Néron

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François Rabelais
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MessageSujet: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty26.06.12 10:20

Spoiler:

Un frugal entretien )> Néron Captur33
Un frugal entretien

C’est vrai qu’il l’aimait bien, la petite Amélie. Elle avait de jolies boucles blondes, de jolies boucles du genre de celles qu’on décrit dans les romans. De la couleur du blé, brillantes comme de l’or et douces comme de la soie. Elle était belle, la petite Amélie, avec son visage de poupée de porcelaine, doté de grands yeux en amande, qui reflétaient au fond de la pupille une curiosité innocente pour le monde entier. Elle était mignonne, la petite Amélie, avec ses fines mains de pianiste éduquée, sa nuque de demoiselle bourgeoise, qui ne tombait jamais d’un côté ou de l’autre de ses épaules étroites et rondes dans le prolongement desquels saillaient deux clavicules adorables. Elle faisait envie, la petite Amélie, avec sa taille toute mince délicieusement serrée dans un caraco de velours noir.

Mais bon sang, ce qu’elle était banale, au fond, la petite Amélie. Elle avait la tête bien faite, mais farcie de milliers d’idées qui, incapable de s’élever comme le font les conceptions que l’esprit a dûment travaillé, et qui fusionnent avec un tas d’autres pour ne former plus qu’une unique réflexion qui dépasse par sa force toutes les autres et s’étale dans le monde, puis dans l’histoire avec la certitude de l’annexion (comme si elle savait déjà que dans cinq cent ans, l’humanité en parlerait encore), retombait mollement sur le fond de la pensée populaire.

La vérité, c’est qu’aussi mignonne et gracieuse qu’elle soit, aussi sensuelle et appétissante qu’elle puisse paraître, la petite Amélie était atrocement, affreusement, profondément chiante. Et Rabelais, avec tout les efforts du monde, ne parvenait pas à voir au delà de son étroitesse d’esprit, de sa condescendance mal assumée, de son savoir minimaliste et de sa pédanterie tout juste feinte. Si ça n’avait tenu qu’à lui, la petite Amélie n’aurait plus eu le droit de foutre les pieds dans son église, voilà. Il l’aurait excommunié avec toute la cruauté dont il aurait été capable. Il aurait pointé la sortie du doigt en pleins sermon et déclaré en hurlant au travers de l’église, « toi, putidus, sale petite catin, estoy priée de lever ton derrière de ce saint banc et de prendre la porte. J’ai conscience, oui, de l’injustice de ma sanction j’en implorerai le pardon à Dieu le père en l’instant mais décarre plus vite. Voiiilà. » Malheureusement, l’église ne lui appartenait pas, et ne représentant pas une haute autorité religieuse, il lui était impossible d’interdire l’entrée à qui que ce soit. C’était un peu le souci d’être prêtre, au fond. Excepté le bien triste fait que s’occuper des gens ne lui disait plus grand chose, et qu’il avait la plupart du temps grand mal à ne pas rire du malheur d’autrui, il souffrait de moins en moins de supporter les confessions pleines de fausses larmes et de dégoûtante pitié de la petite Amélie, qu’il considérait à raison comme une idiote. Et la différence entre elle et lui, c’est que s’il lui arrivait par hasard de commettre une injustice à son égard, étant prêtre il n’aurait pas grande peur à se faire au sujet du pardon de son âme.

C’est ce que disaient les règles monacales et religieuses de tout temps.

Malheureusement pour lui, lorsque Rabelais était injuste, son humanisme latent l’empêchait avec fourberie de se dissimuler derrière sa soutane et il se mangeait la culpabilité avec une violence plus physique que s’il s’était emplafonné dans un troupeau sauvage d’éléphants.

Rabelais se laissa tomber sur un tonneau de veille vinasse avec le soupire las de celui qui comprend que sa journée ne fait que commencer, et qu’elle va être pourrie. Il tâtonna à l’aveuglette, fatigué de supporter les problèmes des autres, et dégota par un incroyable miracle non loin de lui une large tranche de pain et une demi rondelle de mortadelle emballée dans du papier. L’œil égaré, l’esprit rêveur, il s’en fit une tartine dans laquelle il mordit du bout des dents. Ca ne lui ressemblait pas, de mordre du bout des dents. Il avait pour habitude d’être franc avec la nourriture : horaires strictes, repas diététiques et régime frugale un jour sur deux. Lorsqu’il était dans ses périodes qu’il appelait « fat », il ne dégustait pas mais bâfrait avec tout le savoir faire d’un Pantagruel en fin de diète. Ce pourquoi il s’étonna lui même à faire tant de cas d’une pauvre tartine de pain tout juste couverte d’une mortadelle trop faite. Il eu dans l’idée que tout cela devait être un signe, quelque chose destiné à le mettre en garde contre un événement futur et proche qui allait le plonger dans un profond embarras. Il se leva par réflexe, abandonnant sa tartine, traversé d’un puissant besoin de fuir. De quitter l’église pour le reste de la journée. D’aller ailleurs. N’importe où, mais ailleurs. Eviter ce qui le menaçait à l’entrée de ce lieu saint qui ne lui appartenait déjà plus.

Pris d’une certitude fébrile, il gravit les marche conduisant à la nef quatre par quatre et déboucha devant l’autel au moment exacte où la porte d’honneur s’ouvrait sur un homme. Il était grand, il était roux comme le diable et si Rabelais le connaissait de vu, quelque chose lui disait qu’il n’avait pas envie de s’engager plus avant.

Léon Gaïus.

- Bren de merde, » marmonna le prêtre. Il ouvrit la bouche à l’intention du visiteur qui traversait à pas mesurés le large espace qui les séparait encore, mais ne trouvant rien n’a dire d’agréable, se confondit dans un silence perturbé. Il resta là, les bras pendants, cette impression que quelque chose de malsain allait advenir lui taraudant le cœur comme un insecte irritant.



 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty26.06.12 18:14

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« Et que vous montrent-ils qui ne vous avertisse
Qu'il faut qu'on me respecte et que l'on m'obéisse ? »

Tu marches. Tu parcoures les rues des bas quartiers de Cassandre. Ta sacoche se balance et vient frapper contre ta hanche droite au rythme lent et régulier de ton élégante démarche. Tu te tiens droit, fier, et tes mains si justement mises dans tes poches de ce jean légèrement baissé te donnent une espèce de nonchalance que tu affiches délibérément. La tenue de ton corps, ton comportement, les vêtements que tu as décidé de mettre, ainsi que les expressions de ton visage, tout a été parfaitement mesuré et choisi en fonction de ce que tu voulais laisser transparaitre. Ô toi, superbe Néron. Ô toi, grand Empereur que les sujets craignaient tant, maitre de la Rome antique, tu n’es ici qu’un simple étudiant en histoire, barman à tes temps perdus, et rien de plus qu’un jeune adulte à l’allure désinvolte et au calme défiant toute loi. Mais s’ils savaient, ô, s’ils savaient ce que tu es. Ces pauvres fous, ce peuple de nigauds dont tu te délectais de la bêtise il fut un temps, et qui pensent aujourd’hui être ton égal. Cela te révulse, mais tu contrôles ton dédain. Tout cela est nécessaire, et réfléchi. Tu leur laisses penser ça parce qu’il le faut. Ainsi, tu ne tomberas pas de ton arbre. Oh, non. Plus jamais tu ne subiras ce qu’ils t’ont fait subir, ces chiens.

Tes lèvres se tordent en une moue désapprobatrice, une brève seconde. Ta bouche a échappé à ton contrôle à ton souvenir dégoutant, mais tu reprends vite pleinement possession de tes tics. Tu t’arrêtes. Tes membres inférieurs, ankylosés par ces heures assis dans l’amphithéâtre à te gorger des dires de ton professeur, semblent eux aussi retrouver de leur superbe. Tu n’appréciais pas de sentir cette faiblesse, aussi minime peut-elle sembler. Il te fallait retrouver ta force, Néron, quitte à déambuler dans les rues de cette magnifique cité, sans but. Tu regardes à droite. Puis à gauche.

« La rue assourdissante autour de moi hurlait. »


Un léger sourire se dessine sur tes lèvres. Baudelaire, et la beauté de ses vers te transpercent aux instants les plus communs de ta sublime existence. Déserte est cette rue, et elle te semble pourtant remplie, pleine à craquer de ces âmes immondes que tu abhorres. Alors pourquoi, pourquoi donc y penses-tu maintenant ? Est-ce parce qu’il te guette, ton délicieux ennemi ? L’Ennui. Il te poursuit. Il s’approche. Tu le sens. Il est partout. Vite, vite.
Ton regard, circulaire, se fait dur, et transperce le paysage. Tu frissonnes instantanément à la pensée de ce mot, de cet être immatériel qui n’abandonne pas sa lutte contre ta personne. Tu sens ton sang se glacer doucement, et les lèvres de l’Ennui viennent te susurrer à ton oreille ces mots que tu ne souhaites pas entendre. Tu balaies toutes ces pensées infâmes d’un revers de ton esprit, et tu te remets à marcher, accélérant ton svelte pas, fuyant ce que tu ne veux pas ressentir. Tu pars ainsi à la recherche d’une occupation Néron, Ce sont dans ses moments de peur absurde que tu imagines qu’il faudrait regretter ta très chère mère. Agrippa savait t’occuper, à tes dépens et parfois même contre ton gré.
Tu grognes. Cette salope, tu ne risques pas de la regretter. Et ton regard tombe à ce moment sur l’Eglise. Tu t’arrêtes devant et admires son frontispice richement décoré. Tu aimes l’architecture de ce genre d’édifice, dommage que leur cause soit vaine. Ah, le christianisme. Il était déjà injurieux à ton époque, tandis que tu te plaisais à brûler ces chrétiens, comme l’avaient fait Tibère et Caligula avant toi. Mais, ici, cette Eglise te parait bien plus obsolète. Dieu ? Noctem est le seul Dieu ici, il n’y en a aucun autre. Cela te semble une honte, un crime d’idolâtrie de prêcher et prier pour une autre entité que celui qui régit Cassandre. Et pourtant, les gens t’y voient. Ton hypocrisie ne connait pas de limites, Néron. Tu es prêt à tout pour te fondre dans la masse, pour paraitre aussi ignare et inutile qu’eux. Alors oui, ces putains de messes de merde qui te donnent grandement envie de gerber, tu te les tapes parfois. Tu cherches à comprendre comment utiliser la foi des gens pour la retourner contre eux. Tu analyses chacun de leurs sentiments, avec ce calme absolu dont tu es vêtu, masque qui ne laisse filtrer aucune émotion. L’homme est décidément bien pathétique pour se laisser autant manipuler par une créature purement fictive.

Quelques instants plus tard, tu as poussé l’imposant battant, et pénétré dans le lieu saint que tu abhorres tant. Ton plan est préparé et réfléchi, et la présente vue de l’homme aux cheveux roses devant l’autel, présenté comme supérieur à toi, confirme que tu ne peux passer qu’un excellent moment en sa compagnie. Tu retiens ce sourire orgueilleux, rempli de confiance, qui te donnait autrefois cet air de requin et de conquérant, et tu t’avances prestement, détournant volontairement ton regard pour le poser sur tous les vitraux qui ornent le lieu. Tu caches parfaitement ce dégout, une fois de plus, à l’idée d’un art aussi recherché et magnifié mis au service d’une cause aussi déplorable. Les mains toujours bien au chaud dans les poches de ce jean délavé, ce dos que tu as légèrement courbé pour appuyer ta démarche nonchalante, ta désinvolture. Cela te donnerait presque un petit air sympathique d’étudiant jem’enfoutiste. Dommage que ton air profondément calme, qui retranscrit ton air réfléchi et peu avenant à la discussion dise tout le contraire.

Ton regard chocolat vient se poser sans aucune douceur sur l’homme que seules les quelques marches séparent de ta super personne. François Rabelais. Le prêtre de cette église. Au début, cet homme ne t’intéressait pas, il te semblait juste être la plus vulgaire entité de ce monde. Tu t’es pourtant renseigné contentieusement sur lui. Le peuple asservi par la foi doit trouver en un être ce qu’il ne peut obtenir d’une créature imaginée de toute pièce, pour suivre leur raisonnement absurde jusqu’au bout. Il incarne Dieu. Il peut donc se révéler très utile.

« Ce lieu est agréable. »
Une pause. Ton regard ne quitte pas le sien, le scrute. Tu as déjà triomphé, Néon, et tu jubiles, tu jubiles de cette puissance que tu détiens entre tes mains. « Aimez-vous cet endroit, mon père ? »

Tu as décidé de jouer un peu avec lui, de le ménager pour ta propre satisfaction. Il n’y aurait aucun plaisir à l’écraser d’emblée. Laisse-lui le temps de s’apercevoir où tu le mènes. Sans qu’il n’y puisse rien y faire.

François Rabelais est condamné. Tu l’as condamné, Superbe Empereur de la Rome Antique. Et voici à présent son châtiment.
 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty28.06.12 15:36

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Un frugal entretien

Léon N. Gaïus, superbe empereur de la Rome Antique qui fit brûler les Chrétiens qu’il haïssait tant. Rabelais aussi avait travaillé son histoire, il connaissait les plus sombres recoins de Néron. Sa vie antérieure, entachée de si nombreux crimes, lui avait laissé pour souvenir cette trace noire sur l’âme, greffée au fer, profondément incrustée dans la chaire qui lui disait que les chrétiens n’était rien d’autre qu’une race à exterminer. Rabelais savait ça. Rabelais savait que la seule douceur qu’il pourrait trouver en son église s’incarnerait au travers d’une méchanceté faite à sa personne.

Léon traversait la nef.

Cela n’avait en soi rien d’exceptionnel. Léon traversait la nef. C’était un acte tout à fait commun. De nombreuses personnes en avaient fait autant avant lui, et de nombreuses autres perpétraient cette tradition. Léon traversait la nef. Toutefois, Rabelais pouvait aisément se figurer que, parmi tous les pieds qui avaient foulés la sainte pierre de son établissement, ceux de Léon Gaïus faisaient parti des plus dangereux. Quelque chose entourait son être, flottait au dessus de lui, guettait non loin et semblait l’avertir, lui indiquer la meilleure manière d’asséner un coup brutal, parfois tranchant dans le vif, toujours blessant à mort. Rabelais ne le connaissait pas bien, mais ne pouvait ignore les principaux traits de son caractère. Ceux que tous lui prêtaient. Léon Gaïus est un conquérant. Léon Gaïus suinte le dédain. Léon Gaïus pose sur le monde un regard convaincu de sa grandeur, de son destin, et il sourit, cruel. Car il n’a qu’à tendre la main pour en couvrir de son ombre les autres, et les saisir, brutal. Il sert alors dans son poing de fer ceux qui ont eu le malheur de s’y égarer. Il sert, et il écrase. Il étouffe.

Par réflexe, Rabelais lève légèrement le menton, comme pour tenter de se montrer plus grand qu’il n’est. Entreprise vaine, Léon Gaïus ne crains personne, surtout pas François Rabelais. Au fond, qui craint ce pauvre petit prêtre de rien du tout, gentil comme tout et serviable à ses heures ? Personne. Sa vie, son œuvre passée, les gens la connaissent et en rit. On le prend pour un oisif, pour un simplet. Certains on perçut sous l’humour potache de ses livres la critique sociale brulante qui s’y cachaient. Aujourd’hui, Rabelais garde ses mots pour lui. Il les enfouie dans sa cave, à l’abris des regards. Il les garde pour une aventure prochaine. Pour le bon moment. Rabelais n’est pas naïf. Il garde simplement son arme la plus destructrice pour l'instant propice. Dans l’ombre, il calcule, il juge, il estime. Bientôt viendra cette heure où le ciel se couvrira de plomb et où François Rabelais, dans un geste décisif et impérieux, étalera au nez du monde ce qu’il pense de l’humanité, de Cassandre, et surtout de Noctem.

Il sourit à Léon sans parvenir à préserver l’air insouciant qui a prit l’habitude d’accompagner chacune de ses paroles. Il sent ses nerfs se plier, toute sa sympathie se rétracter face au regard d’empereur de ce qu’il considère comme un intrus. Il est arrive en terrain conquit, le grand Néron. Il a la manie bizarre de regarder les gens par au dessus. Ca n’intimide pas Rabelais, mais ses convictions se renforcent malgré lui. Il est trop intelligent pour ne pas comprendre que ce type lui veut du mal.

Il n’aime pas son ton.

- La paix, mon ami, est un ingrédient essentiel de la vie parfois ardu à acquérir en notre belle Cassandre. » Sa sincérité grince contre l’adjectif qui désigne la ville. Rabelais accentue son sourire, conscient d'avoir esquivé la question. Terminé, les faux semblants. Le bon vivant clos ici sa légende et présente à Néron la véracité de son âme. Il n’est pas le bienvenu. Avant même que l’empereur n'ouvre à nouveau la bouche, Rabelais prends le parti de défendre son intégrité. « Que désires tu assez fort, Léon Gaïus, pour te sentir en droit de troubler cette paix que je préserve ? » Ses doigts se serrent sur le bord de l’autel, comme s’il craignait subitement de sentir le sol s’effondrer sous ses pieds.
 
N. Léon Gaïus
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty29.06.12 23:50

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« Et que vous montrent-ils qui ne vous avertisse
Qu'il faut qu'on me respecte et que l'on m'obéisse ? »

Tu as envie de rire. Ce petit te semble si pathétique. Insignifiant à ton regard, il n’est rien de plus qu’une petite souris terrée dans son trou. Rabelais a peur de toi. Tu jubiles intérieurement. Ta puissance en ces lieux ne fait plus aucun doute. Dieu n’est rien à cet instant. Dieu ne peut prendre ta place. Dieu ne peut fixer ce prêtre avec ton regard chocolat complètement inexpressif, et lui enlever cet air sympathique qu’il arbore pourtant quel que soit l’interlocuteur. Oh, il te sourit, de la manière la plus hypocrite qu’il soit. Ses traits accentuent son air antipathique. Il te fait savoir que ta présence ici n’est pas la bienvenue. Il te montre que tu es en territoire ennemi. Ce qu’il ne sait pas, c’est que tu as déjà conquis cet endroit. Tu as conquis les sympathisants, ceux qui croient en cette connerie de Dieu. Rabelais ne peut rien contre toi. Il ne peut que s’incliner, s’agenouiller à tes pieds et te supplier de l’épargner.

Tu te délectes de cette vision. Ton visage ne reflète toujours rien.

Et il te répond. Il évite la question. Le coin de tes lèvres se forme en un léger rictus, ininterprétable. Tu continues de la fixer, l’écoutant attentivement. Monsieur entre directement dans le vif du sujet. Il n’est pas idiot, il a compris que tu venais pour quelque chose. Il sait que tu n’es pas celui que tu parais êtres, Ô toi, Néron. Rabelais n’est pas bête, cela est évident. Derrière cet air amical un peu simplet se cache un esprit complexe, réfléchi, qui se terre et attend tranquillement son heure. Rabelais ne te fait pas peur, loin de là, mais il est sournois. Si tu ne savais pas sa plus grande faiblesse, sa peur cachée à l’intérieur de son être, tu t’en méfierais.

Mais tu le sais. Cela te fait légèrement sourire, innocemment. Et Rabelais tremble, se crispe, attend ta sentence.

« Vous n’avez pas répondu à ma question, mon père. »


Nonchalant. Tu continues ton petit jeu, tu souhaites pousser un peu plus loin sa patience. Ton minuscule sourire s’efface bien vite. Tu détournes ton regard, places tes mains derrière ton dos et fais quelques pas sur le côté, admirant le plafond de l’Eglise, ainsi que son entière structure. Les décorations te fascinent. Elles ont ce petit côté profane complètement contradictoire avec la sainteté même du lieu. Il ne tiendrait qu’à toi, elles orneraient plus conséquemment les murs. Tu imagines des fresques de scènes de massacre, comme celles présentes dans ton Antique Rome. Il est tellement dommage que Noctem ne veuille fermer ce lieu, et lui en donner les clés. Il s’agit là toujours de l’idée qu’il faut donner au peuple une illusion de liberté. Les laisser croire qu’ils peuvent idolâtrer qui bon leur semble.

« Votre Eglise est parfaitement entretenu. Il est dommage qu’elle n’aspire pas à une cause plus noble que la belle activité de prêtrise, de sermon et de confessionnal que vous lui avez donné, mon père. » Tu ne le regardes pas, et tes yeux scrutent à présent la petite bassine avec toutes les bougies rassemblées. Ton timbre de voix résonne dans le lieu Saint, et tu ne prends pas la peine de cacher ton sarcasme en appuyant les mots « belle » et « mon père ». « … Je ne trouve pas que cette paix soit troublée par ma présence. Pourquoi pensez-vous donc le contraire, mon père ? »

Tu admires à présent l’orgue, situé en hauteur, au-dessus de la tête du prêtre. Tu aimerais l’entendre jouer, à cet instant. Le moment te semble parfait pour une musique de ce genre, à la fois grave et imprévisible.
Ton regard revient finalement sur sa personne. Un sourire s’étire doucement sur son visage. Tu parais amplement satisfait, comme comblé par la vue que tu viens de t’offrir. Et, malgré ses quelques marches de différence qui placent Rabelais en hauteur, tu es bien loin de te sentir inférieur. Ce sentiment n’existe pas, pour ta personne.

« Il s’agit là d’une manière peu polie de m’accueillir en ce lieu Saint, mon père. »
Légère pause. « Votre inclinaison naturelle pour le mépris du genre humain serait-il en train de reprendre le dessus ? »

Tu te délectes, tu jouis intérieurement en sentant tes mains se refermer lentement autour de sa gorge. Superbe Néron, le meilleur est encore à venir, et tu t’impatientes.
 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty30.06.12 18:17

Un frugal entretien )> Néron Captur33
Un frugal entretien

On avait accusé Rabelais de ne pas croire en Dieu. Jadis taxé de comportement hérétique, il ne pouvait que sourire devant sa situation professionnelle. Il n’avait jamais vraiment voulu être prêtre. C’était une situation qui lui était tombée dessus par hasard et qu’il considérait comme la répétition inéluctable de son destin. Cela lui procurait un sentiment étrange. Comme s’il accomplissait à la fois quelque chose de totalement inutile et fatal. Il se sentait hypocrite, quelque part. Il s’investissait dans une œuvre sociale qui ne lui convenait pas du tout. Il savait bien pourquoi il était là. Sa vie antérieure aiguillait ses choix durablement et Rabelais entretenait en lui un vaste sentiment d’imposture. Il avait souvenir d’un homme impliqué historiquement, prêt à assumer ses choix dans toutes les occasions. A ce jour, il n’était qu’un pauvre type perdu dans la vague nauséabonde qui constituait Cassandre et se contentait lâchement de se laisser porter par les événements.

Rabelais se sentait lâche, fourbe, malhonnête, vis à vis de lui et vis à vis des autres. Et son intégrité en souffrait plus qu’il ne voulait bien l’admettre. Mais à chaque fois qu’il tentait de s’extraire de tout ça, lorsqu’enfin il parvenait à se saisir de la bouée et sortir la tête hors de l’eau, tout de suite il était à nouveau submergé par une nouvelle vague, et l’air qu’il avait sentie dans ses sinus pendant quelques tristes secondes redevenaient cette eau sale, boueuse, pleine d’immondices et, à nouveau, Rabelais s’asphyxiait en battant inutilement des bras, comme un chiot qui se noie.

Et Dieu, dans tout ça. Où pouvait bien être Dieu dans cette citée régit par un être aussi étrange que Noctem ? Cassandre était percluse d’une magie nauséabonde qui imprégnait chaque cavité des âmes qui y croissaient. Rabelais avait conscience d’être mort une fois, et son nouveau milieu de vie l’obligeait à remettre en cause beaucoup d’éléments qu’il pensait plus ou moins acquis.

Alors il se sentait hypocrite et pensait sérieusement à troquer la robe pour redevenir n’importe qui. Il regretterait sa cave, mais plus le temps passait et plus il voyait en cet acte une alternative pour retrouver des reperds stables. Tout se confondait, au fond. Il ne savait plus où il mettait les pieds. Il ne savait plus que se prendre la tête à deux mains et fermer les yeux pour faire disparaître cette ville qui l’étouffait dans ses entrailles sans parvenir à le digérer totalement. Rabelais s’essoufflait à se débattre sans cesse, mais sa nature l’obligeait à ne jamais s’avouer vaincu.

Léon était une nouvelle épreuve. Et tandis qu’il regarde autours de lui avec un l’air de celui qui sait sa proie prise au piège, Rabelais comprend. L’auguste empereur s’imagine déjà propriétaire du lieu. Il fixe les murs en imaginant certainement s’épanouir dessus une décoration plus à son goût. Rabelais s’en amuse.

- Quelle question, pardonne moi ? » Interroge t-il le plus innocemment du monde. C’est un duel qui s’engage entre eux. Un affrontement qu’on jugerait bien inégale entre le seigneur de la cruauté et l’humaniste pacifiste. Rabelais n’a pour lui que les mots et son intelligence. Néron a pour lui sa maîtrise presque artistique du chantage. Et tandis que Rabelais le dévisage, figé près de son piteux autel, il ne peut s’empêcher de sentir en lui la crainte de la défaite.

De toutes façons, Rabelais ne peut s’empêcher de jouer l’imbécile. Au fond il sait : c’est tellement plus facile. Une esquive prompte et efficace. On ne discute pas avec les idiots. Quel dommage qu’il ne puisse lire dans les yeux de Léon cette certitude qu’il n’en vaut pas la peine. Il sait, lui, ce que vaut le prêtre, et le voilà qui regrette qu’on le prenne au sérieux.

- Ce sont les fonctions que se doivent traditionnellement de remplir une église, mon fils. » Lâche Rabelais d’un ton égal, les traits figés, ce même sourire atrocement faux collé sur les lèvres, qui parle pour lui, traduit sa pensée plus sûrement que les piètres mots qui s’acheminent dans sa gorge et lui intiment de congédier Léon Gaïus. « Mais il est vrai que certains en feraient plus volontiers le musée de leur grandes ambitions. »

Rabelais plonge ses yeux dans ceux de Léon et frémit intérieurement. Il a une grande gueule, Rabelais, pourtant son corps entier refuse de bouger. Comme si faire un geste pouvait éveiller en Léon un désir de destruction plus grand encore. Confusément, l’humaniste à peur.

- Les hommes ne sont jamais à l’abri d’un jugement dicté par leurs sentiments. C’est ce qui arriva à Charles De Jancourt lorsqu’on le condamna à soixante ans de prison sur le motif que certains de ses gestes avaient été diagnostiqués comme relevant d’un trouble du comportement alors qu’il ne s’agissait en fait que de tics allergiques dû à quelques particules de l’air, n’est ce pas ? Cette histoire est récente et je m’en voudrais d’agir sur quelques aprioris injustement établis. » Rabelais suit le regard de Léon qui se pose sur l’espèce de piano (je déconne) sur l’orgue en surplomb et il imagine tout de suite ce que le grand roux désirerait à cet instant. Un chant funeste s’accordant au massacre qu’il s’apprête à mettre en œuvre. Rabelais pâlit imperceptiblement. « Je n’ai jamais fais que servir les hommes, mon fils, dans la paix et la justice qu’il m’était possible de rendre. Je suis doté de pauvres moyens, et je ne suis pas grand chose à Cassandre, mais j’estime avoir toujours fais preuve au mieux d’objectivité et de discernement. » Une ambiguïté de conséquence, donc.

 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty30.06.12 20:23

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« Et que vous montrent-ils qui ne vous avertisse
Qu'il faut qu'on me respecte et que l'on m'obéisse ? »

Une discussion de sourd. Voilà ce à quoi tu participes, Néron.
Vous avez chacun décidé de jouer au plus malin, à celui qui caserait le plus de sous-entendus en ayant l’air plus moins antipathique possible. Il n’est nullement question de répondre aux interrogations de l’adversaire, le but est au contraire de les esquiver avec une illusion d’agilité. Peu de gens seraient dupes à votre jeu, et vous-même savaient parfaitement ce que sous-entend l’autre. Tu lui es parfaitement détestable, et cela peut se ressentir dans le moindre de ses traits, de ce sourire figé dans l’hypocrisie. Tu rêves de son pouvoir, de l’emprise qu’il possède sur ces immondices de croyants. Tu ne souhaites pas prendre sa place. Rabelais ne sait pas encore ton objectif. Il ne sait pas où tu mènes cette discussion. Ou peut-être ne veut -il pas l’admettre. Tu es au courant, Néron, parfaitement au courant du secret de l’ancien humaniste.

Rabelais vient de le comprendre. Il g arde son self contrôle. Tu te délectes de ses mots, de ses efforts pour sauver les apparences, et jouer au « je ne vois pas ce que vous voulez dire, mais au fond je le sais très bien et je vous le fais passer par des sous-entendus. » Il doit te craindre, en cet instant. Toi, tu restes figé dans le marbre. Un grand sérieux, un calme à tout épreuve et tes yeux qui fixent toujours le prêtre. Tes mains quittent tes poches pour tomber mollement de part et d’autre de ton torse. Et tu montes la première marche, tranquillement. C’est ainsi que ton ascension débute, Néron. Le pouvoir de l’Eglise sera bientôt tien, tandis qu’il t’était autrefois si abject que tu te refusais à simplement considérer son existence.

« Il ne m’est pas étonnant que certains désirent en faire un lieu de plus grande importance. Il existe dans cette ville quelques esprits désireux de plus de pouvoir, et prêts à de nombreuses choses pour arriver à ce qu’ils souhaitent. » Tu parles de manière posée, presque rythmée comme si tu t’amusais à réciter un de ces Spleen. « J’espère que vous ne vous sentez pas menacé, mon père. »

Cela t’amuse, de lui rappeler son métier de prêtre, de père et de guide spirituel à chacune de tes phrases. Rabelais doit être un homme bon. Il était connu pour sa foi dans l’être humain dans ces temps reculés du XVIème, et cette bienfaisance. Ici, il essaie de coller à ce rôle, cette étiquette que les gens de Cassandre lui ont administrée dès le début. Mais Rabelais n’est pas une telle personne. Tu le sais, Néron, quand tu le regardes faire la messe. Les sourires hypocrites, les réponses qui se veulent pleines de bonté et qui cachent des sous-entendus mesquins et méprisants qu’il ne peut retenir. Il les méprise, mais il ne peut l’avouer, cela causerait trop grand tort.

Pauvre petit Rabelais. Tu n’aimerais pas être à sa place. Obligé de se fondre dans un costume moyenâgeux qui ne lui convient malheureusement plus depuis longtemps. Et toi, Néron, tu comptes prolonger sa souffrance, aggraver ce pêché de ne pas aimer l’être humain comme son soi-disant Créateur voudrait qu’il le fasse. Tu as amené le sujet sur la table. Il a tenté une esquive, il a détourné le propos et a minimisé sa surprise face à ton inattendu sous-entendu.

Ce n’est pas assez, Monsieur le prêtre. Vous ne pensez pas le vaincre avec des paroles aussi éloignées de la réalité. Néron sait, vous ne pouvez plus nier.

« Vous savez, mon père, les personnes se justifiant sont souvent celles qui ont une chose à se reprocher. Je me demande bien qu’elle peut être votre faute. » Ton regard un instant passe du prêtre à la figure du Christ derrière. Ta teinte de voix se fait presque compatissante. Tu le sais. Et tu sais qu’il sait que tu sais. Mais continuons donc ce petit jeu du chat et de la souris. « Mépriser les hommes n’en est pas une. C’est une pensée pleine de bon sens même. » Légère pause, ton regarde se pose à nouveau sur lui. « Cependant, mentir et affirmer publiquement le contraire est bien plus grave, mon père. Êtes-vous donc de ceux qui croient que Dieu pardonne tout, ou vous savez-vous déjà condamné ? »

Tu affirmes. Rabelais n’aime pas les hommes. Il n’y a aucune marque d’hésitation dans ta voix, et ton regard vient appuyer cette certitude. « Ne cherchez pas à nier, mon père. » Tu n’as pas besoin de le dire. Après tout, tu n’aimes pas parler pour rien.

« Aimez-vous cet endroit, mon père ? »

Et cette fois, tu ne parles pas que de l’Eglise, Néron.
 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty01.07.12 1:26

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Un frugal entretien

Menacé n’est pas le terme exacte. Rabelais sent simplement flotter autours de lui, s’insinuer délicatement dans son âme et se poser tel un doux voile de soie sur son cœur le trouble, la certitude diffuse, la conviction fantomatique que Néron lui veut du mal. Il pensait s’être toujours bien préservé des dangerosités de Cassandre. S’il avait la connaissance de nombreux pêchés commis par les quidams qui prenaient le temps de venir en rendre grâce à Dieu par son modeste intermédiaire, François faisait toujours son possible pour ne pas s’impliquer dans les situations mouvantes de ses clients. François est tel Panurge. Il glisse un sarcasme bien pesé au travers d’une phrase innocente, et fuis rapidement pour éviter les coups, car il craint la violence autant qu’on puisse venir troubler sa paix.

Néron en face de lui prends plaisir à le pousser dans ses retranchements. Rabelais s’interroge. Comment un homme n’ayant assisté qu’à quelques messes peut en savoir autant sur lui ? Sur ce qu’il dissimule au fond de lui. Quelque chose de si honteux qu’il ne peut lui même se l’avouer. Une gangrène qui rampe lentement sur son cœur, l’entame petit à petit. Il combat cette perfidie tout en ayant conscience qu’il ne pourra tenir éternellement. Néron sait. Comment ? Rabelais l’ignore. Et ça lui fait peur. Serait il possible qu’il laisse transparaître si fort son animosité, son hypocrisie serait elle si mal maîtrisée ? L’aurait-il surprit dans l’une de ces situations qu’il tente avec rigueur d’effacer de son esprit ? Néron est perfide, et Rabelais le sait.

Néron ouvre la bouche, et une si belle définition qui se laisse facilement exprimer frappe les oreilles du prêtre. L’empereur se dénonce, et les seuls témoins n’en sont que les misérables vitraux qui étalent dignement leurs couleurs, traversés par la lumière, sur la pierre glacée de l’église. Glacé comme l’air. Rabelais frémit.

- Fabuleux aveux, Léon Gaïs », lâche Rabelais entre ses dents serrées. Ses doigts lui font mal, le sang ne circule plus nul part dans son bras tendu au maximum, raidit jusque dans les vertèbres. Il me semble malheureusement que Noctem Fabula n’a pas pour habitude de partager. Une phrase qui manque de s’échapper, de fuire sa pensée. Il sert la mâchoire en imaginant les conséquences de cet acte aurait pu engendrer. Une surveillance constante. Et Néron, le maître chanteur. Mais il sait déjà. « Je dois, je suppose ? Certains signes ne trompent pas, n’est ce pas ? Je m’interroge encore sur la conduite à tenir. Ton comportement est ambigu. »

Si seulement il n’avait pas trouvé cette tranche de pain, peut être serait il parti plus vite. Si seulement il avait réagit au moment où son sixième sens lui disait de fuir, peut être aurait il eu le temps d’éviter Néron. Si seulement…

Il insiste. « Mon père ». Cela résonne comme une invocation aux oreilles de Rabelais. Ca grince, ça crisse, ça gémit comme un gond rouillé. Il déteste qu’on l’appelle comme ça, s’en est presque viscérale. Et Néron qui insiste, qui appuie, qui fait exprès de l’ajouter à la fin de toutes ses phrases. Rabelais l’entend comme une sentence, un reproche, une dénonciation.

Il monte lentement les escaliers. Tout en lui révulse le prêtre. Sa démarche assurée, son être criant de narcissisme. Il étouffe l’espace qu’il occupe, en aspire tout l’oxygène. Son sarcasme résonne comme si on frottait deux morceaux de fer l’un contre l’autre. Rabelais se sent oppressé, étouffé à nouveau. Son corps ankylosé lui lance de douloureux appelles. Son bras se délie. Enfin, il se tourne légèrement, prêt à reculer, et suspend son geste à la dernière seconde. Non. Il ne reculera pas devant Néron. Il ne lui fera pas ce plaisir.

- Ma faute, ma faute... » Il sourit, tente de retrouver ce masque que Néron lui a arraché en quelques gestes surs, mais ne parvient qu’à simuler un nouveau sourire hypocrite. « Je n’attends de Dieu pas plus qu’il ne peut t’accorder à toi. C’est à dire peu. Mais tu te fourvoies, Léon Gaïus. Je ne sais ce qui t’as conduit à un tel raisonnement mais ta conclusion est erronée. »

Rabelais sent le sable s’enfoncer lentement sous ses pieds, emprisonner ses chevilles. Bientôt ses reins. Il donnerait tout pour que cet entretient prenne fin dans la minute. Ne pas en discerner l’issue lui est insupportable, et l’ultime question de Néron laisse en lui un vide et un froid abyssal. Qui est Néron ? Que lui veut il ? Il craint le pouvoir que l’empereur étend lentement sur lui. Parce qu’il sait, imperceptiblement, que le piège se referme et qu’il n’aurait rien pu faire pour l’éviter. Il comprend très vite que Néron va poser sur lui son pouvoir et le maintenir enfermé, à son service, détenteur de la vérité sur lui. Rabelais lui même ne sait pour quelle raison il ne parvient à assumer les changements qui opèrent en lui. C’est tout simplement au dessus de ses forces. Il ne peut pas haïr autant, il le sait. Et pourtant.

Et Néron qui l’assomme avec justesse en lui glissant sous le nez ses fautes ignobles.

Il ne répondra pas. Il n’a pas à répondre. Il n’a aucune raison de craindre Néron, puisque Néron ment.

- Que me veux tu, Léon Gaïus ? A quoi cette intrusion est-elle censée aboutir ? Parle promptement, j’ai à faire. »

Tu parles.


 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty02.07.12 21:40

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« Et que vous montrent-ils qui ne vous avertisse
Qu'il faut qu'on me respecte et que l'on m'obéisse ? »

Rabelais t’intrigue. Bien sûr, tu sais déjà de nombreuses choses sur sa personne. Sa biographie et ses quelques œuvres n’ont pas échappé à ton esprit curieux qui s’est empressé de dévorer tout ce qu’il pouvait trouver. Ce n’était pas assez. Tu as beau donner une importance considérable aux dires et apports historiques des livres, cela reste la théorie. De plus, tu as connu de cette manière exclusivement le premier Rabelais. Le bon vivant, l’humaniste, l’humoriste qui cachait sous ses récits grotesques une vive critique de l’enseignement scolastique et autres bêtises religieuses qui rendaient les gens encore plus ignorants si c’est possible. Tu ne savais pas grand-chose du nouveau Rabelais la première fois que tu l’as vu. A vrai dire, il ressemblait beaucoup à celui décrit dans les ouvrages parcourus, tandis qu’il s’était ici reconverti en homme d’Eglise. Il menait une nouvelle quête vaine et insensée à ton gout. Maintenant qu’il ne cherchait plus désespérément à rendre le peuple un peu plus cultivé, il se faisait le porte-parole de Dieu. Pour toi, cet homme t’apparaissait déjà comme courant après le dérisoire et l’absurde.

C’est en daignant assister à la messe et aux sermons du prêtre que tu as compris le changement. Un changement subtil, invisible à l’œil nu et inattentif de la populace de Cassandre, qui croit en la bonté de ce bienfaiteur. Tu l’as étudié, analysé. Tu l’as vu interagir avec l’homme. Tu as compris. Il les déteste. Il ne le montre pas, mais il les hait, tous. Tu t’es senti proche de lui, un bref instant. Obligés de cacher votre mépris de l’humanité au profit d’une stabilité dans la société. L’hypocrisie vous guide, mais ne vous contrôle pas. Chassez le naturel, il revient au galop. Rabelais n’en est pas différent. Ses paroles se font plus acides qu’elles ne le devraient, sa nonchalance trahit parfois son dédain envers sa profession. Rabelais n’est pas au service de Dieu, tu ne sais même pas s’il y croit vraiment.

Aujourd’hui, tu lui permets tout simplement de revêtir sa véritable identité. Qu’il puisse extérioriser sa haine, tant que tu es le seul témoin.

« Vous n’avez pas à vous sentir menacé, mon père. Noctem vous protège… Tant que vous lui obéissez, il en va de soi. »


Tu es connu pour être proche de Noctem, si proche qu’on te penserait même son conseiller. Au fond, obéir à Noctem ne revient-il donc pas à obéir à toi ? Cette soumission te convient parfaitement. Ainsi tu n’as pas à porter le poids d’un Empire et les menaces de ceux qui le convoitent, mais ils s’agenouillent de la même manière. Tu n’aurais pu rêver meilleure position. C’est pourquoi tu n’as jamais désiré la place que Noctem occupait, contrairement à ce que souhaitait ta folle de génitrice, Agrippine. De plus, cela te permet de rester dans la neutralité, et de te doter « d’amis » dans les deux camps.

Tu montes une autre marche, continuant de fixer le prêtre. Tu sens son hésitation, le retrait qu’il voudrait obtempérer sans réussir. Il te fixe de la manière la plus antipathique possible. Il te hait, il te le montre, que cela doit le soulager. Toi, tu te contentes de cet habituel air calme, confiant et déterminé. Un léger sourire, tirant sur le narquois, vient s’ajouter, pour montrer l’immense amusement que tu tires de toute cette comédie. Ce jeu est exquis.

« Dieu n’a rien à m’accorder, je ne lui demande pas le pardon. » Légère pause. « Votre mépris n’est pas un pêché, mon père. Cela doit vous soulager de pouvoir la libérer ainsi devant moi, sans craindre qu’un autre comprenne votre grand mensonge. »

Tes paroles raisonnent étrangement dans cette immense Eglise. Elle te parait vide, à cet instant, vidé complètement de son sens grâce à cet homme qui comprend peu à peu vers quel chemin tu le mènes, sans jamais pouvoir voir la fin. Il n’est plus question de bondieuserie ou autre connerie chrétienne. Ton sourire s’élargit légèrement. Il est franc, comparé à celui de ton adversaire, et rempli de cette arrogance tapie au fond de ton être. Tu ne le montres pas ouvertement, mais cet affrontement te permet aussi de révéler ce que tu dois continuellement cacher. Les souvenirs de l’Empire affluent. Et tu vois ton Antique Rome brûler sous tes yeux, avec cet immense sourire satisfait plaqué sur le visage. Tu donnerais beaucoup pour pouvoir un jour le montrer à nouveau.

« Oh ? Vous ne m’aviez pourtant pas fait l’impression d’un homme occupé. Serait-ce une personne attendue pour se confesser à vous ? » Tu appuies le mot « confesser » de ce sourire insupportable ornant ton visage.
 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty18.07.12 19:46

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Un frugal entretien

Le dérisoire et l’absurde charriaient une odeur saine. Quelque chose d’inconsciemment normal. Deux thématiques qui s’étalaient dans sa vie, s’acheminaient au sein de son parcourt comme si elles avaient toujours été là, comme si une place, infime, belle, et en un sens grandiose, leur avait toujours été réservée. Rabelais ne se targuait d’aucun orgueil. Il ne se pensait au dessus de rien. Il savait son jugement clair et sur, mais étouffé par la mondanité de Cassandre qui ne lui parlait plus. Il savait où se trouvait le dérisoire, où gisait l’absurde, et percevait, exposé dans une sublime lumière, les deux entités s’étaler lourdement, laissant échapper leur graisse partout autours d’elles, dans un duo monstrueux de fin du monde. Et presque, le prêtre se serait targué de leur avoir offert le gîte au sein de son église. En riant, il affirmait poursuivre un but unique : celui qui n’a pas de sens, qui ne le mènera nul part. A tous, il clamait arpenter des routes sans queue ni tête, sur lesquelles la vérité n’avait pas prise et dont les faussets étaient perclus d’une immondice si microscopique qu’on ne pouvait y faire attention.

Ces routes étaient l’absurde, ces faussets le dérisoire, et ces immondices le peuple de Cassandre.

Et personne ne comprenait que sous ses éclats de rire et ses métaphores voilées, François Rabelais crachait sa haine, régurgitait son poison avec tout le mépris qui florissait en son âme depuis qu’on l’avait arraché à son paisible repos. Parce qu’il tentait de prendre exemple sur celui qu’il avait été, il ne comprenait pas ce qu’il était devenu. Parce qu’il s’estimait juste et bon, les mauvais sentiments qui gangrenait son âme, emprisonnées dans une cage d’ossement comme des chiens, ceux là rongeaient leur barreaux avec rage en attendant l’heure où ils pourraient faire exploser leur hargne, que la captivité faisait grandir de jour en jour.

Rabelais ne comprenait pas qu’il lui suffisait d’accepter d’être lui, le nouveau lui, pour que cette haine et ce mépris deviennent une partie de son caractère autrement gérable. Il se faisait vivre comme une sorte de diète forcée qui ne rendait que plus vivace son manque vital de dire au monde ce qu’il était réellement. Pour lui, le temps n’était peut être plus totalement à l’humour. Le sarcasme montrait son nez, le cynisme se glissait contre sa nuque, et il les repoussait sans cesse en se disant que la franchise était une arme inégale face à des êtres aussi fragiles que ceux qui constituent l’espèce humaine.

Il avait tord, bien entendu.

Cependant Rabelais n’agissait pas pour préserver sa place. Il n’avait en son âme qu’un besoins viscérale et inexplicable de se cantonner à une image que l’histoire lui imposait. Il ne pouvait rien contre cette nature étrange et violente qui le pliait à ressentir le besoin d’être quelqu’un qu’il ne pourrait être. Rabelais vivait un paradoxe constant qui lui faisait tourner la tête, craquer les os et lui compressait le cerveau avec tant de mal parfois qu’il pensait devenir fou. S’il n’avait été certains repères qu’il préservait avec fermeté, c’est à dire entre autre Dumas et son analyse naturelle des choses qui lui donnaient le pouvoir d’avoir l’esprit stable malgré tout, l’humaniste se serait certainement contenté de s’enfermer au fond de sa cave et d’y passer le reste de ses jours. Malheureusement pour lui, il avait encore l’esprit trop clair, comprenait encore trop de choses pour se cantonner à une fuite si misérable.

- Bien entendu, » lâche t-il avec cet éternel sourire, empreint de douceur qu’une lueur moqueuse vient écraser par le mensonge. « Noctem est un grand homme qui fait l’Histoire à sa manière. Il décide du destin de chacun et nous lui sommes grès des efforts qu’il fait pour nous rendre la vie saine et faire revivre les grandes œuvres que nous avons crée. Jésus fut ressuscité et nous avons à nous sentir honoré de l’opportunité qui nous est faite de pouvoir nous élever près de lui, nous, pauvres mortels que nous sommes. »

Que de questions pose alors Rabelais. Dans ses paroles transparaissent son déni si total d’un Dieu à présent. Noctem le remplace, cela lui semble admis, mais le sarcasme voilé sous son ton docte et bien pensant de père chrétien avisé permet certains doutes. Rabelais pense t-il vraiment ce qu’il dit ? Il est assez connu pour ses critiques détournées pour qu’on en doute sérieusement. Il accepte avec résignation le jeu que Néron lui impose, mais ne laissera filtrer que des doubles sens. Que l’Empereur pense ce qu’il souhaite. Le prêtre se suffit de cette situation ambiguë.

- N’est ce pas, Léon Gaïus ? » Lentement, il pose une main sur le pendentif christique qui pend à son cou. « Croies-tu en Dieu, mon fils ? » Visiblement non. « Il nous a doté à la naissance d’une conscience morale, une de celle qui nous permet de définir le bien du mal, et je m’obstine à mépriser uniquement ceux que je considère emprunter la mauvaise route sans espérer de rédemption. Entre nous, soyons honnêtes, je ne suis pas apte à guider ceux qui refusent de l’être aussi totalement que toi. Ta suffisance excite ta certitude d’agir au mieux, c’est à dire pour ton propre profit. » Rabelais se tait, les coins de ses lèvres obstinément rabattus vers le sol à présent, l’œil brillant et le menton levé, comme une défi lancé à Néron qui se tient la dans toute l’estime qu’il a du lui et qui lui suffit amplement. Au fond, Rabelais sait qu’il ment misérablement. L’égoïsme de Néron lui semble justifié, et il en fait autant à sa manière. Mais sa situation est bien pire car il se cache, lui, sous des volants de savoir vivre et de bonne parole dont il renie le moindre fondement. Un tic agite son œil et il détourne le regard, incapable de supporter plus longtemps ce que Néron lui clame : la vérité sur lui même, qui le dégoûte. Et dans un son rauque, craché au sein d’une église qui résonne de toute sa sainteté, François Rabelais assène ces quelques mots réveillés en lui par la brusque intrusion de Néron et qui sonnent comme un arrêt définitif : « Je ne confesse plus. »




 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty19.07.12 22:07

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« Et que vous montrent-ils qui ne vous avertisse
Qu'il faut qu'on me respecte et que l'on m'obéisse ? »

Le sourd, encore et toujours. Cette conversation qui tourne, s’allonge, prend des formes diverses et variées, sans jamais sembler vouloir se finir. Chacun décide d’ignorer les interrogations de l’autre, ou vient y répondre de manière outrageusement sous-entendue. Dans cette Eglise ne résonnent que tes paroles emplies de double-sens, de sarcasme et de cynisme. Les sourires sont faux, les gestes minimalisés. L’un attend le prochain mouvement de l’autre, la prochaine attaque à laquelle il faudra répondre avec attention, en pesant chacun de ses mots. Il règne en ce lieu saint l’odeur du dégoutant, du perfide et de l’hypocrisie. Tout ce que tu touches devient malsain, Néron. L’endroit dans lequel tu as mis les pieds n’y fait pas exception. Tu le souilles de tes mots, tu l’enduis de ton venin. Mais au fond, tu sais que Rabelais est passé avant toi, et que ce que tu fais à présent, il l’a fait de nombreuses fois avec la populace de Cassandre. Ce lieu n’est pas plus sain que la benne à ordures à la sortie de la ville.
Vous vous regardez en chien de faïence. Vos dires viennent déterminer votre puissance sur l’autre. C’est un jeu, le jeu de la rhétorique. Un jeu qui vient de ton peuple Néron, et que tu t’es amusé tant de fois à mettre en pratique. Tes conseillers, tes prisonniers, et même les chrétiens qui allaient prochainement brûler devant tes yeux y passaient. La quasi-totalité de ton entourage ne t’égalait pas dans cet art. Beaucoup de langues de bois sans aucune finesse et assez peu de culture pour se doter d’une répartie à peu près intéressante. Rabelais t’apparait ici comme une challenge, un renouveau qui excite te esprit, traverse ton corps d’un frisson de plaisir. Pourquoi n’était-il pas à tes côtés du temps de ton Antique Rome ? Non. Le connaissant, il n’aurait fait qu’aider Galba et Othon à te renverser. Tu n’aurais jamais eu confiance en lui, et le donner aux lions aurait été la plus intelligente des solutions.

Tu as cru devenir fou plus d’une fois dans cette ville, Néron. Ne pas pouvoir montrer aux gens ton vrai visage, ton sourire et ton sadisme apparent, cela t’a paru impossible à faire plus d’une fois. Tu ne comprends pas toujours comment tu as fait, plus jeune, pour te contrôler. Sans ta « chère » mère, tu n’en aurais pas eu les capacités, il n’en fait aucun doute. C’est peut-être la seule chose que tu lui dois vraiment. Et aujourd’hui, tu te permets de laisser entrevoir ta véritable apparence à Rabelais. Tu te le permets, parce que tu souhaites jouer sur un semblant de pied d’égalité. Ce ne serait point juste que tu saches tout de sa haine secrète, tandis qu’il ne voit toujours en toi que cet étudiant calme mais certes ambitieux.

« Il serait difficile de nous comparer à une entité telle que Jésus. »
Ce nom dans ta bouche te donne envie de vomir, mais tu n’affiches rien. « Mais, je trouve cela parfaitement sensé que vous placiez Noctem au même rang que Dieu occupe dans le religion chrétienne. Cela me semble cette fois une comparaison tout à fait justifiée et amplement méritée, si je puis dire. Si vous pensez réellement une telle chose, il ne va pas sans dire que vous n’avez absolument rien à craindre pour votre avenir et l’avenir de ce lieu saint, mon honorable père. »

Il est difficile pour toi de croire totalement que Rabelais croit ce qu’il dit. Au fond, tu t’en moques éperdument. Il est déjà condamné à tes yeux, ses croyances et sa foi en Noctem ne feront rien pencher à la balance. Tu le trouves juste amusant, et intelligent de ne pas dévoiler ses opinions au grand jour, si elles vont à l’encontre de la politique établie par Noctem dans cette ville.
Tu n’as pas pénétré dans ces lieux pour savoir si Rabelais respectait l’entité supérieure de Cassandre, Néron. Tu souhaites quelque chose de bien plus matérielle que le prêtre te donnera, avec ou sans la contrainte du chantage.

« Je ne crois, mon père, qu’en ce que l’homme a pu prouver par sa grande intelligence. » Ils sont tous stupides pour toi. « Dieu relève d’un ressort tout autre auquel je ne peux malheureusement pas me confronter. » Un léger rire traverse tes lèvres à ces derniers mots, et tes yeux s’agrandissent légèrement, devenant d’autant plus menaçants. « Il s’agit là d’une grave accusation que vous faites à mon encontre, mon père. Oser prétendre que je ne suis là que pour mon profit, alors que mes actions sont guidées par la seule idée de combler Noctem, il est peu sage de dire de telles choses en ma présence. » Ton sourire s’agrandit. « …Mais je vous pardonne, mon père. Vous n’avez pas pu retenir cette haine plus longtemps, et votre langue a fourché sans que vous ne le désiriez. Je sais que taire sa véritable nature et mépris est difficile. Je ne vous conseille cependant pas de recommencer en ma présence. »

Tu décides de grimper l’avant-dernière marche qui te mène au prêtre, tandis que celui-ci ne peut plus soutenir ta vue. Tes mains ont à présent enserré sa gorge, tu sens son souffle qui s’amenuise peu à peu. Tu as donné beaucoup pour sentir à nouveau ce frisson d’excitation qui parcourait ton corps lorsque tu donnais la sentence du temps de ton règne. Ce frisson vient de te parcourir.

« Oh ? Cela est bien dommage. Les confessions d’aujourd’hui ont-elles étaient intéressantes ? Je me demande si j’aurais le courage de ne pas hurler ma haine devant le défilé du pathétique auquel vous assistez tous les jours, mon père. » Tu sors alors ton ton faussement compatissant, qui suinte le double sens et l’hypocrisie. « Cela doit être difficile, j’imagine bien, que vous ne puissiez pas vous reposer sur une tierce personne pour rire des malheurs de ces pauvres gens que vous méprisez. »

Vous pouvez vous reposer sur lui, mon prêtre, si vous le désirez. Néron le Superbe n’attend que cela, que vous partagiez ces inintéressantes confessions avec lui.
 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty22.07.12 21:56

Spoiler:

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L’église datait du XIIeme siècle, c’est ce que Rabelais aimait à se dire. C’était bien entendu impossible, puisque Cassandre était exempt de toute relation historique concrète avec le réel. Elle ne vivait que pour et par elle même, au delà du temps et de l’espace qu’avait jadis connu notre bon porte soutane. Alors il tâchait tant bien que mal d’inventer une histoire à ce lieu tragique, comme pour se donner une ligne de conduite capable d’orienter sa vie. Il se sentait plus à l’aise ainsi, voilà tout. Imaginez combien il était étrange de grandir au sein d’une ville dont toute la population ignorait l’évolution. Rabelais avait interrogé des gens, pour alimenter son propre savoir, et si en effet des hommes naissaient et vieillissaient, peu de ces histoires semblaient se recouper. Toutes se croisaient, se côtoyaient mais jamais ne bâtissaient en prévision du futur. Ce qui, naturellement, l’empêchait d’avoir une histoire.

Certes, il était déjà peu évident pour l’ancien Rabelais d’imaginer certains éléments de la vie comme ayant le statue de patrimoine puisqu’il n’avait vécu alors qu’à un siècle où l’Histoire de l’Art était très peu de chose, un grain de sable au milieux d’un désert dont personne n’avait encore remarqué l’excentricité… Mais cette ville percluse de frontières invisibles, cette cage dont personne ne pouvait s’extraire, sortie de nulle part comme un champignon toxique… Cette absence de passé, de logique dans l’existence de cet urbanisme mystérieux rendait Rabelais nerveux. Il tâchait ne pas y penser, souffrant d’un besoin croissant de s’échapper. Il en devenait claustrophobe. Par ailleurs, il avait noté que le phénomène faisait croître son poison majoritairement au creux du cœur des grands personnages de l’Histoire ressuscités. Comme si leur simple présence et leur souffrance suffisait à modeler un passé à la ville cosmopolite de Cassandre.

Il dévisage Néron. La quête que poursuit Rabelais n’est peut être pas moins absurde que la sienne, finalement. Que désires t-il ? Assoir sa suprématie sur une ville sans passé ni futur ? Une ville seulement régie par les désirs impies d’un Noctem fuyant, que si peu de personnes a vu… Rabelais se sent emprisonné au sein d’un camp, entouré de fils de fers barbelés, patientant en grelottant que le pouvoir dictatorial donne l’ordre d’extermination. Et Néron, au milieu de ça, rit aux éclats, frappé d’une démence qui lui fait penser que tout savoir lui donnera le contrôle. Il faut bien se donner un but, songe Rabelais en esquissant une moue presque empreinte de pitié. Pauvre petit Néron, que crois tu que ta méchanceté te donne ? Où imagines tu que ton ambition te conduira ? Cassandre n’est qu’une vaste absurdité, et toi, si sur qu’elle ne t’atteint pas.

Mais elle glisse ses tentacules dans tous les interstices, plonge ses épines dans toutes les chaires, bonnes ou mauvaises. Mais qui sait ? Et si Néron pouvait renverser Noctem ? Qu’adviendrait-il alors ? La ville disparaîtrait-elle ? Un nouvel Ordre serait il établi ?

Parfois, Rabelais en venait même à se demander si Noctem était possiblement détrônable. Sa puissance et sa place le rendaient presque invincible aux yeux d’une population routinière qui semblaient lui donner le grade d’intouchable.

Noctem saignait-il ? Telle était la question.

Toujours est il que si Cassandre n’avait pas d’Histoire le prêtre avait bien conscience d’être en train de créer quelque chose. La discussion qui s’était engagé, le duel plutôt, avec Léon Gaïus charriait une odeur de changement. Mais l’humaniste ne pouvait ignorer la délicate fragrance de moisissure qui se glissait nonchalamment partout où l’air du temps n’était pas assez vigilent pour l’en chasser. Les fondations Historique de Cassandre allaient s’encrer en partie la, dans la pierre, au pied de cet autel minable, sous ces vitraux criards, et personne ne se méfiait encore. Personne hormis François Rabelais dont les choix et les réponses allaient sans doute déterminer la direction du fil de l’Histoire. Ou du moins d’une de ses faces, ce qui était déjà pas mal, à son sens.

- Je n’ai strictement rien n’a craindre, » affirma Rabelais avec un délicat sourire forcé scotché sur les lèvres. Visiblement, Néron semblait se donner un plaisir malin à éclaircir chaque sou entendu que proférait le prêtre, comme si cela pouvait par un heureux et hasardeux miracle clarifier toute la situation. Il n’en était pas grand chose, en vérité. Néron se plaisait à ne mettre en relief que ce qui l’arrangeait vraiment. Il matraquait sans aucune finesse ce que Rabelais avait peut être peur d’avouer et dissimulait tant bien que mal sous ses doubles sens. Mais Néron se trompait. S’il y avait bien une chose que Rabelais ne craindrait pas, c’est de dire ce qu’il pensait réellement de Noctem. Mais tout cela devait attendre le moment propice et l’humaniste ne désirait pas pour autant voir ses efforts gâchés par un peu trop d’empressement face à un homme ne mauvaise essence. Il n’était ni assez bête ni assez désespéré.

La proximité qui s’est établie entre lui et Néron le gêne. Lentement, il recule, en cherchant activement au fond de son crâne un prétexte pour se désister. Il ne trouve que trois piètres cierges à redresser au fond d’une gamelle en étain disposée près des bancs près des escaliers. D’un doigt appliqué, il entreprend de gratter une goutte de cire disgracieuse tombée sur le morceau de taffetas qui décore l’ensemble. Les paroles de Néron le frappent alors qu’il lui tourne délibérément le dos, comme pour se prouver qu’il est capable de faire fi de ce grand type qui suinte l’antipathie. Brutalement, un besoin de lui prouver qu’il n’a pas peur le traverse. Un sentiment d’irritation qui prend racine dans ses tripes le fait se retourner avec violence, manquant de renverser les cierges qui vacillent dans son dos. Il fixe Néron, les lèvres serrés et le regard perçant, chargé d’une haine féroce. « Ma langue n’a pas fourchée, Léon Gaïus, et je n’ai peur ni de toi, ni des conséquences de mes actes que j’assume pleinement. » En quelques enjambés, il grimpe à nouveau jusqu’à l’autel et plante familièrement son doigt sur le torse du garçon, plein d’une grande détermination courageusement outrée. « D’accord pour l’hypocrisie, mais ne me prend surtout pas pour un crétin. » Achève Rabelais. Il se redresse, rigide comme un piquet sur un silence de circonstances qui tente de lui rappeler qui commande ici. Il l’ignore en adressant à Néron un nouveau regard plein de défiance. Il le craint, bien sur. Mais son orgueil violente sa raison pour qu’il ne se manque pas de respect. Alors il reste là, et il écoute couler une larme froide le long de sa nuque tandis que l’empereur frémis de plaisir. Du plaisir malsain, outrageant, salissant qu’il ressent à l’acculer lentement. Il lui a délicatement mordu la jugulaire. Il la sert doucement entre ses crocs, laisse perler le sang sur sa langue qui se déroule silencieusement et lèche l’hémoglobine qui s’échappe de la plaie. Il aspire sa vie, lentement. Il pousse négligemment Rabelais à genoux, l’entrave d’un geste pervers. La lèvre du prêtre tremble de rage alors qu’il affronte encore la force cruelle de son bourreau. « Non. » Sa voix tremble d’une rage puissamment contrôlée. Un rage consciente de la terreur qui l’en imprègne, une rage qui lui dit que quoi qu’il fasse, son opposition à Néron marquera le début d’une longue souffrance.

Qu’à t-il pour lui faire ce chantage ? De quoi dispose t-il pour l’obliger à parler ? Rien, éstime Rabelais. Il pourrait le frapper, oui. Le prêtre se sent capable de résister à ça, même s’il craint la douleur. Alors pourquoi cette terreur glacial qui lui gèle la poitrine ?

- Tu ne possèdes rien qui exigerait que je trahisse la confiance de ces gens. Strictement rien, Léon Gaïus. Rien d’autre que ta pédanterie et ta certitude de tenir le monde au creux de ta main. Du vent . » Son ton s’est fait plus ferme à mesure qu’il réalise lui même que sa raison reprend ses droits.
 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty12.08.12 16:13

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« Et que vous montrent-ils qui ne vous avertisse
Qu'il faut qu'on me respecte et que l'on m'obéisse ? »

Parfois, tu n’aimes pas Cassandre.
Parfois, tu te demandes ce qu’il y a de l’autre côté. Tu n’as jamais aimé te sentir enfermé. Tu n’as jamais accepté qu’on te refuse l’accès à une partie de ton royaume. Avant, tu pouvais aller là où tu le désirais. Rome était certes belle, magnifique et magique, tu te devais de la quitter par envie, pour voyager dans ton domaine. Ton Empire ne semblait pas connaitre de limites, et tu aimais le parcourir comme si tu parcourais le monde. Ton Empire était vaste, grand, infini. Ton Empire méritait que tu t’éloignes ainsi de sa capitale quelques temps. Ton regard glisse sur l’autel tandis que tu te remémores les champs à perte de vue, le soleil frappant ton visage durement, les éclats de joie de ton peuple lorsque tu te trainais dans leurs villages avec triomphe. Tu étais apprécié Néron. Ou du moins, tu te souviens avoir été apprécié. Tu pouvais lire la terreur sur leur visage au milieu de leurs faux-sourires. Tu pouvais lire leur dégout dans leurs gestes lorsqu’ils se courbaient sous ta présence. Et tu aimais ça. Tu aimais la soumission de l’autre, la défaite de l’esprit contradictoire.
Cassandre t’oppresse parfois. Rien n’a jamais été plus beau que Rome, il est vrai, mais tu n’aimes pas te sentir enfermé. Être contraint n’est pas dans tes habitudes. Tu as souhaité voir au-delà. Tu as longé les murs des limites de Cassandre, pendant des journées et nuits. Tu restais les yeux fixés sur les remparts au fil de ta lente marche. Tu cherchais tant bien que mal un moyen d’en sortir, temporairement. Défier Noctem t’était bien sur impossible. Alors tu ne faisais que regarder, imaginer. Tu essayais de ne pas devenir fou, de ne pas te sentir insulté par cette entrave faite à ta personne. Tu as réussi à passer au-dessus de cette injure qui t’était faite, à toi, à l’Empereur. Tu t’es convaincu que Noctem faisait ça pour votre bien à tous. Après tout, on ne pouvait se permettre de laisser les habitants accéder à l’extérieur, et il fut fâcheux qu’on apprenne que certains pouvaient, tandis que d’autres non. Alors tu t’es tue. Tu as accepté, tu as abandonné pour Noctem. Cet acte montre toute la dévotion que tu entretiens envers lui. Tu t’es incliné devant sa décision en dépit de ton orgueil. La preuve que tu n’étais plus aussi irréfléchi qu’avant.

Tu as donné ta fierté à une seule personne. Pour cette personne, tu as tout accepté. Te taire, agir en silence. Faire comme si de rien n’était. Etaler ta neutralité au reste du monde, devenir l’ami de tous, et surtout de ceux qui te dégoutent. Cela ne tiendrait qu’à toi, Rabelais s’en serait déjà pris une. Cela ne tiendrait qu’à toi, Rabelais serait à ses genoux, le dos courbé, te suppliant d’épargner sa pauvre et insignifiante vie. L’idée te traverse. Une pulsion meurtrière, sauvage, qui te pousse à monter cette dernière marche pour l’attraper par les cheveux, le tirer, l’écraser par terre. C’est à ce moment que Rabelais s’écarte, te tourne le dos, s’en va à sa besogne de prêtre pour éviter le pire. Il a senti le danger, il s’est enfui. Cela te permet de reprendre de la contenance. Ton sourire disparait. Tu te maudis toi-même un bref instant pour ce court interlude de folie. Même après vingt-cinq années d’entrainement, vingt-cinq années de calme et de manipulations silencieuses, tu continues d’entretenir ces brefs laps de grande instabilité.
Être avec Rabelais révèle bien trop tes pulsions, et cela n’est bon pour aucun de vous deux.

Il t’a touché. Tu n’as pas supporté. Un réflexe, une autre pulsion qui a tordu tes convictions, et voilà ta main sur son bras. Tu t’apprêtes à le tordre, à le faire plier sous ta force, à l’entendre hurler dans l’Eglise bien trop silencieuse à ton gout. Tu n’as pas du tout apprécié cette familiarité de ton, de geste, tu as cru devenir fou de rage au moment où son doigt a touché ta poitrine. Qui ose ainsi s’attaquer à l’Empereur ? Ton regard s’est fait menaçant, dangereux, cruel quand tu as rencontré ceux défiants du prêtre. Tu accentues la pression sur son bras, le serre un peu plus encore. Il ne te faudrait pas grand-chose pour le faire crier sa douleur, hein ? Le sourire malsain à cette pensée semble frémir sur ton visage. Vingt-cinq années sans torturer une personne, sans prendre le plaisir de la voir regretter ses actes sous tes yeux.

Tu reprends tes esprits, et tu le lâches. Et tu sais à cet instant Néron qu’il faut que tu partes. « Ne me touche pas. » Ta voix gronde, se fait menaçante. Tu en oublies le jeu, tu en oublies cette fausse politesse. « C’est là ta plus grave erreur, Rabelais. Tu devrais avoir peur de moi. » Et c’est un sourire hautement cruel et malsain qui s’affiche sur ton visage à cet instant.

Rabelais te fait perdre tes esprits. Rabelais te fait être celui que tu as été, casse tout ce que tu as accompli dans cette ville. Tu n’abandonnes pas. Tu sais parfaitement que tu obtiendras ce que tu veux, mais tu dois l’obtenir en gardant ce visage établi à Cassandre. Venir dans cette Eglise sans autre plan en tête que ta pulsion destructrice de ton ancien toi était une grave erreur. Tu n’aurais jamais dû mettre un pied dans ce lieu de manière aussi spontanée.

« Je ne possède rien d’autre que la vérité, mon père. » Tu as repris des esprits, tu continues le jeu, tu le mènes à la fin de cette première partie. « Et le rang que j’ai ici, auprès de Noctem. » Une courte pause, le temps que le prêtre puisse anticiper sa dernière phrase. « Or, vous savez à quel point Noctem aime la vérité, et à quel point il aime que les gens de Cassandre la sachent. » Tu sais bien que cela risque de ne pas suffire. Tu prépares déjà la prochaine manche.
 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty27.08.12 14:45

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Un frugal entretien

Un lambris de sueur froide au creux des reins. L’hémoglobine coule, glacial, dans les veines et pulse sous la tendresse de la peau veloutée. Ca résonne comme un gong géant qu’on frapperait à tour de bras, rudesse du désespoir. Ca résonne comme une cloche agitée contre le tympan, ça blesse, mal, mal, mal… Ca résonne encore et toujours et ça bat contre les tempes et ça fait vibrer l’artère et le sang coule plus vite et le cœur bat plus fort contre une cage thoracique rachitique qui ne semble plus qu’une ignoble prison d’os. Et quand il relève la tête, sa rétine est transpercée par la même image la même image encore et toujours. La cage dorée, la serre d’argent, le bordel luxueux sans porte ni fenêtre où les serpents s’agitent dans l’ombre. Et puis les serpents se transforment en porcs gras et sales et se vautrent dans le boue dans une danse apocalyptique. La porte se dresse là, elle apparaît, elle transperce l’ombre, elle appelle si fort qu’il doit se couvrir les oreilles, se frapper la tête contre le sol pour en faire sortir ce trop plein de cervelle. Il ne sait plus ni où il est ni pourquoi il est là il sait seulement qu’il doit courir jusqu’à la porte, qu’il doit courir et la franchir et la verrouiller derrière lui pour ne plus jamais retourner dans cette cage, pour s’en échapper à tout jamais.

Libre.

Mais ses pieds collent, le sol est sale et recouvre ses tibias. Le sol est vivant et se hisse sur ses chevilles. Il trébuche, il soupir, il ouvre la bouche, il cri silencieusement dans le froid glacial au travers des regards des serpents qui ricanent dans le noir. Il veut courir tellement fort dans ses tripes mais il ne peut que tomber à genoux et s’étouffer avec ses larmes parce que déjà la porte disparaît et le noir l’étouffe. Et les serpents se glissent sur son coup, entrent dans sa bouche et serrent, serrent, serrent jusqu’à ce qu’il ne trouve plus son souffle.

Rabelais ouvre les yeux. Il pleure silencieusement dans l’ombre de sa chambre. Il se masse la gorge et respire profondément, les paupières closes, pour retrouver un souffle égaré au milieux d’un songe cauchemardesque. Il le fait souvent. Une cage dorée qui le rend fou, une cage sans histoire. Mettre un pieds au dehors devient si vital… Il tremble, seul, et attend patiemment que la panique s’exile de son corps tandis qu’il repense aux serpents et aux porcs. Ce ne sont que des animaux rêvés. Ils n’existent pas, et pourtant Rabelais est persuadé de voir leurs yeux terrifiants le fixer au creux de la cheminée éteinte.

Néron a le même regard que le serpent de son cauchemar. Celui qui siffle contre son oreille au moment où l’asphyxie lui fait lentement perdre connaissance.

- Lorsqu’on meurt dans un rêve, c’est pour de bon » , dit Rabelais. Puis il a un air gêné, incapable de comprendre pourquoi ces mots ont traversé son esprit et se sont matérialisés dans l’air. Mais Néron est le serpent qui l’étrangle durant son sommeil.

Il lui saisit brutalement le bras et sert dans une étreinte affreuse qui lui broies l’os. Rabelais grimace, faisant une fois de plus preuve de sa grande résistance physique et tente de se dégager d’un geste sec. Néron relâche son emprise et fait presque passer sa tentative pour une réussite, et le prêtre se masse le bras en adressant à l’Empereur un regard chargé d’une reproche couverte de haine. Il aimerait lui cracher à la gueule, un glaviot immonde, énorme, qui lui couvrirait le visage. S’il pouvait lui ronger la chaire… Si seulement.

Un sourire amer pour toute réponse, il meurt d’envie de lui donner une gifle. Après tout pourquoi pas. Il esquisse un geste. Sa main se soulève de quelques centimètres contre sa soutane immaculée et retombe mollement contre sa cuisse. Non. On ne peut frapper un agent de Noctem. On ne peut frapper Néron. C’est un cauchemar, un véritable cauchemar. Si seulement il pouvait convaincre l’Empereur d’aller torturer quelqu’un d’autre. La cruauté qui couvre son visage le fait trembler dans son âme, pincement des cordes vibrantes de ses plus grandes terreurs il craint la douleur et le mal, il craint la pince brulante contre sa peau nacrée et le tison sur la douce plante de ses pieds.

Ses dents claquent l’une contre l’autre et ses épaules son agitées d’un spasme incontrôlable. Tout son corps expose sa terreur aux yeux de Néron. Son propre corps le trahis et le rend ridicule et pourtant il ne perd pas la face, ne détourne pas les yeux et se jette dans les profondeurs de l’abîme immonde que lui offre son oppresseur. Son geste tremble mais ne souffre aucun doute lorsqu’il pointe impérieusement la lourde porte de bois qui s’ouvre sur l’extérieur.

- Sors d’ici, Léon Gaïus, » articule Rabelais d’une voix sourde, tremblante, dans laquelle transparait tout son dégoût et toute sa haine. « Sors d’ici. Que ta carcasse immonde disparaisse, que tes manières cruelles, que ta pédanterie, que ta folie et ta haine disparaissent d’ici à jamais. Ta venue est un échec tu n’obtiendras rien de moi. Tes menaces sont aussi vaines que ton existences. » Il siffle entre ses dents « Tu ne brulera plus personne, piètre copie de Néron que tu es. »
 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty27.08.12 22:56

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« Et que vous montrent-ils qui ne vous avertisse
Qu'il faut qu'on me respecte et que l'on m'obéisse ? »

Toi, tu n’as jamais apprécié qu’on te défie. Cela t’était insupportable avant. Des hommes qui se croient être ton égal et qui osent venir défier ton jugement. Ou pire, des hommes se pensant supérieur à ta personne, ou qui croient qu’il existe une personne t’étant supérieur. Ah, ces chrétiens. Tu les as tous brûlés, et tu as aimé. Ah ce sentiment de puissance, de grandeur dont tu délectes quand tu les vois souffrir, mourir, juste parce qu’ils t’ont offensé. Quelque chose de capital que tu ne possèdes pas à Cassandre, que tu n’as jamais pu posséder parce qu’on ne t’en laissait pas la possibilité. D’abord, il y a eu ta mère, qui a fait de toi un être calme et avenant, poli et cultivé avec qui les gens aiment parler. Tu t’es laissé bêtement manipuler sans faire attention, comme la première fois, avant de te rendre compte à sa mort que cette attitude calme pourrait bien te servir pour la suite. Paraitre neutre, attirer l’attention de ceux autour de toi quel que soit leur clan, pouvoir effectuer le métier de serveur sans te sentir obligé de brûler chaque client t’adressant mal la parole. Cela t’a permis de devenir un grand proche de Noctem, d’être ses yeux et ses oreilles, son conseiller quand il quémandait tes services. Ce que tu es devenu, ce qui tu as changé par rapport à avant, cela te plait finalement. Tu sais parfaitement que ton attitude hautaine, mesquine, sadique et destructrice avait causé ta perte dans ta première vie. Ils t’ont trahi car tu entamais un long chemin vers les abysses de la folie, en les entrainant au passage avec toi. Tu es décidé à ne plus refaire les mêmes erreurs. Dans cette vie, tu ne seras pas fou. Pas destructeur ni empli de désirs malsains. Dans cette vie, tu ne seras que Léon, étudiant d’histoire et serveur, garçon intelligent, calme et cultivé, ami des mondains.

Tu aurais aimé n’être que ça. Que cet esprit calculateur et quémandeur d’obéissance reste tapi au fond de ton être, ne puisse être vu par personne.

Tu as compris, Léon, le jour où un client du bar de Freud t’a manqué de respect. Tu n’as pas réagi, tu as laissé la colère affluer, puis tu l’as contrôlé. Tu as attendu d’être libéré de ton service. Tu es allé trouver cet homme. Et quand tu étais à nouveau calme, il gisait par terre, dans son sang. Et tu es parti, avec cet odieux sourire sur ton visage, ce rire dément déformant tes traits, cette folie présente dans les iris de tes pupilles chocolatées. Tu as compris que tu étais toujours le même.

Tu regardes Rabelais, sans sourire. Au contraire, tu as l’air profondément méprisant. Un silence plane dans l’Eglise, un silence de mort, un silence qui n’annonce rien de bon. Tes pupilles passent de son visage haineux au doigt qu’il a brusquement levé, et dirigé vers les battants. Tu le fixes, quelques secondes. Tu encaisses les mots qu’il vient de prononcer. Il souhaite ton départ. Il a exprimé l’envie que tu foutes le camp d’ici. Il a parlé de ce que tu étais avant. Il a cruellement manqué de respect, à toi ainsi qu’à celui de la Rome Antique. Tu tentes de ne pas trembler de rage tandis que la colère afflue dans ton esprit. Tu te revoies frapper cet homme jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se relever, l’écraser en hurlant qu’on n’insulte pas impunément l’Empereur de Rome. Tu secoues lentement la tête de droite à gauche, émets un bref soupir, puis repose à nouveau ton regard chocolat glacial sur le prêtre. La suite, tu aurais aimé qu’elle n’arrive pas. Au fond, tu n’aurais jamais dû mettre les pieds dans cette Eglise sans savoir comment le faire chanter réellement. Tu t’es cru plus fort que tu ne l’étais.

Non. Tu es fort, Néron, bien plus que fort que lui. Et tu vas lui montrer qu’il ne faut jamais oser te manquer de respect comme il l’a fait ainsi.

Sans rien laisser prévoir, tu le prends par le col de sa soutane et lui décoche un direct du poing droit. Il n’a pas le temps de souffler que tu lui en mets un deuxième. Ton sourire s’agrandit, soudainement. Ton regard fixant son visage blessé se teinte de cette lueur perverse. Tu le décolles du sol et vient plaquer son dos violemment sur l’autel. Les quelques objets posés dessus viennent lourdement s’écraser par terre dans un fracas assourdissant. L’écho perdure dans l’Eglise et donne au tout un surplus dramatique. Tu adores ça. Le drame, la mise en scène, la surinterprétation. Tout ce que tu le fais, c’est en grand, en immense, pour que l’image de tes actes perdure.

Tu tiens toujours fermement Rabelais par son col, et tu le regardes avec démence. Tu n’avais pas voulu ça. Il n’aurait pas dû te provoquer.

« Je n’apprécie pas que l’on me manque ainsi de respect, misérable prêtre. » Ta voix, elle, est parfaitement calme, et contraste avec ce visage d’illuminé que tu présentes. Tu ressemblais à ça, le jour où tu as fait brûler Rome. « Tout comme je n’apprécie pas qu’on me refuse une requête que j’ai exprimé avec politesse et honnêteté. »

Tu le pousses un peu plus contre l’autel, appuyant sur sa gorge au travers de ton poing tenant la soutane. Tu es grand, Néron, bien plus grand que lui. Il est faible devant toi, il a peur de toi, il n’est plus rien. Il est à tes pieds. Un rire t’échappe. Un rire de satisfaction, un rire malsain, un rire de folie qui accompagne ton regard.

« Je n’ai pas l’habitude de solliciter deux fois la même chose. Mais je vais faire une exception pour toi, pauvre fou qui ose t’opposer à moi. Alors écoute-moi bien. »
Tu t’es courbé légèrement pour approcher son visage du sien. « Je désire ardemment connaitre les confessions que les imbéciles de Cassandre te délivrent avec aveuglement et irréflexion, au nom de Noctem. Tu vas donc commencer par cesser de considérer que je ne vaux pas plus que ceux que tu abhorres tant. Et tu vas me les donner. Le refus n’est pas une option, évidemment. » Ton sourire traduit les conséquences d’une simple tentative de refus. Un sourire qui poursuivra Rabelais jusque dans ses cauchemars.
 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty28.08.12 0:20

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Un frugal entretien

Un point noir au delà du néant. Le noir dans l’ombre, finalement. Une vaste résonnance qui cris entre les oreilles, dans le cerveau. Il heurte l’os et craque sinistrement, comme la mâchoire, et le sang gicle lorsque la lèvre s’ouvre en deux. Brutalement, c’est une rivière de sang creusée dans un sillon de chaire qui dégouline allégrement le long du menton saint, sur le tissu saint, sur les pages saintes. Le livre de prière heurte le sol avec violence dans le silence étouffant. Le noir, la douleur, et un long sifflement. Un long sifflement qui le plonge dans l’infini.

C’était ça.

Rabelais est face à Néron. Néron. Néron. Pas Léon Gaïus, pas la réincarnation frauduleuse détournée en un misérable étudient serveur à ses heures. Le véritable Néron. Qui le saisit à la gorge. Et son poing heurte sa mâchoire dans un bruit lugubre. En même temps qu’une douleur intenable, une terreur sourde envahit Rabelais qui tente de se dégager inconsciemment. La brique percute à nouveau son menton. Le goût du sang emplie sa bouche, il saigne peut être du nez. Le noir dans ses yeux et le sifflement dans ses oreilles. Sa tête tourne alors qu’il ne voit rien. Sa rétine tremble, point inconnu à l’horizon, il n’ose pas serrer les dents pour contracter la douleur. Il pense sans penser qu’il est en mauvaise posture. Il imagine vaguement la question « pourquoi moi ? » Un sentiment d’injustice l’effleure. Mais tout va trop vite, tout est trop douloureux pour qu’il puisse s’y rattacher. Alors il a peur, peur de la souffrance et de la solitude de l’église, peur de cette absence, de ce trou béant qui lui hurle à l’oreille que personne ne lui viendra en aide, peur de devoir parler, peur de devoir se taire, peur de sa couardise, de sa lâcheté, et peur de sa fierté et de son courage. Peur de Néron, peur de Noctem, peur de cassandre, peur de ceux qui viennent lui confier leurs secrets. Il en veut aux autres car c’est leur faute s’il en est là, il s’en veut d’avoir attendu plus tôt, finalement il en veut au système même de lui imposer la confession et la vie de l’avoir fait prêtre. Il en veut à tout le monde et personne ne particulier. Il ne conçoit même pas vraiment ce sentiment de rejet et de dégoût parce qu’il a trop mal pour réfléchir correctement.

La bible est au sol. Tout se répète deux fois.

L’autel dans le creux du dos, Rabelais suffoque. Devant ses yeux, une vague trouble se fait plus précise, et bientôt lui apparaît le visage de Néron, et ses yeux s’agrandissent, il suffoque. Dans les pupilles emplies d’une folie vaine il voit sa torture. Les mains liées sur la table en croix il lui enfonce sauvagement des épingles chauffées à blanc au fond des nerfs. Il hurle et ses hurlements sont le silence. Tous ses membres s’agitent d’un spasme de terreur glaciale, et l’intérieur de son torse est gelé lorsque Néron appuie sur sa trachée comme s’il pouvait l’écraser à la seule force de ses phalanges meurtrières.

Il voudrait appeler, crier, pleurer, mais il ne peut que fixer Néron et toute sa peur transperce mais une défiance recouvre cette lâcheté traîtresse. Il le fixe dans les yeux avec une haine si puissante qu’il a le sentiment qu’il va l’étouffer brutalement. Il suffoque. Il voudrait frapper Néron aussi, effacer de son visage ce sourire immonde, rayer définitivement ce visage de son monde. Que plus jamais il n’apparaisse à quiconque. Que plus jamais il ne fasse le mal.

Mais il ne peut que le fixer avec un insondable dégoût. Ses mots le heurtent moins que ses coups et pendant un bref instant il n’y a plus que la rage, la haine, la douleur, la violence. Puissantes. Monstre dévoreur d’entrailles. Et cette voix qui gémit contre une humanité profondément amputée, blessée, un orgueil méprisé et bafoué. Néron marche sur l’amour propre de Rabelais et c’est si douloureux et si injuste que le prêtre ne peut le souffrir plus longtemps.

Alors il crache. L’ultime affront. Le plus fort qu’il ai trouvé. Le plus injurieux. Un glaviot couvert de sang qui s’écrase mollement sur la joue de Néron, juste en dessus de l’œil. Et une voix tremblante et brisée par la terreur dévorante et la douleur mêlées à la haine la plus pure.

- Voilà ce que tu cherches. Voilà tes confessions. Elles ne valent pas plus que ça. »

Et déjà le voilà perdu.

 
N. Léon Gaïus
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty29.08.12 21:50

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« Et que vous montrent-ils qui ne vous avertisse
Qu'il faut qu'on me respecte et que l'on m'obéisse ? »

La folie. Quel étrange mot pour caractériser un état d’esprit, une pensée, un acte, une personne. La folie, au fond, peut prendre bien des formes différentes. Elle peut s’insinuer dans l’esprit dès le plus jeune âge. Elle s’installe, mène sa petite vie tranquille au sein du cerveau. Parfois, elle se réveille, brièvement, et vient dicter la conduite de son hôte. Elle s’amuse. C’est un serpent sifflant au creux de l’oreille, une voix susurrante de douces paroles. Ensuite, elle enfle, se met à prendre de plus en plus de place, altère la raison et l’indifférence, écrase le bon sens et la quiétude. Elle prend, elle arrache, elle ruine, elle rit. Elle résonne, encore et toujours, crée l’aliénation totale. La folie est une maladie, la folie fait commettre les choses les plus ignobles avec le plus grand des sourires. Un rire cruel qui s’étend dans la pièce tandis que l’homme est à terre, mourant.
La folie peut aussi être un acte, un acte de bravoure hélas bien trop téméraire. Un geste, complètement insensé, quand la situation et l’émotion ne parviennent plus à faire réfléchir dignement. L’émotion prend le contrôle. Quelle soit rage, tristesse, désespoir ou haine, elle balaye d’un coup la raison, envoie valser le bon sens, écrase le discernement et décide de quoi faire. Ce n’est généralement jamais ce que vous auriez fait si vous aviez gardé votre entendement.

Toi, tu trouvais Rabelais complètement fou. Insensé. Et cela te plaisait. Tu n’aimais certes pas qu’on te résiste, mais voir un grain de folie chez une personne, causée généralement par le désespoir que tu lui causais était encore plus distrayant. Voir jusqu’où ils peuvent aller par orgueil, par simple rage de voir leur vie entière ruinée par tes ordres. Tu te délectais des courageux qui osaient t’insulter. Leurs souffrances n’en seraient que plus grandes. Les plus téméraires avaient voulu attenter ta vie en présence de ta cour. Ils étaient morts sous tes yeux. Tu avais ri, tu t’étais délecté du spectacle avec un sourire cruel sur le visage.
Toi aussi, tu étais fou. Vous l’étiez tous, dans la famille, une dégénérescence causée par l’accouplement entre membres d’une même famille. Tous épileptiques. Tous descendants du grand César, qui avait amené Rome à l’Empire sans devenir Empereur pour autant. Auguste, son petit-neveu, avait déjà un grain qui se reflétait dans ses préférences sexuelles douteuses, son indifférence et sa froideur. Un grain qui n’a fait que grossir d’Empereur à Empereur, s’encrant bientôt à la fois dans la vie privée et publique. Tibère, Caligula, Claude, et toi. Vous étiez tous fous. De grands malades qui avaient dupé la population, des démagogues au service d’un peuple imbécile. Tu avais aimé ton règne. Claude avait été le moins grand de vous tous, après le calvaire du règne de Caligula. Tu devais reprendre le flambeau dignement. Tu l’as fait à la perfection.

Parfois, cette époque te manquait cruellement. Tu t’en rendais compte à présent que tu dévisageais Rabelais et la terreur déformant la moindre parcelle de ses traits. Tu aurais souhaité que tous te regardent avec le même effroi. Qu’ils te craignent comme cet homme te craignait actuellement, de tout son être. Terrifié, et dégouté. Et ce sentiment d’impuissance tapie dans son ventre, qui le poussait à commettre le plus imbécile des actes. Celui qui allait le mener à sa perte.

Un crachas immonde qui recouvre la partie droite de ton visage avant que tu ne l’aies vu arriver. Tu pensais en avoir fini avec lui, l’avoir écrasé. Tu pensais avoir gagné, car tu ne le voyais pas comme un pauvre fou. Et tu ne souries plus. Tu te contentes de ciller, quelques instants, le visage fermé, le regard perçant et blasé fixant ses yeux remplis de haine envers ta personne. Les secondes passent. Des secondes plongées dans un atroce silence, un échange intense de regards, une tension comme jamais il n’est venu au cours de votre échange. Le temps qui s’écoule lentement, et qui rend ta réaction terrifiante. L’attente insoutenable de savoir ce que tu vas faire, toi qui viens de te faire cracher dessus. Une atteinte à ton être. Une attaque à ta magnificence.

Lentement, très lentement, tout en fixant le prêtre de tes yeux, tu viens poser ta main droite sur ta joue. Avec le dos, tu enlèves le glaviot. Tu fais descendre ta main jusqu’à son épaule, et tu l’essuies contre le tissu de sa soutane, délicatement. Tu prends ton temps, laisse peser cet intense silence, te contente de le dévisager avec tout le sérieux possible. Et cette même main vient caresser son doux visage défiguré par la terreur, en attente de ton prochain coup.

Il a bien raison de crever de peur, ce salaud.

Brutalement, tu l’attrapes par l’épaule pour le décoller de l’autel. Tu le retournes comme un simple objet, et quelques secondes plus tard, sa tête vient s’éclater contre le meuble. Un bruit sec, un bruit que tu apprécies. Tu le rattrapes par le col avant que son être ne vienne s’étaler mollement contre le sol, et tu le jettes sur les marches. Tu vois ce corps dégringoler les enjambes avec satisfaction. Tu es en haut, tu es au-dessus de lui. Tu es sur le palier, près de l’autel, et il est là, gémissant, tout en bas. La situation est inversée. Tu as rêvé de ce moment où tu es entré dans l’Eglise, où tu l’as vu surélevé. Tu ne l’as pas supporté.
Tu savoures cet instant, tes mains viennent s’installer confortablement dans les poches de ton pantalon. Tu sembles calme, satisfait, apaisé d’une certaine manière. Tranquillement, tu descends avec grandeur les marches jusqu’à ce que tes pieds arrivent devant son corps inerte, tremblant. Tu poses ta chaussure sur son épaule, le retourne sèchement pour bien que son regard puisse t’admirer. Tu le surplombes de ton être entier. Il est totalement à ta merci. Et toi, tu ne souris plus.

« Je supporte difficilement que l’on me manque de respect, pauvre fou. Ne refais jamais cela, ou je t’assure que tu n’auras plus que tes yeux pour pleurer ta lamentable imbécilité. » Une pause. « Les confessions. Maintenant. »

Un dernier coup de pied vient trouver son chemin jusqu’à ses côtes. Cela ne t’amuse même pas. Au fond, tu regrettes déjà, maintenant que tu as retrouvé tes esprits, d’avoir ainsi laisser libre cours à ta folie destructrice.
 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty03.09.12 21:42

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Un frugal entretien

Au début, s’avait été facile. Peut être. Où alors, ce n’était qu’un vague souvenir. C’était plausible aussi. Rabelais se souvenait d’un personnage appréciant la fastueuse activité d’une table. La gorge toujours ouverte pour une nouvelle rasade de vin. C’était un masque superbe laissé aux travers de nombreux écrits. Un masque qui disait à l’Histoire de garder le sourire. Pourtant, la réalité avait été très différente. Rabelais était un homme digne, cultivé, profondément intelligent.

Maintenant, le nouveau François Rabelais observait le résultat. Qu’est ce que ça avait bien pu lui apporter, une postérité d’alcoolique boulimique ? Plus personne ne le prenait plus au sérieux. Il était même incapable de se défendre face à un pauvre étudient.

Un passé aussi puissant que celui de François Rabelais, c’était parfois dur à porter. Il était poussé par ce devoir insensé de faire face, d’imposer un respect aux autres, de dire « Rabelais, c’est moi. C’est vraiment moi. » Il n’en avait jamais douté. Il avait le talent. Il avait le géni. Il avait la culture de sa vie antérieure. Mais il n’avait que vingt quatre ans, et Cassandre n’était pas le monde tel qu’il avait été. Cassandre n’avait pas d’Histoire, Cassandre n’avait pas d’Artistes, car Cassandre n’était qu’une ignoble fourmilière grouillante de verres. Un chemin creusé dans l’immondice. Rabelais évoluait au centre de cette atrocité avec cette graine au fond du ventre qui lui disait de s’enfuir.

Quitter Cassandre. Si seulement c’était possible.

Rabelais en rêvait toutes les nuits depuis longtemps.

Néron le saisit par l’épaule et il se sentit pivoter comme s’il n’avait été qu’un insignifiant oreiller de plume. Sa mâchoire dispensait sa douleur au travers du visage, s’insinuait dans le cartilage. Le sang avait à peine séché au creux de sa lèvre, teintant ses dents d’un rouge carmin. Il eu le temps de regarder l’autel. De se souvenir de ce à quoi il avait servit ces deux dernières années.

Rabelais ferma les yeux.

Et la douleur explose. Un bref craquement, il sent le cartilage céder, son front résonner contre le bois, un monstre atroce diffuse sa sclérose au fin fond de son cerveau qui rebondit contre son crâne. C’est un bruit affreux, une douleur insurmontable, le sang qui gicle, expulsé des voix nasales, et un cri étouffé entre deux vagues de douleurs. Il perd à nouveau la vue, sent qu’on le redresse de force alors qu’il voudrait supplier qu’on le laisse mourir en paix. Son pied glisse contre la pierre glacée du sol et son épaule heurte la première marche. La deuxième. Il pense que sa chute n’aura jamais de fin. Qu’il est voué à sentir les coins aigus lui rencontrer dans les côtes jusqu’à la fin de sa vie. C’est un châtiment bien mérité, pour quelqu’un d’aussi hypocrite. Un gémissement franchit ses lèvres lorsqu’enfin il s’immobilise. Son corps entier est parcourut d’une affreuse douleur.

Il entend Néron qui se rapproche. Rabelais se tortille maladroitement sur le sol, pliant ses membres pour tenter à la fois de se protéger et d’échapper à cette douleur lancinante qui résonne comme un tambour dans chacun de ses nerfs. Il veut se soustraire aux prochains coups. Rabelais pense qu’il va mourir. Il a vue la folie dans les yeux de Néron. Il a vue le feu, les cendres, l’odeur de chaire brûlée. La violence, la cruauté, le désire de faire le mal.

Il l’entend au travers d’un voile trouble et brûlant, comprend ses paroles. Rabelais tente d’ouvrir la bouche sans savoir ce qu’il va dire. Eperdu. Supplier ? Néron ne lui accordera aucune pitié. Céder ?

Couché au sol, le sang ruisselant sur son visage, incapable de faire un mouvement de plus, incapable de fuir, il dévisage Néron comme s’il puisait au fond de lui la force nécessaire pour parler.

Puis sa vue se troubla à nouveau et lentement, le prêtre se laissa glisser dans la douce étreinte de l’inconscience.
 
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MessageSujet: Re: Un frugal entretien )> Néron   Un frugal entretien )> Néron Empty08.09.12 22:50

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« Et que vous montrent-ils qui ne vous avertisse
Qu'il faut qu'on me respecte et que l'on m'obéisse ? »

Tu soupires, lourdement. Tu te masses les tempes, refusant de te laisser une fois de plus à l’énervement. C’est toujours comme ça, avec les êtres faibles. Ils sont incapables de tenir plus d’une dizaine de minutes en ta présence sans s’écraser lamentablement, si lamentablement que tu ne peux plus rien en tirer. Tu regrettes, bien sûr que tu regrettes cet acte manqué. Quitte à le laisser inconscient baignant dans sa marre de sang, tu aurais pu faire l’effort de l’achever. Seulement tu as besoin de lui pour ses confessions, et, de toute manière, ce ne serait pas drôle, une mort douce. Personne ne se souvient de l’Empereur Néron comme de quelqu’un qui faisait mourir ses victimes dans la douceur et avec rapidité. Bien que tu aies été moins atteint dans ta folie que Caligula sur ce côté-là, tu prenais toujours plaisir à les voir gémir et te supplier de les tuer sans torture. Parce qu’ils savaient parfaitement que te demander de les épargner était vain. Cela se voyait dans ton regard.

Et maintenant, tu es là, le pied sur l’épaule de François Rabelais qui git étendu et inconscient à tes pieds, le corps fracturé et la tête saignante. Tu joues avec son corps, tu le fais tourner un peu sur lui-même d’un air profondément ennuyé. Au fond, t’essaies de le réveiller, de te dire que tu n’y es pas allé trop fort. Ça t’embêterait bien qu’il soit mort, ou qu’il ne puisse jamais se rétablir. Alors tu soupires, une nouvelle fois, honteux de ta propre folie, de ta connerie de ton incarnation qui reprend le dessus. Néron te bouffe complètement la vie. Alors que tu aimerais être totalement calme, maitre de tes gestes et maitre des autres par les simples mots, tu te retrouves à tabasser un prêtre. Bon, admettons qu’il t’a touché, plus ou moins insulté, et a fini par te cracher dessus. Cela méritait bien l’état dans lequel il se trouve à présent à tes pieds. Mais, malgré le fait que tu trouves cette supériorité physique jouissive, tu n’es pas satisfait.

Tu le bouges encore un peu. Aucune réaction. Le sang continue de couler, ça te rappelle le bon vieux temps, même si l’heure ne prête pas à la nostalgie de tes jours de gloire. Quelque part, tu te demandes comment un auteur aussi grand que Rabelais a pu devenir un vieux prêtre moisi qui mange du saucisson et qui voue une haine secrète au restant de l’humanité. Il te ressemble un peu, de ce côté-là, mais tu ne parviens pas à comprendre où est passé l’humaniste. Tu as apprécié ses écrits, quand tu t’en délectais plus jeune sur les ordres de ta mère. Tu pensais qu’il s’agirait d’un personnage intéressant quand tu le rencontrais. Quelqu’un adoptant un point de vue radicalement différent du tien sur l’homme, avec qui débattre de manière posée. Quand tu l’as vu, tu ne l’as pas tout de suite reconnu. Les gens en parlaient, du prêtre Rabelais. Cela t’a étonné, cette dévotion à l’être supérieur, de sa part. Tu as été profondément déçu.

Si François Rabelais était resté le même que son incarnation, surement ne serait-il pas étendu aujourd’hui à tes pieds, gisant de la plus piètre des façons. Ce Rabelais n’est qu’un faible, il le mérite.

Tu soupires, encore une fois, comprenant que tu n’en tireras rien aujourd’hui. Il ne se réveillera pas. Décidant que ça ne servirait à rien de parler dans le vide, tu te jures mentalement de revenir dans quelques jours pour récolter ce que tu étais venu chercher. Tu penses qu’à son réveil, le prêtre comprendra qu’il ne faut pas jouer à ce petit jeu avec toi, car il sera toujours perdant. Et s’il ne se réveille pas, tant pis, cela voudra dire qu’il était bien trop faible pour avoir l’immense honneur d’établir à nouveau la conversation avec toi. Ou du moins ce qu’il en était avant qu’il ne se mette à te parler mal.

Ainsi, tu le retournes d’un petit coup de pied pour le mettre sur le côté, afin qu’il se s’étouffe pas s’il décide de vomir ou de cracher du sang à son réveil. Tu enjambes son corps, et tu sors promptement de l’Eglise, d’un pas vif. Tu as autre chose à faire. Tu as compris que Rabelais le prêtre n’était rien d’autre qu’une incarnation ratée. Tu as perdu assez de temps comme cela.
 
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