Forum en hiatus le temps qu'on se reprenne les couilles en main trololo
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 Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.

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Homère
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MessageSujet: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty24.07.12 20:22

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« A FEW STOLEN MOMENTS ARE ALL THAT WE SHARE. »



Il est vingt heures. La nuit va bientôt pouvoir sortir de sa taverne, et les étoiles apparaitront dans le champ céleste.
Homère grogne. Il cligne des yeux, lentement, sortant de sa torpeur. Il bouge légèrement, se donne un peu de courage et prend son élan pour retomber mollement sur le dos dans le confortable matelas. Sa main vient toucher son visage, frôle ses paupières closes d’un geste désinvolte puis passe dans sa chevelure blonde. Finalement, il se tourne encore, un peu, recouvre ses esprits, se trouve à nouveau capable de penser. La première chose qui traverse son cerveau ? « J’ai putain de faim. » Oui, Homère a dormi toute la journée, et maintenant il est temps de se nourrir. Il faut penser pratique dans la vie, et résoudre les besoins premiers du corps. Les autres questions, telles que « Quelle heure est-il ? » ou bien, plus communément « Putain mais il est passé où encore celui-là ? » viendront après.

Alors Homère se défait des draps de soie qui s’étaient enroulés maladroitement autour de son corps, et sort du lit à baldaquin, avec difficulté au vue du confort que procure le matelas. Il attrape au passage un tee-shirt jeté parterre la veille à la va vite entre une bouteille de bière et une pile de livres, et l’enfile en une seconde, avant de se diriger vers la cuisine, la pièce centrale de cet appartement. Un coup d’œil dans le frigo lui fait rendre compte de l’état alarmant des choses : il ne reste rien. Une recherche plus active dans les placards lui permet de dénicher un paquet de gâteaux. Il grogne, peu satisfait de sa trouvaille, mais il devra se contenter de cela ; ce n’est pas son boulot d’aller faire les courses. Tandis qu’il va littéralement s’avachir sur le canapé du salon, il prend mentalement note de faire part du manque de nourriture à son cher colocataire. Après tout, c’est lui qui s’occupe de ce genre de choses, et il est totalement inadmissible que l’aède soit laissé avec si peu pour vivre.
Après avoir dégusté son frugal repas, il vient à l’esprit d’Homère de se rendormir sur ce confortable canapé qui a du couter une fortune, comme tout ce qui orne l’appartement. Il ferme les yeux, quelques secondes, qui se transforment bientôt en minutes. Puis il se lève, brusquement, et décide que cette maison manque cruellement d’ambiance. Il jette un regard à la porte d’entrée, s’assure que Cornélius n’est pas sur le point d’entrer. Il fait ensuite un examen primitif de la pièce. Trop peu de bordel. Un rire bref traverse sa gorge, il pense qu’il perd, qu’il s’affaisse. Ce n’est pas bon pour son corps, il faut qu’il entretienne ses bonnes habitudes. Homère se sait bien plus bordélique que cela, il n’est pas possible que le salon soit aussi bien rangé. Alors il décide qu’y mettre un peu de merdier pour s’occuper ne sera pas un mal. Et il commence.

Homère met en route la chaine hi-fi, et décide que Whitney Houston l’accompagnera pour cette petite ballade. Il en fait par ialleurs profiter l'immeuble entier en mettant le son au maximum. Ainsi, tout en chantant, l’auteur se met à travailler assidument. Il prend les livres de la bibliothèque pour les désordonner par terre, sans même y faire attention. De toute manière, ces ouvrages sont plus merdiques les uns que les autres, ils ne devraient pas même exister.

« A few stolen moments are all that we shaaaaaare… »


Homère chante. Il ne chante plus les merveilleux contes mythologiques d’autrefois, mais simplement du pathétique. Et il chante affreusement mal. Cela l’amuse, cela le fait sourire. Tout en ramassant son pantalon pour le jeter sur le canapé dont il a à moitié enlevé le revêtement, il imagine la réaction de Cornélius. Rien, comme à sa grande habitude, rien ne sortira de son visage. Homère essaie, encore et toujours. Il voudrait bien l’énerver aujourd’hui. Il ne sait pas s’il va y arriver, et cela l’intrigue. Alors il fait tout pour. De toute manière, tout est trop simple ici. Tout est trop bien organisé, plat.

Il met tout ce qu’il trouve par terre, il va chercher les draps de soie pour les déplier et cacher à moitié la table basse.

« It’s not easy living all aloooooone. »

Il balance le paquet de gâteaux vide à travers la pièce. Après avoir tapé contre le mur, il vient s’effondrer mollement sur le parquet. Homère prend du recul, et rit devant le bordel complet. Il est fier de lui, ses deux mains sur les hanches, en tee-shirt noir et caleçon, à admirer l’étendue de son art. Il n’hésitera pas à dire à Crnélius à quel point il se trouve artiste pour avoir conçu un tel chef d’œuvre.

« I’ve goooot to ge ready just a feeew minuutes mooore. »


Il veut encore arranger sa création. Homère sent que des choses viennent à lui manquer. Il s’approche, entre à l’intérieur de la pièce, réfléchit à ce qu’il pourrait modifier, il continue de chanter. Un bruit de serrure, de clef. Il relève brusquement la tête, son sourire satisfait et narquois ne disparaissant jamais de son visage. Il fixe la porte, impatient.

« We’ll be making love all night throuuuugh. »

Bonsoir, Corny.
 
Cornélius D. Lacroix
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty25.07.12 1:26

Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Captur12


« C'est au coeur de la souffrance qu'on trouve le meilleur de soi.»

Gros comme une pomme, c’était rond. Si on se penchait suffisamment où qu’on regardait d’assez loin, on pouvait discerner une sorte de protubérance légèrement rectangulaire qui supportait cette petite boulle de chaire blanche presque translucide. Elle avait quelque chose d’anormal. C’était comme si on avait essayé de représenter quelque chose d’inhabituel avec un matériaux parfaitement inapproprié. L’ensemble de la figure était creusé de deux larges cavités qui formaient comme deux petites grottes au sein d’un désert irrégulier. Mais ça, c’était uniquement parce que Cornélius, malgré ses attitudes glaciales, pouvait se créer en un clin d’œil un monde imaginaire qui glorifiait immanquablement tout ce qu’il voyait. Ou du moins tendait à glorifier, jusqu’à ce que sa raison, péremptoire, tire sur la laisse de son imagination et lui fasse avaler sa muselière, qu’elle appelait cynisme.

Cornélius s’accroupit en fronçant les sourcils. De loin, c'était indéniable, ça ressemblait vaguement à un crâne. Quelque chose dans le contour, dans la fixité de ce petit objet chétif qui reposait fièrement au beau milieu d’une pièce qu’on avait emménagé presque exclusivement pour lui tout seul, interpellait. Il jetait sur le peintre un regard creux, qui l’appelait invariablement à s’approcher. Cornélius résistait pour le moment. En fait, il ne trouvait pas le pouvoir attractif de la sculpture particulièrement notable. Il l’aurait presque ignoré s’il n’avait pas été subjugué par un sentiment contradictoire qui le traversait de part en part tandis que son œil, fixe, faisait le tour de la sculpture. Comme un chien de chasse, il balisait le terrain, et flairait sa victime en décrivant de larges cercles concentriques qui le rapprochaient peu à peu de sa cible. Les mains négligemment croisées dans le dos, il fini par poser sur la vanité un regard singulier. Penché au dessus du socle qui devait lui arriver aux genoux, il soupira.

Oui. Indéniablement.

- Alors ? » L’interpella Alisson du fond de la galerie où elle patientait, adossée contre le mur immaculé, les bras croisés sur la poitrine.
- Ma chère, » Répondit Cornélius en se redressant, « Il semblerait que tu ai gagné ton paris. Il s’agit bel et bien d’un crâne, exécuté dans son intégralité grâce à une méticuleuse superposition de rognures d’ongles. Je dois dire que c’est un fameux travail d’orfèvre, d’une précision, oula. Et alors, quelle esthétisme ! Je pense qu’on touche quelque chose. »

La jeune fille éclata d’un rire clair qui traversa vivement la salle tandis qu’elle rejoignait le peintre. A son tour, elle se pencha sur la pièce et poussa un profond soupir, heurtée par l’absurdité de ce que quelqu’un avait choisit d’appeler œuvre. Cornélius ne lui prêta que peu d’attention, le regard errant déjà vers la salle suivante, pressé de fuir ce qu’il considérait comme profondément inintéressant. En un sens, cela attisait sa haine et caressait son égo : jamais il ne ferait pire que ça. Lui même en était incapable, c’était un bon théoricien. Et une fois de plus, l’ensemble de l’exposition lui faisait penser qu’il avait une piètre chance de s’illustrer malgré ses terribles lacunes.

Si lacunes il avait. Seul lui semblait en être convaincu.

Toutefois, les jeunes exposants du Musées n’échappaient à ses torrents d’insultes primaires uniquement parce que Cornélius Lacroix avait eu la chance de se lever, pour une fois, d’une humeur superbe qui lui aurait scotché sur les lèvres un sourire de rigueur si seulement il avait appris à sourire. Faute de quoi, il se contentait d’épargner à sa compagne de route ses habituelles ronchonnades et autres grognasseries injurieuses qui ponctuaient traditionnellement chacune de ses phrases. Alisson en profitait. Elle connaissait l’animal : une franche tendance à l’obstination, et le chancèlement journalier entre deux états d’esprits paradoxaux qui faisaient de Cornélius un être proprement insupportable. Un Delacroix dépourvu d’humanité.

Il ne s’était même pas énervé lorsqu’ils avaient croisé cet énorme yéti sculpté en fines tresses de laine bouillies, agglutinés les unes aux autres grâce à un désastreux mélange de col et de pâte.

Un yéti en laine bouilli, assit sur un tabouret, s’intitulant glorieusement « réflexion. »

Elle était presque persuadée que rien ne pourrait venir troubler cette journée et gardait l’intime espoir que l’humeur de Cornélius ne s’altèrerait pas. Il était pourtant capable de changer aussi brutalement de cap que le vent du midi. Il était réputé pour son caractère de girouette et elle l’avait déjà vu rire devant une pièce insensée puis s’énerver brutalement devant une autre, sans qu’il y eu de raison particulière à cela. Comme si soudainement, une porte avait cédée et déversait à nouveau tout ce que ses efforts vains tentaient de contenir.

- On va arriver au bout, » Marmonna Cornélius. Comme pour répondre aux pensées intimes de la jeune femme, son visage avait perdu toute trace d’amusement. Il avait l’air grave de celui qui sait que quelque chose d’important, de dramatique, va advenir. Obstinément, il fixait cette ouverture qui menait à la salle suivante. Il plongea nerveusement une main dans son vieil imper élimé. Ses doigts se refermèrent sur un paquet de cigarette que la pluie et la négligence avaient altéré de moitié. Lentement, il esquissa une marche forcée vers ce trou qui s’était transformé en creux béant. Noir. Glacial. Et tout au fond, une lumière, indistincte, qui flottait à quelques mètres du sol et diffusait une espèce de chaleur surnaturelle. Une chaleur qui appelait calmement Cornélius, perdu dans toute cette obscurité. Qui lui murmurait doucement au creux de l’oreille : « ici se trouve ce que tu es venu chercher. » Alisson l’appela, il n’entendit rien. Il était ailleurs. Seul lui pouvait percevoir ce qui se dégageait de ce qui se tenait derrière ces murs. Une puissance si forte, si grande, qu’elle pouvait balayer d’un geste vague de la main, dans un souffle purifiant, tout ce qui se trouvait autours de lui.

C’était comme débuter une longue quête au sein d’une terre inconnue et hostile. Cornélius était désormais seul et marchait vers un but lointain, l’accomplissement de quelque chose… Il ne savait pas quoi. Quelque chose d’important.

L’obscurité se rétracta autours de lui. Elle tenta de résister quelques longues secondes mais fini par ramper vers l’ailleurs, écrasée par la Force.

Alors ce fut la destruction.

Ca se déclenche comme une bombe. Ca explose en lui avec la violence destructrice d’une secousse sismique. Ses fondations s’effondrent avec un bruit sourd. La poussière recouvre son âme. Son cœur se serre. Ses tripes se tordent dans une gigue farouche. Il ouvre la bouche, comme pour haleter un appel au secours, mais ne parvient qu’à pousser un faible gémissement que l’implosion de ses sentiments étouffe dans sa gorge sèche.

Cornélius est littéralement balayé. Et il souffre, incapable de se rattacher à quoi que ce soit.

Car il est seul, dans ce monde ci. On est toujours seul, dans le monde de sa sensibilité. Et seul il doit affronter la violence de la toile. Seul il doit surmonter l’enchevêtrement de ressentis mortifère qui le blessent au cœur en même temps qu’ils lui redonnent espoir en la vie. Seul il doit combattre les larmes de rage, de joie, de haine, de bonheur, de souffrance, de plénitude qui tentent de se frayer un chemin jusqu’à ses joues creuses. Il tremble un peu. Si peu que personne ne peut le voir. Il est secoué de la tête aux pieds par la puissance de la toile qui se découpe dans le clair obscur de la salle. Elle l’écrase de tout son être. Il est tenté de tomber à genoux et de fondre en larme, mais la proximité des autres, inconsciemment, le gêne.

Alors, il ravale le tourbillon de sentiments qui l’assiègent. Chancèle.

Et tout recommence à nouveau.

***



Cornélius poussa la porte de l’entrée et pénétra dans le salon. Une odeur se glissa jusqu’à ses narines. L’odeur d’Homère. Il la reconnu instinctivement parce qu’il aurait pu la reconnaître entre milles. Quelque chose tenta de se soulever dans sa poitrine, au creux de son cœur. Quelque chose de brièvement doux et réconfortant, qui aurait allégé sa peine quelques minutes s’il avait daigné lui prêter attention. Mais il ne pouvait pas. Quelque chose de plus grand, de trop grand était à l’œuvre et créait dans ses tripes un barrage contre le monde extérieur. Il avait besoins de plus que de la chaleur d’un corps, que de la musicalité d’une voix, que de la beauté d’un visage. Que du venin d’une conversation sans but. Il avait besoins de quelque chose de bien plus violent, de bien plus inaccessible.

Quelque chose qu’Homère ne pouvait comprendre.

Il traversa le salon d’un pas irrégulier, les yeux fixant une route invisible qui le conduisit droit à son atelier. Il ne remarqua pas le désordre. En fait, il ne remarqua rien d’autre que l’odeur persistance des pigments qui l’attendaient au fond de l’appartement. Même la musique, pourtant poussée à plein volume, l’atteignit à peine. Ce fut tout juste une vague rumeur qui tenta de lui rappeler ce qu’il avait à faire. Sans succès.

Il ne vit pas les livres éventrés au sol. Il ne vit pas le canapé à moitié dénudé. Il ne vit pas le paquet de gâteau jeté au travers de la pièce. Il ne vit pas Homère. Hébété, il ne vit que sa toile. Blanche. Large. Fébrilement, il empoigna un crayon dont il se débarrassa presque tout de suite. Il tenta quelque chose, enfermé au fond de la pièce qui ressemblait à un vieux grenier. Il avait fermé à double tour et ne savait pas bien si quelqu’un frappait à l’extérieur, réclamait son attention. Ca ne l’intéressait pas. Il peignit une heure. Une heure pleine avant de se rendre compte qu’il tentait seulement de reproduire ce qu’il avait vu.

Ce fut comme un brutal retour sur terre. Comme si on l’arrachait de son rêve en lui tirant une balle en plein cœur. Il atterri lourdement et sembla revenir à lui. Son regard perdit cet aspect vitreux qu’ils traînaient depuis son arrivée et se remplirent, lentement, à nouveau, d’une haine féroce à mesure qu’il reprenait conscience.

Il resta quelques minutes à fixer sa toile sans but, tentant vainement de réfréner une rage croissante et destructrice qui s’emparait de lui. Il sentait qu’il allait commettre un acte irréparable et tentait de se l’épargner.

Mais c’était plus fort que lui.

D’un geste brutal, il écarta la toile, les pinceaux, les tubes de couleurs, la palette, qui vinrent se briser sur le sol dans un fracas de fin du monde. D’un bond de bête prise au piège, il s’éjecta de son tabouret et déverrouilla la porte qu’il envoya gicler contre le mur. Une partie de la chambranle faillit exploser tant elle avait subit de coups depuis que Cornélius habitait l’appartement. Tremblant, le peintre esquissa le geste d’allumer une cigarette qu’il glissa entre ses lèvres lorsqu’il réalisa l’état du salon. Il suspendit son geste.

- Qu’est ce que c’est… Que ce putain de foutoir… » Sa voix tremblait, empreinte d’une tonalité qui aurait fait geler le soleil.

Il chercha Homère du regard.



Dernière édition par Cornélius D. Lacroix le 01.09.12 17:44, édité 1 fois
 
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty25.07.12 13:39

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Un vent. Vous savez ce que c’est, qu’un vent? Vous savez à quel point cela peut être violent ? A vous frapper, direct dans la tête, puis à vous laisser comme mort, le regard noyé dans l’incompréhension.
Homère regarde Cornélius. Il n’attendait pas grand-chose, au fond, juste qu’il le regarde en retour. Pas besoin de mots pour le satisfaire, juste son regard rencontrant le sien. Même pas. Cornélius passe devant lui comme s’il s’agissait d’un fantôme, traverse le merdier comme si s’il n’existait pas, en trombe, et va s’enfermer dans son atelier. Homère n’a même pas réagi. Que voudriez-vous qu’il fasse ? Il ne peut rien faire. Les bras ballants. Le visage qui refuse de s’abaisser. Le regard fixé vers la fenêtre, au-delà des immeubles, au-delà du ciel. Homère ne l’a pas suivi des yeux, Homère ne cherche pas à le rattraper. Ses poings se serrent, son corps se crispe, l’envie lui prend de balancer quelque chose. Il dira que le cendrier était au mauvais endroit au mauvais moment. Ce ne sera que la cinquième fracassé dans le mois. Il le prend et l’envoie valser contre le mur opposé avec le plus de force possible. Un bruit assourdissant résonne dans la pièce, couvrant même la musique un bref instant. Impuissant, Homère regarde les débris de verre s’éparpiller parterre. Son regard accepte de rencontrer le sol, se voile de cette tristesse dont il est le témoin exclusif.
Il va pour ramasser les débris. Il se demande pourquoi il est moins intéressant que la toile blanche de l’atelier. Il se demande ce qu’il faudrait qu’il fasse pour acquérir plus d’intérêt aux yeux de Cornélius. Ce qu’il aurait fallu faire pour que ce dernier s’aperçoive de sa présence dans la pièce qu’il traversait à toute allure. Au fond, Homère connait déjà la solution : L’Art. S’intéresser à l’Art. Comprendre l’Art. Aller voir l’Art. Discuter d’Art. Un peu d’investissement de sa part, d’accalmie par rapport à ce dont il se moque quotidiennement. Peut-être qu’il devrait arrêter, d’être aussi dégueulasse.

Homère rit, à cette pensée. Il se penche pour ramasser le verre. Quelle idée saugrenue, rien ne serait drôle ici s’il ne se foutait pas de la gueule de Cornélius tout le temps. Il prend le premier débris en main. Il n’arrêterait jamais d’être un connard, c’était bien trop tentant vu toutes les perches qu’on lui tendait. Il met le débris dans sa main et veut en ramasser un autre. Ils resteraient toujours comme ça, hein ? Toujours. Il n’aurait jamais à quitter cette maison, Cornélius ne pourrait jamais le mettre dehors définitivement. Impossible. Impossible. Le bout lui échappe des doigts, et l’entaille au passage. Il n’a pas mal. Il regarde le sang couler, soupire et se relève. Il abandonne le sujet, comme d’habitude, il fuit. Homère ne veut pas affronter cette réalité, cette peur qui lui retourne le ventre. Il lâche le morceau de verre qu’il tenait jusque-là, le regarde d’un œil absent reprendre sa place initiale sur le sol. Puis il jette un regard effrayé vers la porte close. Il imagine Cornélius derrière. Au fond, ce serait la même chose s’il n’était pas là. Cela ne changerait rien.

Il a peur du jour où Cornélius se rendrait compte de son inutilité.

Homère passe sa main dans ses cheveux d’un geste las. On peut presque à cet instant le penser abattu. Mais, reprenons nous, nous parlons ici de Homère, jamais ce connard de pédant ne pourrait être abattu. D’ailleurs, est-ce qu’il a au moins connaissance de ce mot ? Ce n’est pas sûr. Non, Homère a l’air abattu, mais il ne l’est pas. Au fond, il respire toujours cette fierté et cet orgueil qui le font ennemi de tant de personnes. Ce n’est qu’un nouveau jeu, essayer de faire transparaitre des émotions que l’on ne peut ressentir en temps normal. Un nouveau lobby auquel il s’adonne parce qu’il s’ennuie terriblement ici.
Un dernier regard vers la porte, un dernier soupire, et Homère quitte la pièce. Il s’avoue vaincu, pour ce set.

Homère est en train de lire, dans la chambre. Il tient entre ses mains un ouvrage appartenant à Horace que ce dernier lui a vivement conseillé, et s’adonne à la lecture sans grand intérêt. Il apprécie le style d’écriture, mais ne l’avouera jamais en public. Horace sait déjà que son élève lui rendra le livre avec une foule de critiques dédaigneuses accompagnées de quelques insultes claironnantes. Cela le fera doucement sourire. Lui, il sait quel livre peut plaire à Homère, et sait qu’il ne l’avouera jamais. Et Homère aime ça, ces non-dits, ces mots qui n’ont pas besoin d’être exprimés.
Il aimerait que ce soit comme ça avec Cornélius plus souvent. Cette pensée le surprend. Un rire bref, hautain sort. Quelle idée saugrenue il vient d’avoir. Comme s’il pouvait s’imaginer entretenir la même relation avec l’auteur grec qu’avec le peindre. Stupide. Cornélius n’a pas besoin de le comprendre comme Horace le fait. Ce n’est pas la peine. Ça n’arrivera jamais.

Un claquement sec, assourdissant. Le sourire d’Homère s’allonge. Le petit Cornélius est sorti de son trou, il va pouvoir s’amuser un peu, paraitre et attirer l’attention du peintre. Il se lève, ferme son livre et l’emporte avec lui. A cet instant, il entend les mots de son colocataire. Il émet un rire bref, apparait dans le chambranle de la porte contre lequel il s’adosse. Rien n’a jamais chez Homère, il est toujours vêtu de ce tee-shirt trop grand pour lui –surement à Cornélius d’ailleurs- et de son caleçon. Il le fixe, avec cette lueur amusée dans les yeux.

« Bonsoir à toi aussi, chéri. Content de voir que tu te portes à merveille. »

Homère se décolle du chambranle et entre dans la pièce en faisant attention où ses pieds se posent. Il dandine des hanches, roule du cul plus qu’il ne devrait être permis. Il jette un long regard circulaire pour jauger l’état du salon, hochant légèrement de la tête comme pour approuver quelque chose. Il note dans sa tête que les bouts de verre du feu-cendrier ajoutent à l’œuvre un petit côté très dramatique, il a donc bien fait de ne pas les ramasser. Finalement, il se tourne à nouveau vers Cornélius, tout en se tenant à distance raisonnable. Il imagine les multiples possibilités que vont engendrer ses propos, et ne veut pas être victime malencontreuse en étant trop proche pour les pires d’entre elles.

« Tu aimes ? » D’un ton se voulant hautement séducteur, laissant entrevoir d’autres sous-entendus possibles tandis qu’il le fixe d’un œil aguicheur. « La nouvelle décoration. Je me suis inspiré des plus grands artistes pour cette nouvelle œuvre. Je trouve cette création particulièrement réussie, n’est-ce pas ? Et à la pointe de l’architecteur intérieure, très fashion. »

Homère retient le rire qui pointe à sa gorge et lui provoque ses spasmes sur son visage. Il aime se foutre ouvertement de la gueule de l’Art ainsi. Il ne peut faire autrement, il se sent obligé. Tant pis si Cornélius le déteste à cause de ça. Homère est persuadé que même s’il adorait l’art, le peintre le dédaignerait toujours autant. Il ne sera jamais rien de plus qu’une pute pour lui. Alors l’auteur se venge comme il peut, il le taquine sur les sujets sur lequel il le sait sensible. Cela l’amuse tellement.
Homère passe de Cornélius à la pièce, à nouveau. Son regard tombe sur les morceaux de cendrier éparpillés pas loin d’un mur. Son sourire s’allonge, et il les désigne du menton.

« Regarde. » Il pointe du menton les débris. Ceux de sa rage. Ceux qui témoignent de son inutilité. « Je trouve que le verre apporte un petit côté dramatique à l’ensemble de l’œuvre. J’aurais préféré qu’ils soient rouges au lieu de transparent, pour s’accorder à la couleur des rideaux, mais je n’avais pas sous la main. Enfin, c’est aussi le travail de l’artiste de faire à partir de ce qu’il a dans son ateli-»

Les violents tambourinements de porte l’empêchent de finir sa phrase. Il se tourne, intrigué. C’est à ce moment qu’il se rend compte que la musique tourne, toujours aussi forte.

« C’EST PAS BIENTÔT FINI CE BOUCAN, ON AIMERAIT NE PAS AVOIR A SUPPORTER VOTRE PUTAIN DE MUSIQUE ! METTEZ MOINS FORT, UNE BONNE FOIS POUR TOUTE OU ON APPELLE LES FLICS ! »

Homère fixe Cornélius à nouveau. Un rire bref traverse sa gorge. Il ne bouge pas. La musique continue de hurler. Ce n’est pas important.
 
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty26.07.12 11:53

Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Captur12


« C'est au coeur de la souffrance qu'on trouve le meilleur de soi.»

L’appartement subissait les résidus d’une torpeur lourde. Un silence indicible se glissait entre les rideaux, dans l’air que charriait la large fenêtre balconnière, tandis que Cornélius posait sur le champ de bataille un regard à faire pleurer les morts. Il n’était pas content. Lentement, l’idée de renoncer à sa cigarette pour la coller dans l’œil d’Homère fit son chemin. Lentement, son homonyme pacifiste lui intima qu’il pourrait le regretter. Pourtant, lorsqu’il rencontra le regard malicieux du jeune écrivain, qui semblait clamer qu’il avait accomplis là l’œuvre de sa vie, son corps se tendit dans un effort lamentable pour ne pas trouver plaisant l’image de ce sale petit connard, hurlant de douleur sur le sol consumé d’ordures, implorant son pardon et la cessation d’une souffrance justement méritée.

Cornélius mobilisa tout ce qui lui restait de volonté pour renoncer à une violence excessive qui lui aurait certainement value de terribles représailles et de lourdes responsabilités. Un peu de culpabilité, aussi. Il respira lentement, comme son médecin lui avait dit de le faire en de pareils cas, pour juguler les battements de son cœur et combattre le tremblement de ses mains. Il fut tenté d’en référer à la pratique médicamenteuse pour s’assurer qu’aucun autre objet ne subirait d’efforts dommageable au cours de la discussion mais estima qu’il était trop tard.

Les sablés jonchaient le sol, s’étalaient sur le tapis de l’entrée jusqu’au mur contre lequel ils avaient chutés. Certains avaient été négligemment écrasés et formaient comme un tas informe de miettes agglutinées, dans lesquels était imprimé la trace du pied nu d’Homère, signature vindicative de sa grande oeuvre. Le canapé était à moitié violé, sa peau arrachée sobrement, elle pendait mollement sur l’accoudoir et se balançait doucement au grès de la brise. Et le cendrier, ce pauvre cendrier éclaté contre le mur, les tripes à l’air, décomposé en larges morceaux coupants, qui avait marqué la plinthe d’une balafre qui ne cicatriserait jamais. L’appartement était couvert de ces scarifications que des objets contendants, lancés au hasard, avaient imprégnés sur la peinture.

La musique vomissait toujours.

Et au milieux de ça, Homère. Homère que Cornélius dévisageait par dessus ses larges cernes, les joues minces et pâles comme du plâtre tendues par une colère tout juste contenue. Homère qui semblait totalement satisfait de la réaction de son hôte. Le peintre comprenait une partie de la démarche. Il comprenait pourquoi le garçon semblait si heureux de le voir là, le corps figé au milieu des débris du salon, ne sachant où poser des yeux qui jetaient des éclairs noirs. Le pauvre Homère qui n’avait pas eu droit à son content d’attention lorsque Cornélius était rentré se vengeait désormais avec ce large sourire qui lui donnait un air idiot, content de voir qu’il parvenait à énerver profondément Cornélius. C’était son seul but. Ca, Cornélius ne le comprenait pas.

Silencieux, se refusant presque à faire l’effort de couvrir la musique rugissante qui semble venir de bien loin à présent, il le dévisage. Il lui a volé un tee-shirt. Un de ceux qu’il lui avait demandé de ne pas prendre. Il y en a peu, tout juste trois, mais Homère prend toujours garde à s’approprier ce que Cornélius lui demande de laisser tranquille. Lui demander gentiment de ne pas toucher à quelque chose et la façon la plus sure de le voir le subtiliser pour se venger d’une colère ou d’un peu de jalousie. Il se déhanche comme une putain, agite le bassin, l’aguiche d’un regard de professionnel. Cornélius reste profondément stoïque, indifférent à ses artifices. Il est beau, oui. Mais il l’a mit trop en colère pour que Cornélius s’amuse de ses charmes, et il se demande où il a apprit tout ça.

D’ailleurs, son petit manège sonne atrocement ironique. Comme une catin luxueuse qui établirait ses contacts au milieu d’une décharge. Cornélius lui administre un regard furieux, à la limite du dégoût censé lui faire comprendre que tout ça ne l’amuse pas.

Tu aimes ? Cornélius voudrait lui écraser son poing au milieu du visage. Tu aimes ? Petit con, va. Joue donc avec le feu tant qu’on te le permet encore. Tu adoptes à merveille le rôle du giton capricieux et cruel. Larde moi de tes méchancetés si ça peut te donner l’illusion d’être utile à quelque chose. Mais un jour, Homère. Un jour. Quand cette passion fusionnelle se sera tarie, quand ce feu brûlant qui rugit au fond de mes entrailles ne sera pour toi plus que des résidus de cendres grasses. Quand ton absence ne sera plus une douleur lancinante me coupant la respiration mais un soulagement comme il n’en existe plus. Quand l’amour brûlant que je te porte aura disparut, ne laissant que la haine. Ce jour là tu comprendras pourquoi tu as causé ta perte.

- Le « fashion » n’est pas de l’Art et pour t’inspirer il faudrait déjà que tu connaisses, mon pauvre ami. » C’est comme une bile qu’il crache avec tout le dégoût du monde. Son visage reflète une grimace étrange, comme s’il sentait une odeur nauséabonde émaner du garçon qui sourit inlassablement.

Il est fou de son sourire.

- Regarde, » Cornélius hésite et détache en calculant les yeux du garçon, à la manière de ceux qui se méfient d’un coup de couteau traîtreusement appliqué. Il fait disparaître Homère avec une lenteur méfiante en se préparant presque à recevoir un coup de pied au moment où il aura détourné la tête. Mais l’écrivain s’en abstient et se contente de lui désigner le cendrier. Ca ne fait pas rire Cornélius. Il reste sombre, furieux, le cœur déchiré entre l’envie pressante de le mettre à la porte et ce besoin irrépressible encore écrasé sous la colère de tout lui pardonner. Un hurlement interrompt Homère au moment où Cornélius, vaincu, s’apprêtait à lui couper la parole pour lui vomir sa haine. Le peintre n’attend rien, ne regarde même pas Homère, il file vers la porte d’un pas rageur et ouvre brutalement.

La fureur dans son regard, ses yeux comme deux trous noirs rendus presque fous, les cheveux ébouriffés, la cravate défaite. L’homme semble voir apparaître devant lui un démon sorti de ses cauchemars. Quelques vagues secondes, il a l’absurde pensé que Cornélius va lui planter un couteau en travers de la gorge.

- La musique… » croasse t-il en sentant une goûte de sueur glacée lui descendre le long des reins. Il baisse les yeux, tente de reculer, le bras prêt à défendre son visage d’un coup vulgaire. Le monstre ouvre la bouche, montre les crocs, s’apprête à souffler sur lui un jet d’acide mortel.
- Désolé. »

Et il referme la porte.

Cornélius traverse à nouveau le salon sans prendre garde où il marche et coupe la musique. Si le voisin n’était pas intervenu, il aurait certainement lancé sur la chaîne le second cendrier –celui en marbre- pour la faire taire définitivement.

Il aurait eu tout le temps de le regretter plus tard.

Cornélius regarde par la fenêtre. L’appartement est situé assez haut pour lui laisser une vue dégagée sur les toits de Cassandre. Ca le calme légèrement. Assez pour lui permettre de se retourner vers Homère et de parler distinctivement sans que la rage ne l’étouffe.

- Tu sais ce qui est dramatique, » dit-il comme si personne ne les avait interrompu. « C’est toi. C’est cette connerie permanente qui gangrène ton cerveau au point que tu ne saches plus quoi faire pour me casser les couilles. Tu ne te rends plus compte de l’absurdité de tes actes. Homère est grand, Homère est beau, mais Homère n’a pas conscience de réfléchir comme une huître. Je trouve ça triste, en un sens, tu pourrais être intelligent mais tu t’obstines à être con. » Il allume enfin cette cigarette puante qui l’imprègne jusqu’au fond de son ADN. Puis, comme s’il avait enfin retrouvé cette capacité à la discussion, la patience de se confronter à l’absurde, il demande : « Explique moi pourquoi tu fais ça. »




 
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty27.07.12 0:09

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Il ne peut pas comprendre. C’est ce qu’Homère se répète. Inlassablement il sourit. Inlassablement ses pensées défilent, toujours les mêmes. Il regarde Cornélius. Il ne sait pas quoi répondre, au fond. Alors, il ne répond rien. Il continue d’être amusé. Le crachas que lui insuffle son colocataire comme première phrase de bienvenue ne lui fait aucun mal, réellement. « Moi aussi, je suis content de te voir. Tu m’as manqué. Comment était ta journée ? » Au contraire, il est content, il aime quand Cornélius réagit d’une telle manière. Il passe sa main devant sa bouche, étouffe un rire bref. C’est ça, sa réponse aux insultes de Cornélius. Bien sûr qu’il n’y connait rien à l’Art. Depuis le temps que tu lui répètes, Cornélius. Depuis le temps que tu lui fais comprendre qu’il n’est rien, strictement rien, bien moins que la salope avec qui tu passes ta journée. Homère, c’est juste ta putain. C’est ce que tu lui assènes, jour après jour.
Lui rappeler sa position ne changera rien. Homère sera toujours Homère. Il continuera toujours de chercher plus que ce qu’il ne peut atteindre. Ce qu’il voudrait, il ne l’aura jamais. Cornélius lui a bien fait comprendre depuis le début. Imperceptiblement, son poing droit se sert. La tristesse s’empare de son cœur, l’enrobe de sa noirceur, le serre, l’étouffe. Le regard de dégout que le peintre vient de lui asséner lui donne envie de vomir. Au lieu de ça, il ne fait que sourire plus. Il ne fait qu’appuyer sa position aguicheuse, avec sa main gauche qui a rejoint sa hanche de manière sensuelle. Homère fera toujours le contraire de ce que tu voudras, Cornélius. C’est sa façon de garder le peu de fierté qu’il lui reste. Les quelques gouttes d’orgueil qu’il n’a pas jeté à la décharge lorsque sa mère est morte et qu’il a fallu survivre. Cette intime partie que même Virgile ne peut atteindre avec ses piques et ses insultes qui le transpercent plus profondément encore que tes regards remplis de répugnance. Te contredire, c’est avoir encore une liberté de penser, d’agir. C’est revendiquer sa puissance, sa fierté, celles qu’il n’a pas bafoué en acceptant que tu le traites ainsi sans rien dire.

On ne soumet pas Homère totalement. Ne piétine pas ce qu’il tente de conserver avec tant d’ardeur, Cornélius, tu n’y arriveras pas.

Cornélius éteint la chaine hi-fi avec un calme étrange. Homère est déçu. Il s’attendait à le voir balancer quelque chose pour éteindre ce son infernal. Ils se fixent. L’écrivain déglutit. La peur s’empare de lui, malgré l’habitude. Il ne peut s’empêcher de craindre les mots de Cornélius, à chaque instant. Peut-être que cette fois est la bonne. Peut-être qu’il va enfin lui dire de foutre le camp, une bonne fois pour toute. Il le mériterait, hein ? Homère le sait. Homère ne comprend pas pourquoi il est encore là. Homère veut comprendre, mais il ne veut pas demander au peintre, ce ne serait pas amusant. Il veut tenter de deviner par lui-même les motivations de son hôte.
Ou peut-être qu’il se surestime trop. Cornélius ne doit considérer que comme un objet en plus, une sorte de décoration, quelque chose dont il est fier. C’est juste ça, Homère. Arrête de te faire des illusions. Reste à ta place, elle te permettra de conserver ce à quoi tu tiens encore. Ta petite fierté. Ne les laisse pas te la bouffer. Ils n’ont pas le droit. Tu aimerais leur faire payer. Tu ne peux pas, tu as décidé de ne rien faire dans cette vie. Assume ta connerie, Homère. Tu es amplement satisfait, au fond. C’est pour ça que tu souris encore et toujours.

Les mots ont sonné. Homère est soulagé. Il rit, brièvement. Regarde Cornélius avec cet air amusé, heureux presque.

« Parce que cela m’amuse. »
Parce que j’aime savoir que c’est moi que tu regardes. « Parce que je m’ennuyais. » Parce tu n’as pas le droit d’aller voir cette salope. « Parce que je trouve cette nouvelle décoration beaucoup plus jolie. » Parce que j’ai beau être ta pute, je ne me laisserai pas faire, Cornélius. « Tout est toujours si sobre ici, un peu de changement ne fait de mal à personne, Corny. »

Son petit surnom, celui qu’il déteste, celui que tu adores parce qu’il le déteste. Homère lui sert un sourire triomphant, un vrai, celui qui dit qu’il est content de raconter autant de conneries en aussi peu de temps. Il se moque de savoir si Cornélius le croit ou pas. Qu’est-ce que ça changerait ? Homère danse sur ses pieds, il se rapproche prudemment de son peintre. LE sien, celui de personne d’autre, n’est-ce pas ? Non, bien sûr que non. Il aime croire ça, mais au fond, c’est totalement faux. Son cœur se serre un peu plus. Il admire les traits pâles et fatigués de Cornélius fumant. Il le trouve d’une beauté extraordinaire, en cet instant. Son visage s’adoucit, très brièvement, devant le tableau qui s’offre à lui.
Puis il revient sur Terre, brusquement. Il en avait presque oublié la liste d’insultes que le peintre vient encore de lui décrire, de son air dégouté et blasé, comme s’il parlait à un monstre qu’il peine à regarder dans les yeux. Cela le fait rire, encore, toujours plus. Homère, un monstre. Etrange paradoxe, mais peut-être est-ce bien la vérité.

« Je te prie de m’excuser de ne pas être un grand artiste comme toi. » Il dit ça ironiquement, mais tout au fond, il le pense. « Cela ne fait pas de moi quelqu’un de con pour autant, Corny. Mes motivations n’ont rien à voir avec l’intelligence. Je suis intelligent, bien plus que toi, même. »

« Moi au moins je ne cherche pas quelque chose d’impossible à atteindre. » Ces mots sont sur le bout de ta langue, mais tu les retiens. Tu sais que ce n’est pas le bon moment pour les caser. Ils viendront plus tard dans la discussion, comme toujours, à l’instant où il s’y attendra le moins et où cela fera le plus mal. Tu te venges, Homère, tu te venges de choses aussi simples que de l’ignorance subie tout à l’heure, ou plus simplement du parfum de cette pétasse qui remplit tes narines alors que tu as effectué un autre pas en direction du peintre, réduisant la distance à un mètre environ.
Homère la sent. Homère ne la supporte pas, cette odeur. A cet instant, son sourire devient atrocement cruel, cachant à peine ce dégout qui s’affiche sur son visage en sentant ce qu’il ne voulait pas. Cela le rend fou de rage, bien plus encore que le fait d’être ignoré au profit d’une toile blanche. Tout mais pas ELLE. Et il se contient de hurler sa haine, encore une fois. Plus tard, quand Cornélius se sera calmé, quand il lui aura pardonné le bordel qu’il a causé. Ce n’est qu’une question de temps, n’est-ce pas ?

« Enfin, si tu n’es pas content, tu peux aussi aller retrouver et sauter ta copine là, celle avec qui t’as encore passé la journée. » Changement de registre de langage, dit de la plus amusée des façons, avec cette touche de faux désintérêt qui rend le tout atrocement insupportable à entendre.
 
Cornélius D. Lacroix
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty27.07.12 23:54

Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Captur12


« C'est au coeur de la souffrance qu'on trouve le meilleur de soi.»

Un lupanar miteux dans une rue flétrie de Cassandre. Toutes les filles qui s’y entassent transportent avec elles une syphilis de circonstance. Aucune n’est meilleure que l’autre : elles sont grasses, laides, vieilles, bourrées de cellulite et la cuisse glabre et fanée. Mais lorsqu’on pousse plus avant, lorsqu’on gravit les trois étages, qu’on transpercent ce mur qui sent l’urine jusqu’aux balcons supérieurs, on accède au Paradis. Ici, les filles sont belles, gracieuse, fines. Elles ont la peau blanche comme le marbre le plus pur. Leurs lèvres, bordées de rouge, sont charnues comme des fraises et appellent au baiser. Leurs gestes sont loin des disgracieuses caresses de leur cousines d’en dessous. Elles ont les yeux qui s’ouvrent comme deux boutons de fleurs au milieu de visages pâles et doux, et de leurs voix suaves, elles vous invitent tendrement à vous laisser aller.

Cornélius regarde Homère, et il se souvient de ça. De ce lupanar pommé au milieu de la ville, sombre où les cafards habitent les lits autant que les femmes qui se vendent à l’étranger. Il inscrit ses traits dans sa mémoire, sa bouche fine, son menton sans angles, ses pommettes rehaussés d’un rose pâle confondant de stéréotype. Il regarde ses yeux, bleus, profonds, moqueurs. Electriques. Il regarde ses cheveux dorés, ses épaules comme deux goûtes de perfections, ses mains sensuelles. Il regarde son petit déhanché érotique. Il le regarde se donner des airs féminins censés mettre en valeurs la perfection d’un physique exploité à l’extrême. Il regarde tout ça d’un œil indifférent, conscient qu’Homère lui présente là sa seule véritable qualité. Il voudrait lui dire « Arrête. » Arrête de ressembler à ces putains de la Rue Magenti, arrête de te confondre avec ces petits gitons blonds qui se cachent au chaud sous les soutanes des prêtres. Arrête de vendre ton âme pour une bouchée de pain.

Ca ne l’excite pas. Il trouve simplement ça dégueulasse.

- C’est pas la connerie qui t’étouffe, » Réplique le peintre en tirant une latte de son mégot puant. Il ne détache pas son œil sombre du petit garçon perdu qui hante son salon comme un fantôme. Un fantôme qui veut absolument se faire remarquer. « Un sale gosse. » Il secoue la tête. Homère est un gamin immature qui traîne ses savates de gites en gites. Comme un gamin immature, il a des caprices et ne sait rien faire d’autre que sucer et causer le trouble pour attirer l’attention. Pour dire, « je suis là, regardez moi. Moi aussi, je peux faire de grandes choses. » Cornélius n’en doute pas. Il abrite une part de tristesse que le gamin lui cause, de jour en jour plus vaste lorsqu’il réalise qu’Homère se complet dans sa médiocrité.

Il ne sait plus comment le tirer de là. Il a essayé la diplomatie. Il a essayé les menaces. Il a engagé des guerres. Il a tenté des trêves. Maintenant, vétéran sur le champs de bataille, il compte les heures et se résigne, las, à jouer le jeu que lui imposer le Seigneur Homère. Il l’insulte sans aucun espoir de le voir réagir. Le Seigneur Homère a déposé sa graisse sur le lieux de sa conquête et se contente de sourire face aux vains assauts que Cornélius lui porte. Il n’est rien de plus qu’un vilain moustique qui le pique de temps en temps. Ca le démange un peu, ça peut l’irriter vaguement. Mais c’est tellement plus simple d’ignorer ce petit insecte insignifiant. Plutôt que l’insecte, le message qu’il tente de faire passer.

Qu’est ce qu’on moustique pourrait bien raconter d’intéressant, de toutes manières ?

- C’est pas de la déco, c’est de la merde en barre. » Il pousse négligemment du pieds un bris de verre, triste résidu du cendrier. Il l’aimait bien, ce cendrier. « Je m’attends plus à ce que tu sois capable de produire autre chose, de toutes manières. Alors, bravo. Bravo. C’est splendide. Splendide, putain. » A nouveau, Cornélius regarde autours de lui. Il n’est pas matérialiste, mais Homère dépasse les bornes. Comme toujours. « Tu as ravagé ce salon. Et ça t’as amusé de le faire. Tu t’es dis, « chouette, Cornélius va avoir envie de me balancer par la fenêtre. » Ne dis rien. Contente toi de sourire bêtement, tu n’es bon qu’à ça. Je sais. Tu as réfléchis toute la matinée à la meilleure manière de me rendre fou de rage. Et tout ce que tu as trouvé, c’est ça. Renverser les meubles. Briser les objets. Tu peux encore te rouler par terre en chialant comme un morveux, ça complétera le petit drame ridicule que tu es en train de me pondre. Quelle tristesse, Homère, quelle tristesse. » Cornélius arpente la pièce, en appréciant le calme glacial qui s’est glissé dans sa poitrine. Jusqu’au moment où il se transforme en aiguille acérée qui lui perfore le cœur. Il est rendu insensible par trop de douleur, Cornélius. C’est ce qu’il voudrait croire. Mais cette souffrance lancinante qui le poursuit partout et qu’Homère stimule par ses remarques stupides lui prouvent à chaque instants qu’il se trompe.

Il sent poindre la réplique. Elle s’immisce dans toutes les conversassions. Inlassablement, il faut parler du but de Cornélius Lacroix. La quête de Cornélius Lacroix. On vous a dit, ce que traquait Cornélius Lacroix ? Vous savez pourquoi Cornélius Lacroix est fou ? Putain, il voudrait les faire taire, tous ces connards. Une bonne fois pour toute. Vous savez ce qu’il vous dit, Cornélius Lacroix ?

Exacte.

- Fabuleux. J’attends avec impatience le moment où ton intelligence trouvera le courage de surmonter la merde qu’abrite ton cerveau. Tu sais, celle qui obstrue ton jugement. Celle qui te fais faire des trucs comme ça. » Il désigne le salon d’un geste large. « Je ne doute pas de ton intelligence, Homère, il serait simplement temps que tu te sortes les doigts du cul pour prouver au monde qu’elle existe. » Lance Cornélius sans sourire. Il a peu d’espoir que ses propos heurtent quelque chose chez le garçon. « Et puis, c’est quoi, tes motivations ? Est ce que tu en as seulement ? » Ca ne lui a jamais paru évident. Il les cherche encore, pour être juste. Homère semble avoir décidé que l’unique ambition qui guiderait sa vie serait de trouver quelqu’un d’assez désespéré pour s’attacher à lui.

Et trop con, surtout, se dit Cornélius au moment précis où Homère crache son fiel. Alisson. L’éternel sujet de discorde entre les deux hommes. Cornélius est indifférent à la jalousie d’Homère parce qu’il estime qu’elle n’a pas lieux d’exister. Alisson a des qualités qu’il ne se donne pas la peine d’avoir, point à la ligne. Il se ferait un plaisir de lui apprendre tout ce qu’il sait, de partager sa passion avec lui, de lui donner toute la part de son âme qui lui est destinée. De lui transmettre. Homère ne veut pas faire d’efforts. Il n’aime l’Art que pour en rire. Pour Cornélius, le sujet se clôt ici. Mais le garçon ne semble pas saisir que le problème vient de lui. Homère a toujours quelque chose à revendiquer. Cornélius remet négligemment la couverture sur le canapé. Ca fait des plis. Il s’en fiche et s’asseoir mollement. Il n’a jamais su se tenir vraiment correctement. Il a toujours une espèce d’air alangui, un peu relâché, qui le fait passer pour un riche mal éduqué. « Ha, et le voilà, le moment où tu te roules par terre. » Il soupire. Il ne se justifiera pas face aux accusations d’Homère. Elles sont trop absurdes pour qu’il éprouve le besoin de le rassurer. Alors il éssait, comme toujours, de partager avec lui ce qu'il a vu. Maladroitement. « On est allé voir une expo minable… » La fin de sa phrase se perd dans un souffle. La présence écrasante de ce tableau fabuleux lui administre une nouvelle gifle. « Minable… » Murmure t-il.







 
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty28.07.12 4:10

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Un rire, un nouveau, qui s’étouffe dans sa gorge. La gangrène du rire, la maladie de l’indifférence qui s’empare de lui à chaque fois que Cornélius ouvre la bouche pour tenter de le ramener à la réalité. Le virus prend possession de son corps, se traine dans ses jambes, remonte dans son ventre, chatouille sa poitrine pour lui insuffler une nouvelle bouchée d’insensibilité. Il le fixe. Il voit dans son regard tout le dégout que Cornélius a pour lui. Homère ne peut que le comprendre. Homère fait tout pour se faire détester, continue son petit manège. Il sait parfaitement que le peintre n’aime pas la position aguicheuse qu’il prend. Cela lui donne juste envie de continuer son petit manège, de le mener plus loin encore. Homère ne s’arrête pas. C’est ainsi. C’est son destin, sa triste réalité.
Homère est seul, atrocement seul. Il regarde les autres, mais ne les suit pas. Il se contente de rire d’eux, de leur sourire sarcastiquement, de leur asséner les quatre vérités en face. Homère erre. De maison en maison depuis que sa mère a disparu, il subit la triste réalité de Cassandre. Il doit revivre son destin d’aède, son parcours solitaire et aveugle dans un monde qui l’accepte pour une chose et le rejette pour le reste. Dans le temps, il s’agissait de ses merveilleux contes. Aujourd’hui, tout simplement sa beauté. Cette beauté que Cornélius regarde en ce moment avec indifférence, dégout, presque haine, comme s’il le lui rapprochait. Homère accuse, en silence. C’est ce qu’il n’aime pas, chez Cornélius. Qu’il rejette la seule chose pour laquelle il a de la valeur aux yeux des gens. Que devient-il alors ? Moins qu’une pute. Il n’existe plus de mots pour le décrire alors, même « rien » représente trop. Cornélius détruit sa qualité. Cornélius refuse ce qui devrait être sa seule raison de le garder encore sous son toit. Cornélius l’a sauvé de la solitude. Cornélius l’a repêché de l’Enfer de son destin. Et maintenant, Cornélius ne sait pas qu’Homère ne se sent jamais aussi seul que quand le peintre lui parle avec autant d’indifférence.
Si Homère avait été dans la rue, à cet instant, il aurait levé les yeux au ciel pour regarder la lune. Il aurait souri de manière douce, sensible. Il aurait pensé qu’il ne pouvait rien faire d’autre que d’accepter son destin, et il aurait continué de marcher malgré la fatigue qui engourdissait chacun de ses muscles. Il se serait laissé aller, il aurait peut-être ri innocemment, joyeusement.

Homère est en face de Cornélius, et son visage est toujours le même. Il n’a pas le droit de montrer ce genre d’émotions. Il faut tout simplement qu’il reste à la place de catin qu’il occupe, bien que Cornélius considère qu’il vaut encore moins que ce titre.

« Ho, tu sais, je suis bon à plein d’autres choses. » Regard vicieux, voix remplie de sous-entendus. Homère tue son orgueil dans l’œuf. Homère réduit sa fierté à néant, tout ça pour n’attirer que plus de haine. « Si seulement tu me laissais te montrer ce dont je suis capable. » Ton déçu. Il joue la comédie pour déguiser la vérité affligeante. « Oh, tu prétends me connaitre si bien que tu devines mes pensées, maintenant ? Je ne nous savais pas si intimes. » Il siffle. Il exprime son mécontentement face à cette situation qu’il ne lui convient pas, qu’il ne comprend pas. « Alors, peux-tu me dire à quoi je pense en ce moment ? »

Homère hausse les sourcils, lance son plus beau sourire, passe la main dans ses cheveux d’un faux air nonchalant. Homère fait croire qu’il ne pense qu’à ça. Au fond, à cet instant, il désire juste comprendre, savoir pourquoi Cornélius le considère comme un objet de collection si sa beauté ne l’intéresse pas. C’était ça, la signification de cette pièce mise en ruine. Tous ses objets de décoration, envoyés contre le mur, fracassés, pour montrer à quel point ils sont fragiles. Homère regarde le cendrier, un bref instant. Il se demande quand arrivera le jour où lui aussi se trouvera dans un état aussi lamentable, abandonné à la colère d’un seul homme. Un frisson parcoure son échine. Il ne veut pas penser à ça. Il ne veut pas penser à ce jour fatidique où il reprendra le chemin tragique de son destin, parce que le combattre ne lui convient pas.

Homère s’est juré de ne rien entreprendre dans cette vie, et il compte tenir cette promesse. Le souvenir des années de solitude que lui procuraient son ancienne vie suffisent à lui donner envie de vomir. Si seulement Cornélius savait. Si seulement Cornélius pouvait comprendre pourquoi il ne veut plus créer. Cela ne lui a jamais apporté que de la solitude. Homère déteste la solitude, contrairement à ce que tout le monde pense. Homère aimerait juste être comme les autres, avoir des amis et une petite amie. Homère ne peut pas. Homère est obligé d’ouvrir sa gueule, de créer ce rempart autour de lui. Homère doit errer seul et subir les crachas de Virgile dans sa gueule.

Mais ça, Cornélius ne le saura jamais. Il n’y a pas besoin de lui dire. Ce n’est pas le rôle d’Homère, il doit savoir rester à sa place.
De toute manière, Cornélius donnerait raison à Virgile. Homère n’a pas besoin de ça.

« Je n’ai rien à prouver à personne, Cornélius. » Son ton se fait plus sérieux qu’il ne l’aurait voulu. Ses poings se serrent, son sourire se fige. Il regarde son peintre s’assoir sur le canapé, reste debout à le fixer, cette lueur d’amusement disparue. « J’ai déjà fait mes preuves, et il se trouve que je suis bien au-dessus de ça, tu vois. Enfin, ce n’est pas comme si tu pouvais comprendre. » Toi, Cornélius, tes peintures sont magnifiques. Toi tu as un but dans la vie. Toi, tu m’as sauvé. Moi, je n’ai rien fait, sauf t’admirer, et te pourrir l’existence. « Mes motivations ? » Il lâche un rire bref, sans joie. Il cherche sa réponse à toute vitesse. « Rien de bien intéressant pour quelqu’un d’aussi riche, occupé et intelligent que toi, mon cher. » Simplement te voir. Que tu lui parles. Mais tu le sais déjà, hein ? Alors pourquoi tu lui poses cette question ?

Homère se demande parfois pourquoi les propos de Virgile le touchent autant alors que ceux de Cornélius le laissent complètement de marbre. Pourquoi est-ce que cette petite pute, cette infâme pourriture de romaine qui l’a copié et s’est approprié son travail lui pourrit la vie les rares fois où il la croise, tandis que les remontrances quasi-quotidiennes du peintre n’ont aucun effet sur sa personne.
Cependant, il y a une chose qu’Homère ne supporte pas, c’est de se sentir inférieur à cette pute d’Alisson dont il ne crache pas même le nom. De savoir que Cornélius la trouve plus intelligente, ou bien préfère sa compagnie simplement, cela le rend complètement malade de jalousie. Il ne devrait pas. Sa place est sur une étagère avec les autres objets. Est-ce que le cendrier a demandé son pardon avant d’être fracassé contre le mur ? Est-ce qu’il l’a supplié à genoux, en a appelé à son bon sens, à son amour pour éviter une telle catastrophe ? Non, il a su garder sa place, il a subi en silence la rage de l’ancien écrivain. Homère devrait prendre exemple sur lui.
Il ne peut tout simplement pas. Pas quand la réponse de Cornélius est aussi simple, aussi détachée. Aussi indifférente. Voilà. Cornélius ne comprend pas qu’il puisse juste éprouver des sentiments. Là est la preuve.

« T’avais qu’à partir si ça te faisait chier. Te connaissant, t’avais surement des trucs plus intéressants à faire. » « Je voulais juste te voir. Je voulais juste que tu sois là. » Toutes les paroles pleines de bon sens et de vérité restent coincées dans sa gorge. Il ne peut sortir que son inlassable crachas envers l’objet de sa haine. « Ah, j’oubliais, elle était là. Alors, que ce soit minable ou pas, ça ne devait pas avoir grande importance. » Ton cynisme cache ton dégoût. Ton corps te trahit, il tremble.

Tu aimerais bien lui expliquer pourquoi, mais tu ne peux pas. Les mots sont encore coincés dans ta gorge.
 
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« C'est au coeur de la souffrance qu'on trouve le meilleur de soi.»

« Les hommes sont des tigres et des loups animés les uns contre les autres. Ces mains empressées qui serrent votre main sont des griffes acérées prêtes à s’enfoncer dans votre cœur. » Ces mots lui reviennent en mémoire alors qu’il fixe le sol, les mains jointes. Des mots qu’il se souvient avoir écrit il y a longtemps. Si longtemps que quelque chose lui souffle doucement que ça n’a peut être plus aucun rapport avec ce qu’il est aujourd’hui. Ca le démange. Ca le gêne. Profondément, ça le rend triste. Un mensonge creusé avec le goût des larmes. Delacroix, qui est ce ? Un grand disparut d’un autre temps. Un génie d’ailleurs. Une figure passée, un spectre lointain que Cornélius admire et envie de toute son âme. « Les hommes sont des tigres. » Cette pensée le traverse, le transcende, surgit dans son esprit où elle est enfouie depuis des années, des siècles, lui semble t-il. Il fixe Homère et accepte brutalement.

Il est Eugène Delacroix.

Ca ne durera pas. C’est comme un peu de poussière qu’on efface du dos de la main. Comme un coquelicot fané qui laisse tomber ses pétales. Comme un pissenlit blanc soufflé par la brise. C’est un oui fugace, soufflé du bout des lèvres entre deux hurlements. Il sera Delacroix pendant quelques secondes. Et la douleur disparaîtra. « Un volcan en ébullition sous un manteau de glace ». C’est lui, c’est exactement lui. Et c’était Delacroix avant lui. Au même instant, il se souvient de ce voyage qu’il a fait au Maroc, un peu après avoir peint La mort de Sardanapale. Il se souvient de cette frustration de n’avoir pu approcher les femmes musulmanes et de ce harem chatoyant qui lui avait soulevé l’âme. Il se souvient de s’être écrié « C’est beau ! C’est comme au temps d’Homère. »

Il le cherche, ce temps d’Homère, en fixant son petit protégé. Une allumette tout juste consumée. Le corps comme de la glaise. Il lui suffirait de souffler pour qu’il s’effondre. Souffler, mais souffler quoi ? Il l’ignore. Il voudrait pouvoir ébranler un peu ces fondations de mortier fondu, cet échafaudage de paille consumé par le brûlant désir de s’épanouir dans le néant. Où est il, ce temps grandiose où tu contais avec ferveur, Homère ? Où la création foisonnait autours de toi, si puissante que tu ne pouvais la contenir ? Où est elle, la grandiose ingéniosité de ta création ? Où est ton Art, Homère ? Cornélius cligne des yeux pour la faire apparaître. Comme s’il lui suffisait de plisser les yeux pour détacher la supériorité d’Homère le Créateur comme on visualise la Lumière qui se détache de l’ombre. Mais il ne voit rien. Rien d’autre que son giton engouffré dans sa pause de putain. Il soupire.

Il sait, lui, qu’Homère est encore doué des qualités que lui a donné sa première vie. Il attend avec désespoir le moment où il l’assumera enfin. Où il aura le courage de se mesurer à son propre génie.

Mais non. C’est tellement plus simple de prostituer son corps. L’esprit ne risque rien. Rien d’autre que la salissure de ton propre orgueil, Homère. Une tâche dégueulasse qui s’étend sur ta fierté. Tu n’es plus qu’un être minable, complaisant avec les autres, les yeux plongés dans l’abîme puante des condamnés à l’errance.

- Ho mais je ne demande que ça, voir ce dont tu es capable. Chaque instant de ma vie est un perpétuel suspens. Chaque jour, je me demande si quelque chose d’intéressant va enfin surgir de tes mains, » crache Cornélius lorsque le garçon tente le faire rentrer dans l’un de ses infatigables jeux pervers. « Mais tu me déçois toujours. Parce que je te retrouve à chaque fois vautré dans ce canapé comme une vieille loque puante, à peine pubère, à regarder dans le vide et sourire comme un con. Et chaque jour je soupire dans mon âme en me demandant ce que le monde va pouvoir tirer de toi. Quelque chose d’autre que cet éternel besoin de me prouver que tu sais écarter les cuisses et tendre le derche pour te faire une place et glaner un peu d’orgueil. Tu as conscience de te faire honte, Homère ? De te manquer de respect absolument constamment ? Qu’est ce que tu cherches, avec tes sous entendus de catin ? Le paradis, je ne le trouverais pas dans tes bras, même si je préfère encore quand tu fermes ta gueule. » Mais tu aimes sa conversation, Cornélius, si seulement elle menait à quelque chose. « Tout ce que tu es capables de créer c’est ce foutoir informe. C’est toujours la même chose. Jamais de surprise. La destruction. De toi, de moi, de ce que je possède et de ce que tu sais faire et que tu laisses moisir au fond de ton cerveau de princesse capricieuse. Ca me fatigue. Toi aussi, tu te fatigues. »

Cornélius ne sait plus où il désire aboutir. Tout cela fait autours de lui comme un grand vide dont il n’y a rien à tirer. Ce ne sont plus que des mots cruels jetés au hasard en espérant qu’ils blessent un peu. Cornélius ne sait plus pourquoi il veut lui faire mal. C’est un automatisme qui font naître les formules sur sa langue. Cette conversation, cent fois ils l’ont eu, cent fois ils l’auront encore. Il ne lui vient même pas à l’esprit, du fond de sa lassitude, que peut être Homère veut simplement l’entendre dire qu’il a besoins de lui à ses côtés. Que si Delacroix ne s’est jamais aliéné à personne, il a peur de s’être lui aliéné à Homère. Que sans lui, il ne supportera plus cette frustration ignoble qui lui déchire les tripes et lui fait vomir sa haine. Que lorsqu’il est gentil, sa présence l’apaise et l’oriente.

- Non. Je n’en sais rien. Je ne sais jamais à quoi tu penses, et tes messages… » Il jette un éternel regard désabusé sur la scène de massacre, « sont peu clairs. J’interprète, mon cher. Et comme toute interprétations, il y a de nombreuses failles. Mais peut être pourrait tu m’orienter sur la voie de la vérité, en arrêtant de te me prendre pour un imbécile en me racontant toutes les banalités qui te passent par la tête ? Je sais que tu adores tourner en rond. » Cornélius fatigue, inlassablement. Il parle rarement plus qu’avec Homère, et il n’en a pas l’énergie. Son corps est trop malade pour lui permettre d’autant se dépenser en vaines paroles. Il le sait mais ne peut faire autrement « Bien sur… » Il grince. « Tout est tellement plus simple comme ça. La médiocrité, il ne faut rien pour l’atteindre qu’un peu de patience et beaucoup de honte. La honte, on l’oublie, quand on y est habitué, n’est ce pas ? Qu’est ce que tu crois ? Si le monde marchait comme ça je n’aurais qu’à poser mon cul sur cette chaise et ne plus jamais en bouger. »

Il regrette instamment de s’être pris pour exemple. Une ouverture trop fraîche laissé ouverte à Homère pour deverser son fiel. « C’est ce que tu devrais faire, ta quête est absurde. L’absolution de l’Art mon cul, Delacroix a déjà fait ta part de travail et tu ne pourras jamais faire mieux que lui. Tu ne pourras jamais rien faire tout court. Parce que tu n’es que Cornélius Lacroix, un pauvre barbouilleur de seconde zone qui vend ses toiles une fortune parce que les nouveaux riches Cassandrois sont trop cons pour saisir que tu te contentes de recracher vainement ce que tu as dans tes gênes. »

Cornélius a besoins de temps pour accepter qu’il est sur le point de créer quelque chose de grand. Qu’il a de Cézanne en lui, Cézanne qui avait lui même du Delacroix. Il lui suffirait d’accepter cela pour se débarrasser de sa haine. Mais s’il y parvenait, il ne pourrait plus peindre. Lacroix ne peint que dans la souffrance.

- En d’autres termes, tu n’en as aucune. Tu me surprends une fois de plus, Homère. Tant d’imprévu en ta compagnie. Tu ne fais aucun effort. » Cornélius soupire profondément et s’installe un peu plus confortablement dans le canapé. Il écrase négligemment son mégot dans le cendrier survivant qui trône encore sur la table en acajou près de l’accoudoir. Et avec une certaine impatience qu’une respiration un peu plus sifflante rend pénible, il tente d’expliquer à Homère la base des relations sociales entre les hommes, dont il ne connaît que peu de choses : « Tu peux haïr Alisson autant que tu veux, tu ne dois ta situation qu’à toi même. Je suis prêt à t’expliquer tout ce que tu veux sur le centre de ma vie, tu vois. Ça ne te passionne pas, je l’accepte. Ho, pire. Tu profites de chaque instant où je risque de parler d’Art pour me cracher ton fiel à la gueule. Étonnement, ça ne me donne pas envie de te proposer de participer à cette face la de ma vie. Si tu es prêt à changer de comportement, à faire un effort pour t’y intéresser je serais honoré de t’élever au rang d’Alisson qui semble vaguement te poser un problème. » Il doit s’interrompre et tente de dissimuler le souffle étrangler qui s’étouffe dans sa gorge. C’est comme s’il avait courut un cent mètre sans bouger du canapé. « Je ne comprend pas comment tu peux me reprocher… Me reprocher de partager ce que tu refuses de prendre au sérieux… Avec quelqu’un d’autre...» Cornélius ferme les yeux, épuisé, sa phrase incomplète suspendue dans l’air. Il a dit l’essentiel.
 
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty29.07.12 16:21

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« Alors Homère, il parait que tu as trouvé une nouvelle personne chez qui étaler ta merde et ta médiocrité ? »
Homère se retourne, fixe Virgile d’un œil mauvais. Un rire traverse sa gorge.
« Alors Virgile, il parait que tu profites t’habiter avec le prof pour te le taper et avoir les réponses aux examens ? »
« C’est tout ce que tu as trouvé ? » Elle rit, elle aussi, et cela est insupportable. « Ce n’est pas parce que tu n’as pas de famille que tu dois insulter celles des autres, Homère. » Il ne répond rien, elle s’approche. « Un homme cette fois. Tu es gay maintenant ? Tu laisses tomber ta fierté jusqu’à te soumettre totalement. »
« Ce que je fais avec mon cul ne te concerne pas vraiment. » Il se retourne. Il veut partir. Sa vue le dégoute profondément.
« Tu ne crois pas qu’il serait temps d’arrêter les frais ? Putain, tu t’appelles Homère. Tu t’appelles Homère et tu fais ta putain parce que tu fuis. Tu n’es qu’un lâche. »
« Ferme ta gueule. Ferme ta gueule. » Il grince des dents. Ne supporte plus d’entendre le son de sa voix.
« De toute façon, quoique tu fasses, tu seras toujours seul. Arrête de fuir, et affronte au lieu de te terrer sous ton costume de putain. Tu me diras s’il en valait le coup hein ? »


___________

Ce souvenir soudain lui transperce le cœur. Homère fixe Cornélius, son insupportable sourire collé sur le visage comme un véritable automate. Il entend. Il perçoit des mots, les plus blessants surement. Le lien vient. La mémoire afflue. Les sarcasmes de Virgile revivent dans son esprit. Il cligne des yeux. Il croit la voir à la place de Cornélius, assise sur ce canapé. Pourtant, cette conversation, ils l’ont déjà eu. Ce n’est pas la première fois que le peintre lui assène ce genre de propos. Ironiquement, il pourra dire à Virgile qu’il ne risque pas de devenir gay à ce rythme-là, et qu’elle n’a rien à craindre pour son cul. Oui, ils croient tous à ce genre de relation entre Cornélius et Homère. Normal, direz-vous, quand on connait la réputation du dernier ainsi que leurs rapports conflictuels. Et même si Homère ne se destinait précédemment qu’aux femmes, qu’est-ce que cela change, au fond ? « Une pute reste une pute. » « Il ne pouvait que descendre plus bas encore dans l’échelle de la médiocrité. » « Lui, Homère ? Il fait honte à tout ce qu’il a pu écrire. Il ne devrait pas exister. » « Heureusement que sa mère n’est plus là pour voir cette décadence. »

Homère se moque de ce qu’ils disent tous. Ils ne peuvent pas comprendre. Il les pardonne, grand homme qu’il est, perché dans sa condescendance, de faire étalage de leur bêtise et de leur inculture. Homère ne s’énerve jamais contre eux pour ce qu’ils profèrent. Ils ne savent pas. Leurs mots sont éloignés de la vérité, leurs phrases sonnent creuses. Cornélius est juste comme eux, dans le même tas d’abrutis qui ne font que contempler l’aspect, qui se complaisent dans cette critique de son être. Homère est au-dessus. C’est pourquoi il pardonne à Cornélius son ignorance. C’est pourquoi il ne réagit pas. Il ne prête pas attention à ce que le peintre pense de lui, il est juste comme les autres. Il ne sait pas.
Virgile sait. Virgile assène la vérité. Parce que Virgile a tout aussi peur de la solitude que lui, parce qu’elle avait peur de devenir comme lui. C’est pourquoi Homère ne dira rien à Cornélius. Il ne veut pas avoir mal la prochaine fois que le peintre lui tiendra ce genre de discours. Il ne veut plus rencontrer ses yeux remplis de haine et se dire « Il sait. Il sait ce dont j’ai peur, et il continue. » Il préfère de loin rire, répondre avec cette désinvolture, réagir comme une catin, plutôt que de sentir cette souffrance, cette honte qui s’abat brutalement sur lui, le vieillit d’une quinzaine d’années, le renvoie dans le passé, le fait marcher dans le désert aride, en quête du prochain village à qui conter les fantastiques mythes. Seul. Pauvre.
Il vit ce sentiment déjà trop souvent à son gout. Il n’a pas besoin de quelqu’un dans cette maison conscient de sa peur, continuant de lui rappeler qu’il n’est rien.

Mais cela faisait quand même mal.

« Mais, au fond, qu’est-ce que ça peut te faire, Corny ? »
Le retour du beau sourire sarcastique. Son assurance vacille, la flamme de sa fierté qui brûle faiblement dans son cœur faillit une fois de plus. Il chancèle, le petit Homère. « En quoi ce que je peux faire de ma vie te regarde ? A t’entendre, on a l’impression que tu as quelque droit sur ma personne. » Et il en a, énormément, plus qu’Homère n’en désirait. « Si tu n’aimes pas ça, si je te fatigue, alors tu n’as qu’à me foutre à la porte. Définitivement. Ce n’est pas comme si j’étais d’une quelconque utilité ici, visiblement. »

Inutile. Rien. Homère ne sait même plus pourquoi il est là. Pourquoi il est venu, pourquoi il est resté. Pourquoi il s’est attaché à Cornélius, au point qu’il ne veut plus s’en défaire. Certes, le peintre l’a sauvé, du moins le croit-il. Mais il existe une autre raison, enfouie derrière cette plate excuse qu’est la gratitude et que l’ancien écrivain s’évertue à se convaincre. Homère a besoin lui. Il le veut à côté de lui. Juste qu’il lui parle, paisiblement. De tout, de rien, de n’importe quoi. Qu’il lui dise quelque chose d’à peu près gentil, ou à défaut, quelque chose qui ne lui rappelle pas constamment que sa place se situe en dessous même de celle de putain dans cette maison. Homère, il a toujours voulu des choses simples, mais il ne sait pas les demander. Tout ce qu’il trouve au bout, ce sont des complications et de la solitude.
Il n’attend rien de bien compliqué, avec Cornélius. Alors il aimerait juste que ce soit la même chose de l’autre côté. Mais tant que Cornélius ne saura pas, il ne pourra pas. Et comme il ne saura jamais, il ne pourra jamais lui demander la simplicité. Homère est donc condamné à cette discussion pour le reste de sa vie, à tenter de vouloir lui faire abandonner cette histoire de « faire quelque chose de sa vie » sans lui expliquer pourquoi. Un jour, tout cessera. Le jour fatidique où le peintre le mettra à la porte. Cette idée doit déjà poindre dans son esprit comme une solution toute trouvée, pense l’ancien aède, rempli d’une soudaine tristesse, une lourdeur dans l’âme. Après tout, c’est lui qui vient de proposer. C’est lui qui s’apprête à renchérir. Il s’agit de son destin, chercher l’isolement, la solitude. Il est résolu.

« La vérité ? Quelle vérité ? Pourquoi devrais-je justifier chacune de mes actions à quelqu’un qui me considère pour encore moins que ce que je suis censé être ? Ça t’amuse ? Tu aimes me rappeler à quel point je ne suis rien ici ? » Il sourit, inlassablement, se rapproche de lui tel un fauve, se plante devant sa personne, le surplombe. « Tu en as le droit. Je ne peux rien répondre à ça. Mais ne t’attends pas à des réponses. Ce n’est pas tourner autour du pot que de te dire que cela ne te concerne pas. Si cela ne te plait pas, tu sais ce qu’il te reste à faire. »

Homère s’est résigné. Il sait qu’il finira seul, une fois de plus. Cornélius n’a aucune raison de le garder ici. Il ne peut lui apporter les réponses qu’il désire. Il ne peut lui dire pourquoi ce salon est un bordel complet. Homère tient plus à la minuscule flamme d’orgueil qui réside au creux de son être plutôt qu’à sa vie avec le peintre. Il a déjà donné beaucoup trop de sa fierté, plus qu’il n’aurait dû, pour vivre ici sans toujours savoir pourquoi il restait. Il ne peut avouer sa défaite une fois de plus. Il se bat pour garder ce qui lui reste.
Alisson, une fois de plus, encore une fois. Et là, Homère ne sourit pas. Cornélius a gagné. Cornélius a réussi à lui enlever ce grand sourire insupportable, cette lueur joueuse dans ses yeux. Il en perd même son déhanché de pute. Les mots résonnent, se heurtent à ses oreilles, pénètrent dans son cerveau. Il le savait. Mais cela fait atrocement mal. « Je serais honoré de t’élever au rang d’Alisson ». Il sent qu’on l’étouffe. Il ouvre la bouche, s’apprête à répliquer. Fixe Cornélius dans les yeux, complètement perdu. Il ne sait pas quoi répliquer. Le peintre a réussi à le faire taire, enfin. Il doit se sentir fier. Homère n’est plus que l’ombre de lui-même, un petit garçon égaré qui cherche dans les yeux fatigués de son hôte une solution, une réponse. Ce n’est pas vrai. Il n’a pas dit cela. Alisson ne lui ait pas supérieure. Cornélius ne le pense pas. Il a juste répliqué pour tenter de le blesser une fois de plus. Elle n’occupe pas plus de place dans son cœur que lui.

Ses yeux se ferment en même temps que ceux du peintre, brièvement. Il n’a rien entendu d’autre. Tout ce qui résonne dans sa tête à présent, ce sont ces mots tous plus dégradants les uns que les autres pour désigner ce qu’il représente aux yeux de Cornélius. Une pute. Un objet de décoration. Rien. Le néant.

« Si c’est vraiment ce que tu penses…. » Il le sait. Il n’y a aucun doute possible dans la tête d’Homère. Il ouvre les yeux, le fixe, sans aucune émotion. Ses poings se serrent. « Alors pourquoi est-ce qu’elle n’est pas là ? A ma place. A boire et rire avec toi à propos de votre Art. » Il crache ce mot à la limite du dégout. Il a peur. Il tremble, légèrement. Sa voix monte dangereusement. « Je ne m’y intéresserai jamais, Cornélius. Tu perds ton temps. Tu ne fais que ça, de toute façon, perdre ton temps, que ce soit pour accéder à l’inexistante perfection, ou avec moi. »
 
Cornélius D. Lacroix
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Métier : Artiste peintre.
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty29.07.12 23:32

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« C'est au coeur de la souffrance qu'on trouve le meilleur de soi.»

Parfois, les gens tombent amoureux les uns des autres. Parfois, ça ne se passe pas comme on le désirerait. Le sentiment ne transcende le couple qu’au cours d’une vague période qui se brise sous l’impulsion d’autres intérêts. Ces autres intérêts peuvent être n’importe quoi : la haine, la trahison, la honte, la peur, la violence, l’argent. Parfois, seul un des électrons qui compose le couple décide qu’il en a assez d’être enfermé dans le carcan établi de la vie à deux et décide de s’en détacher mollement pour finalement disparaître tout à fait, en laissant derrière lui le goût amer des larmes et du regret. Et parfois, le deuxième électron, qui s’est fait amputé de ce qu’il pensait avoir désigné pour sa vie entière comme sa moitié, ne supporte pas cette soudaine solitude que l’égoïsme de son alter égo lui impose, et désespéré, prend la décision de prouver qu’il fait une cruelle erreur en l’abandonnant au milieu de ses craintes.

C’est ce que Cornélius avait appris.

Il y réfléchissait vaguement tout en écoutant Homère parler. Une remarque insidieuse se glissait dans son esprit. Jamais sa vie durant, encore moins dans sa vie antérieur, il ne se souvenait s’être accroché à quelqu’un qui ne voulait pas de lui. L’Art avant tout. C’était, à son avis, le seul amour qui méritait réellement d’être traqué. Sa liberté était primordiale. La vie de couple l’avait toujours étouffé, bien plus dans cette vie. Il ne la supportait jamais longtemps. C’était comme emprisonner un loup sauvage et solitaire dans une cage percluse de carcans sociaux auxquels il ne pouvait se plier, parce que sa nature n’était pas faite ainsi. Jamais Cornélius ne se donnerait la peine de courir après quiconque parce qu’il traquait déjà une denrée infiniment plus rare et plus absolue que tout ce que pouvait représenter l’être humain.

L’être humain, qui était certes quelque chose d’exceptionnel parfois doté d’une splendeur créatrice qu’il aimait profondément. Mais l’homme seul ne pouvait pas tout, et c’était plus sa production qu’il aimait que l’homme en lui même. Il avait toujours du respect et de l’admiration pour l’Artiste. Mais c’était différent de l’œuvre et de la sublimation.

Il concevait donc les crises de jalousies d’Homère, pensait deviner ce qui les produisait, mais ne les comprenait pas. Il les considérait comme des caprices et n’étais pas doté de cette qualité qu’ont souvent les gens bien qui leur permette d’attiser les humeurs des princes comme Homère. Il aurait suffit qu’il lui dise « tu vaut cent fois mieux qu’elle » et le problème aurait été réglé. Mais il ne pouvait s’y résoudre. En fait, il ne l’envisageait même pas. Quelque chose lui soufflait intimement qu’il n’avait pas à s’abaisser à de tels résolutions dans le seul but de faire plaisir à un Homère qui pensait que le monde entier lui était dû. Cornélius était trop dur avec lui même pour se permettre d’avoir de la compréhension envers ce genre d’absurdités. Il n’avait tout simplement aucune foi dans les sentiments vains et pêcheurs dont était fréquemment envahis le jeune écrivain. Cornélius n’était pas possessif à sa manière. Cornélius semblait insensible alors qu’il ne s’agissait que d’une divergence de point de vue sur la manière adéquate de prouver son amour.

Il ne comprenait pas qu’Homère puisse douter de son affection alors qu’il lui pardonnait et lui donnait tout.

L’Art serumainait toujours le plus fort dans cette lutte inégale, bien entendu. Mais au plan h Homère pouvait se targuer de pouvoir faire plier Cornélius Lacroix d’un claquement de doigts, et il en avait conscience. Mais il lui fallait toujours plus. Et Cornélius n’avait pas la patience de s’abaisser à ses plus basses requêtes. Il vivait trop dans le beau et la grandeur de l’esprit pour comprendre ce genre de réactions, malgré son caractère. Homère ne comprenait pas qu’il ne dealait pas avec des gens comme Alisson mais avec l’Art directement. Il ne comprenait pas que le compromis pour obtenir un homme tel que Cornélius résidait dans le fait même d’accepter qu’on ne pouvait le posséder en entier. Parce que cela se résoudrait à étouffer sa création. Ce n’était pas envisageable. Et Cornélius aurait certainement été incapable de l’expliquer au garçon. C’était comme ça, voilà tout. C’était son caractère, sa façon de vivre. Détaché du monde, le cœur dans les astres et l’esprit dans l’univers fabuleux de l’imaginaire. Une vaste évolution de la misanthropie naissante de Delacroix sur la fin de sa carrière. Le complément d’un Picasso qui avait prit de lui et dont il appréciait le détachement affectif. Picasso ne mettait pas l’Art au service de ses femmes mais ses femmes au service de l’Art.

Homère était peut être un outil, mais sans aucun doute le plus merveilleux qu’il soit. Un parcoure douloureux à affronter seul, mais par le truchement de l’artiste, il pourrait l’influencer et lui donner l’occasion de faire de grandes choses. Homère était peut être trop étroit d’esprit pour réaliser sa place, voilà tout.

Le peintre garde le silence, il se contente d’une nouvelle cigarette qui empuantie l’air et fait flotter ses traits de cadavres dans une volute de fumée mystique. Il se tait parce qu’il n’a rien a dire. Il dévisage Homère du fond de son fauteuil. Les deux crevasses que font ses yeux cerclés du noir des insomnies l’accompagnent dans son irritation. Il ne proposera pas à Homère de partir. L’élan profondément dramatique que s’inflige le garçon ne lui dit rien. Ce n’est pas le genre de terrain sur lequel il aime jouer. Malheureusement, on ne fait pas dire à Cornélius Lacroix ce qu’on aimerait entendre. Homère conduit sa conquête avec trop de maladresse pour que le peintre se laisse choir dans son piège.

Patiemment, il attend que la voix du conteur s’éteigne. Il fait durer le silence en se levant pesamment. Il ouvre la fenêtre et prend place sur le rebord, le regard perdu vers l’horizon des toits. La brume disparaît lentement derrière les dernières corniches pour laisser place à un ravissant soleil. Des couleurs splendides que Cornélius apprécie, la chaleur pâle du rayon posé sur ses paupières et son cœur fatigués, avant de rompre ce merveilleux silence de sa voix grave, éraillée par des années de cris sourds.

- Tu te crée ton propre drame. », dit-il presque silencieusement. « Tu te complexes inutilement. Ton imagination trop féconde te donne un rang que je n’ai jamais attribué à personne. » Lentement, il délie une délicate vague de fumée qui se fond courageusement dans la brise. « Je ne pensais pas, moi, dire ça un jour à quelqu’un mais Homère… Il n’y a pas dans le cœur humain une seule place. L’amour n’est pas une denrée limitée, c’est ce qu’il a de fabuleux. Tu n’as pas besoins de te mesurer à Alisson parce que vous n’avez rien en commun. » Cornélius parle tout en étant ailleurs. Loin. Au fond des toiles de atelier de Delacroix. Il imagine un fabuleux tableau de Renoir dont l’ambiance, plongée dans un clair obscur digne de Maupassant, l’apaise. « Tu es ici, elle n’y est pas, parce que c’est comme ça. Parce que c’est ta place, je suppose. C’est tout. » Cornélius tourne à nouveau les yeux vers Homère. Le temps se suspend dans l’air salé qui charrie quelque chose de tendre. « Je ne perds pas mon temps. C’est ma raison de vivre. »

Est ce que ça ne pouvait pas être la meilleure des raisons ? Un témoin universel. Personne ne pourra lui retirer ça. Que ce soit dans la sublimation ou pour Homère, même vaine sa quête n’aura jamais été du temps perdu.



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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty30.07.12 14:34

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Un drame.
Un drame ? Qu’est-ce que ce mot signifie ? Homère n’en sait rien. Le mot résonne dans sa tête, inlassablement. Il ne suit pas Cornélius. Son regard reste fixé sur le mur, devant lui, au-dessus du canapé. Un point bien précis qu’il ne quitte pas. Son cerveau tourne à 300 à l’heure. Il cherche une réplique rapidement, des mots acides. Il cherche à détourner les yeux, à affronter Cornélius comme il se doit. Il ne peut pas. Il ne saurait pas comment le regarder. Tout chez lui marque la confusion, l’hésitation. Homère ne peut se permettre de montrer une telle faiblesse. Il vient déjà de laisser trop transparaitre. Son trouble lui est alors insupportable.
Il a écouté. Il a écouté chaque mot proféré par Cornélius. Il ne comprend rien de ce que le peintre veut lui dire. Il essaie de s’imaginer les sous-entendus, les non-dits. Il tente de lire à travers les lignes, développe chaque phrase pour en faire un paragraphe. Il n’aime pas ce qu’il y trouve. Il n’aime pas l’entendre se dire qu’il se compare à Alisson. Cela est faux, Homère n’a pas besoin de se comparer à quelqu’un qu’il considère déjà comme inférieur. Inférieur en tous points sauf un, celui de la place dans l’esprit de Cornélius. Et en cela, son hôte a beau tenté de déguiser avec hypocrisie la vérité en assurant qu’il n’y a besoin de nulle comparaison, Homère sait. Et Homère hait l’hypocrisie.

« Et après tu dis que c’est moi qui tourne autour du pot. »
C’est ce qu’il arrive à articuler, la voix rauque, calme, toujours sans regarder son interlocuteur. « Tu n’as pas l’impression que c’est l’hôpital qui se fout de la charité, un peu ? »

Il rit, légèrement. Le voilà revenu, le brillant Homère, l’orgueilleux Homère. Celui qui demande des réponses claires et précises, qui s’imagine qu’elles lui sont dues. Cornélius doit répondre. Cornélius doit confirmer ou infirmer ses doutes. Il en a marre. Il veut savoir ce qu’il représente, enfin. Pourquoi il est ici. Cela fait longtemps que l’ancien auteur se demande. Il a tenté de trouver par lui-même. Il a essayé de deviner, a posé diverses questions tordues et sans aucun rapport pour avoir une réponse aussi détournée qui lui permettrait de comprendre. Cela n’a jamais abouti. Il n’a pas eu plus d’informations que s’il avait fermé sa gueule et attendu. Peut-être que c’est ce qu’il aurait dû faire, au fond. Après tout, Cornélius ne vient-il pas de lui dire qu’il préférait quand ce dernier fermait sa gueule ?
Homère ne sait pas quoi penser. Il ne sait pas quoi déduire, et cela l’énerve. Il daigne enfin lever son regard, rencontrer celui du peintre adossé à la fenêtre. C’est un beau paysage, une belle vue. Parfois, l’aède est pris d’une irrépressible envie de conter aux autres les sublimes vues dont il est l’admirateur exclusif. Il s’imagine commencer son récit par une description de cette scène. Il userait de ses « adjectifs Homeriens « , de son célèbre style pour décrire avec précision extrême à quoi ressemblait Cornélius à cet instant, illuminé par ce soleil couchant, les larges immeubles de Cassandre derrière lui. Une vue à lui couper le souffle. Son cœur bat plus vite qu’il ne devrait, et il reste quelques secondes complètement silencieux. Il se demande aussi pourquoi il est aussi faible pour succomber aux charmes d’un homme plus âgé, aux airs miteux, et qui ne fait rien pour arranger son physique.
La question ne se pose pas, il avait l’air beau dès leur première rencontre, bien plus resplendissant que toutes ces femmes aux robes hors de prix.

« Tu ne comprends pas. » Il lui assène cette réponse, sans sourire, les poings serrés. Puis il soupire, tourne la tête de droite à gauche légèrement pour laisser parler sa résignation, son ennui. « Ce n’est pas grave. Laisse tomber pour cette fois. » Il agite la main vers lui d’un air désintéressé pour faire signe que la conversation est terminée. Homère n’aura pas ses réponses tant désirées aujourd’hui.

Il baille, puis tend les bras vers le plafond pour s’étirer lentement. Ses allures félines reprennent le contrôle de son corps, la lueur prédatrice dans ses yeux apparait à nouveau, son air malicieux et dominant sont à nouveau visible sur son visage. Homère est un fauve, un lionceau qui va bientôt devenir un véritable lion, un animal ambitieux qui sait déjà que sa place est parmi les grands. Homère est sauvage, libéré de toute contrainte, impossible à enchainer pour en faire un petit animal de compagnie obéissant. C’était ce qu’elles tentaient toutes de faire, ses anciennes hôtes. Elles pensaient qu’elles arriveraient à tempérer son caractère impétueux et presque cruel vis-à-vis des autres. Et quand elles s’apercevaient de la vérité, elles le mettaient dehors.
Cornélius le laisse en paix, avec ça. En échange, Homère ne tente jamais de le sortir de sa torpeur créatrice qui dévaste son ego, comme il s’est passé plus tôt dans la journée. Il a compris que le peintre lui était semblable en certains points. Il s’avance vers lui, doucement, de manière prédatrice, avec ce bassin qui se remet à remuer lentement. Cette fois, il ne fait pas exprès. Enfin, si, peut-être un peu. Juste un peu alors. Parce qu’il sait que l’autre aime ça, au fond. Il ne déteste pas son apparence tant que son regard dégouté le clame, une fois qu’il lui a pardonné.

La routine, en somme.

« J’ai faim. » Le sourire sur son visage, le ton légèrement ennuyé. Homère n’aime pas avoir faim. C’est un ogre, un véritable ventre sur pattes. « Tu comptes continuer à peindre toute la soirée ? » Une sorte de résignation dans sa voix, mais aucune contestation. Il est aussi peine perdue de tenter de faire fermer sa gueule à Homère que de vouloir empêcher Cornélius de peindre quand il en a envie.
 
Cornélius D. Lacroix
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty30.08.12 22:05

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« C'est au coeur de la souffrance qu'on trouve le meilleur de soi.»

Dans l’encre creuse de la nuit, au plus profond d’une citadelle entourée par les flammes, Cornélius imagine un héro au destin tragique. Peut être un homme naît d’une mythologie indifférent et cruelle. Il est beau, comme tout héro se doit de l’être, et il tient à la main un vieux trident rouillé qu’il garde tout contre son cœur. Dans un tourbillon ocre, il fixe le lointain horizon dressé comme une muraille. La citadelle se transforme lentement en cendre, avec l’inexorabilité d’une destruction imminente. A ses pieds, des hommes se battent, arrachent les femmes à la terre et s’entretuent avec férocité.

Il soupire et la brise court à travers ses cheveux tandis que le soleil décline à l’horizon dans des pâles reflets de rouges. Un magnifique camaïeu roses, oranges… Avec méthode, il en note les déclinaisons et les remodèles dans son esprit pour tenter d’en préserver la magnificence. Il y parvient sans efforts.

Cornélius tire à nouveau sur sa cigarette. Sa main tremble légèrement et une odeur de plastique brûlé lui monte aux narines au moment où la braise entame le filtre. Il lâche brutalement la cigarette avec un juron étouffé et la regarde dégringoler le long de la façade avec un soupir las de tout. Encore une qui lui aura brûlé les doigts. Et qui sait s’il écoute encore Homère. Il soupire encore et jette un coup d’œil au garçon qui se tient là, les jambes nues, la défiance dans le regard et la blessure au cœur. Cornélius ne sait comment lui dire qu’il n’a pas à s’inquiéter. Profondément, il n’en a aucune envie. Il désire simplement qu’Homère mette fin à ce caprice de maîtresse jalouse. Il n’a jamais voulu en avoir une principalement pour s’épargner ces situations humiliantes de comptes rendus qui durent toute la vie. Il ne comprend pas Homère. Il ne comprend pas ce besoin qu’il a de toujours se comparer à ceux que Cornélius côtoie, comme s’il valait moins qu’eux. Il ne comprend pas tous les espoirs que le peintre place en lui. Un amas houleux de sentiments enchevêtrés. Et Cornélius qui, n’en pouvant plus de passer des heures à tenter de démêler l’écheveau, fini par trouver à son chaos une beauté tout aussi attirante.

Il n’y a pas de simplicité, dans Cornélius.

Le manège d’Homère est beaucoup trop humain pour lui, beaucoup trop NORMAL, il ne peut le suivre, il le regarde s’éloigner, lui tendre la main, le pointer du doigt, lui hurler des mots pour lui faire entendre raison mais il n’entend rien. Il ne veut pas entendre. Il ne peut voir que l’Art, de toutes manières. C’est comme un gigantesque tableau qui lui obstruerait la vue. Comme une femme splendide nue sur un nuage de perfection qui lui prendrait la main et le détournerait du monde au moment où il commence à en saisir la complexité. Ca occupe son esprit au plus profond de ses recoins. L’Art est une femme possessive, encore plus possessive qu’Homère, peut être. Et elle sait qu’elle a vaincu depuis longtemps.

Cornélius garde le silence, se contente d’un claquement de langue discret pleins d’irritation. Il ne sait plus comment argumenter face à l’obstination du jeune homme, profondément enfermé dans sa jalousie et ses préjugés. Il voudrait que cela cesse. Depuis combien de temps discutent-ils ainsi sans s’écouter ? Une heure ? Deux heures ?

Depuis toujours, lui souffle une voix au creux de l’oreille. Elle voudrait qu’il se débarrasse de lui. Comme si Homère n’était rien de plus qu’une petite sangsue pleine de haine accroché à sa cheville qu’il tenterait d’égarer d’une main maladroite. C’est ce qu’Elle lui murmure. Et pourtant, il est convaincu du contraire. Dans ses rêves les plus profonds, elle lui fait face et lui donne l’ordre de le jeter à la porte. Il l’a craint. Il se plie à tous ses ordres. Mais lorsque sa voix impérieuse résonne et traite Homère comme un chien, alors il trouve le courage en lui de faire front de toute sa haine pour cette quête insensée et il réplique, il crache, il hurle « moi vivant Homère aura toujours sa place ici. » Elle incline la tête, elle ricane : « Pourquoi ? » « Parce qu’il est le pilier de mon Art. »

C’est aussi simple que cela.

- Non », dit Cornélius en se détachant de la fenêtre, sorti d’un songe égaré. « C’est fini pour ce soir. » Pour la première fois depuis de longues minutes, il dévisage Homère sans aucune agressivité, malgré ce regard dur qu’il a toujours parce qu’il ne sait comment faire autrement. « Si tu as faim prends ce que tu veux au frigo. » Ses yeux sont scellés aux siens et lui rappellent les souvenirs agréables d’une côte Marocaine et d’une aquarelle pleine de parfums exotiques. Cornélius se détend. « Demain je vais visiter les Galeries Historiques. Il y a une tonne de vieilles peintures que tu trouveras sans aucun doute à mourir d’ennui. » Il hausse un sourcil sans prétention, sans rien. « Tu veux venir ? »
 
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty31.08.12 13:26

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Un silence, un silence très caractéristique dans l’ambiance à la maison, et Homère qui ne dit rien. Homère qui se contente de regarder Cornélius, de l’admirer. Ses yeux plantés sur son visage, qui décortiquent son expression abandonnée à la contemplation du soleil qui s’éteint. Il est atrocement beau. Alors Homère accepte exceptionnellement de se taire pour profiter de ce tableau. Plus tard, quand il se retrouvera à la rue après une violente dispute, il ira faire un tour dans les bas-fonds de la ville. Il y trouvera quelques clochards avec qui il partagera un feu, une tente, et il leur racontera. Il leur décrira l’ambiance, l’atmosphère, il leur présentera avec la magie de ses mots et son entrain ce qu’était Cornélius à cet instant. Un tableau à jamais gravé dans son esprit dont il louera la beauté quand il ira rendre visite à ses maitresses, après s’être laissé aller à ses désirs. Et, pendant ce temps, il aura l’air si heureux, juste si simple, qu’on se demandera si sa mère n’est pas revenue d’entre les morts. Car il ressemblera à ce petit garçon pourri-gâté, odieux, mais qui possédait encore ce sourire innocent exclusivement dédié à la femme de sa vie.
Homère est une personne détestable, et qui fait tout pour être détestée, parfois sans le vouloir, mais qui ne va jamais chercher à réparer ses erreurs. Homère est bien trop franc, bien trop grande gueule. Homère déteste l’hypocrisie et le mensonge, et passe pourtant sa vie à dire le contraire de ce qu’il pense à Cornélius. Il est tout simplement odieux et se complait dans cette méchanceté. Il n’attend rien de plus du peintre de l’autre côté. Ils sont voués à ces engueulades jusqu’à ce que l’un craque. Homère prendra la porte définitivement le jour où il ne supportera plus que Cornélius ne le comprenne pas, où il se sentira perpétuellement étouffé à l’idée de ne jamais avoir ce qu’il cherche. Ou bien Cornélius le virera, parce qu’il en aura tout simplement marre, parce que les raisons inconnues et mystérieuses qui font qu’il tolère sa présence en ses lieux auront subitement disparues.

Homère a atrocement peur. Il aime vivre avec Cornélius. Il aime le regarder peindre, parfois silencieusement, se tenant dans l’encadrement de la porte en sachant que l’homme n’a surement pas remarqué sa présence. Il admire alors son dos, sa main tenant le pinceau qui d’un geste calculateur et artistique vient déposer le pigment sur la toile. Souvent, il vient se glisser à côté de lui pour rire de ce qu’il fait. De rares autres fois, il accepte le silence, se contente d’être admiratif. S’il n’existait pas de rares moments d’accalmie entre eux, la vie deviendrait ingérable.

Un bref moment d’accalmie entre eux, voilà ce dont il s’agit à l’instant présent. Cornélius lui a pardonné l’immense foutoir. Peut-être même l’a-t-il oublié, trop occupé à soupirer en entendant les plaintes d’Homère. Homère qui aimerait parfois que tout soit plus simple, et qui apprécie de rendre les choses si compliquées. Il pourrait prendre la main de Cornélius, l’amener dans le canapé et s’assoir contre lui. Et là, il lui expliquerait, calmement, tout ce qu’il est. Ses peurs atroces, sa solitude, ses problèmes existentiels, l’amour impossible qu’il éprouve pour lui, la frustration engendrée, l’envie qu’il a de passer plus de temps avec lui, sa mère qui lui manque, et l’idée de refaire son destin qui le prend aux tripes et lui donne envie de vomir, encore, toujours. Homère lui demanderait simplement ce qu’il représente pour Cornélius. Il lui demanderait la plus pure vérité, pour mettre fin à des années de doute. Il arrêterait de tourner autour du pot. Il arrêterait d’éviter les questions, ou de faire semblant d’y répondre.
Tout cela, Homère ne le fera jamais car il ne parle jamais de lui-même. Et Cornélius ne l’y pousse pas, car Cornélius s’en moque éperdument. Cela l’irriterait même surement.

« Y’a plus rien dans le frigo. Ni dans le placard. Ni dans nulle part dans cet appart’. »
Homère grogne. Il n’aime décidément pas avoir faim. Il soutient le regard de Cornélius, plonge dans ses yeux sombres et durs qui n’ont plus cette lueur coléreuse. « Faudrait que la meuf qui fasse les courses apprenne à bien les faire. Tu lui diras. » Impérieux. Voici Homère, sur son trône, le regard sang et la démarche féline. « En attendant, j’ai toujours faim. »

Impoli et exigeant dans toute sa splendeur. Les femmes qui l’ont accueilli avant voyaient dans ses traits de caractère un aspect mignon et enfantin qu’elles s’empressaient de combler. En contrepartie, elles l’exhibaient à la vue de tous, le trainaient dans des salons, et ce simple geste écrasait son entière fierté, son être orgueilleux.
Cornélius lui laisse exprimer son orgueil, l’encourage même à l’étendre. Il ravive cette minuscule flamme au creux de sa poitrine qui lui pousse à agir de la sorte. Paradoxalement, c’est la personne la plus apte à marcher dessus, et peut-être viendra le jour où ce sera lui qui tiendra le sceau d’eau qui l’éteindra. L’esprit d’Homère ne sera alors plus que résignation.

« Des Galeries Historiques ? A Cassandre ? » Homère rit, très fort. Son rire dédaigneux et franc emplit la pièce de son insupportable mélodie. Un rire dont même les voisins doivent profiter. Il met un temps à se calmer, et quand il revient à lui, il fixe Cornélius avec grand amusement. « Pourquoi pas. Les antiquités, ça me connait bien, après tout. » Il est rare qu’Homère accepte. Il est rare que Cornélius lui propose. L’aède se sent juste mal, comme s’il n’avait pas passé assez de temps avec le peintre cette semaine. Encore moins que d’habitude, plutôt. « Enfin, j’espère qu’elle ne sera pas là, l’autre pimbêche. » Il lui fait un grand sourire, mais il n’a jamais été aussi sérieux. Il est hors de question de se retrouver dans la même pièce que cette affreuse pute d’Alisson.
 
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty01.09.12 17:19

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« C'est au coeur de la souffrance qu'on trouve le meilleur de soi.»

Le rendez-vous avait été fixé à sept heures et il avait fallut se retrouver sur une place luxueuse de Cassandre bourrée à craquer de magasins hors de prix. L’appartement se découpait sur un immeuble d’une clarté obscure, couverte d’ornementations du début du siècle précédent, à la manière d’Haussmann. C’était traditionnel, bourgeois, et sans intérêt de l’avis de Cornélius. Cela en avait certainement eu ailleurs et dans un autre temps, mais ici et maintenant c’était simplement… Trop.

Comme tout le reste.

Comme ces robes de soies, de taffetas et de crêpes qui gémissaient dans l’ambiance langoureuse du salon, frôlait le parquet avec un son délicat égal à ces dames qui se voulaient gracieuses et charmeuse. Elles agitaient parfois un éventail de dentelle avec un rire contrit et retenue au creux d’une main gantée de velours. Leurs cheveux, flamboyants, se découpaient sur les murs crème et ondulaient soigneusement, retenue par d’inventifs arrangements lorsqu’elles s’asseyaient avec une coquetterie de duchesse au fond des grands fauteuils d’ébène cerclés de bleu.

Au milieux de toute cette créativité mondaine, Cornélius, la veste classique et la barbe taillée au sécateur. Il admire le troupeau comme un gardien avisé qui aurait seul reçu l’intelligence et le recul. Bientôt, on l’entoure. Des hommes viennent l’entretenir de sujets auxquels les femmes peuvent se joindre, l’Art dans un style très ancien. Cornélius se laisse tenter, on lui pardonne son apparence, c’est un artiste. Il expose ses idées, éduque ces messieurs, argumente avec ces dames. Oui, son travail se vend bien. Il sourit du mieux qu’il peut. C’est comme une grimace gênante mais ils s’en accommodent. Il est un peu étrange, c’est un artiste.

Il se souvient d’avoir aperçu dans la masse un garçon extraverti, les cheveux couleur d’or lui rappelant vaguement un champ de blé façon Van Gogh. Il riait à gorge déployée, vautré dans un canapé de cuir, entouré de six femmes qui se laissaient aller à des poses révélant presque leur véritable visage. Des harpies lascives le couvrant de caresses amicales et d’attentions appuyées. Il l’avait dévisagé, un verre à la main, de son habituel air austère. Quelque chose l’avait empêché de détourner le regard, il n’aurait su dire quoi. Quelque chose dans son attitude expansive de catin assumée. Les courbes parfaites de son corps de jeune mâle. Son sourire resplendissant, aviné d’une cruauté qui avait marqué Cornélius à l’âme. Leurs yeux s’étaient croisés, et sous son air désabusé, Cornélius avait senti un puissant souffle balayer sa poitrine et électriser sa chaire. Il avait fallut le sourire d’Homère, profondément moqueur et brusquement directement dirigé vers lui, conscient d’être regardé, puis l’intervention d’un parfait inconnu pour le peintre puisse détourner le regard.

Il n’avait plus cessé d’y penser.

Celui qui se tenait devant lui avait tout de ce garçon qu’il avait croisé à une soirée, par hasard, et en même temps, il n’en avait plus rien. Cornélius reconnaissait son sourire narquois, sa coquetterie vaine, ses manières de princesse. Mais le mystère qui l’entourait s’évaporait sous ses caprices de femelle mal entretenue. Pourtant, lorsqu’il le surprenait alanguit, ignorant qu’il l’épiait dans un moment d’égarement, il surprenait encore cette chose étrange et électrique que dégageait Homère. C’était exceptionnellement puissant lorsqu’il n’y faisait pas attention. Il aurait alors été capable de tout faire pour qu’il jure de ne jamais le quitter. Mais les mots se coinçaient toujours dans sa gorge avec le mépris suffisant et jamais il ne parvenait à rassurer Homère.

Au fond de lui, se disait il, peut être qu’il aimait que son giton puisse le fuir à tout instant. La précarité d’une relation, sans attaches ni dépendance.

Et pourtant. Cornélius n’imaginait pas sa vie sans Homère. Et les rares fois où, au beau milieux d’une nuit difficile, son esprit se focalisait sur cette absence, il n’y voyait qu’un monde vaste, froid. Et lui, au milieu du rien, dévasté et abandonné par tout ce qui faisait de lui un être humain.

Tu donnes un sens à ma quête, Homère. Tu es ma drogue. Tu es mon inspiration, directe et indirecte. Sans toi je ne pourrais plus jamais poser un pinceau sur une toile. Sans toi je ne serais plus un artiste. Sans toi je ne serais plus Cornélius.


- Tu donnes un sens… A tes paroles ? » Cornélius s’interrompit. Il avait essayé.
« Tu peux le lui dire, tu l’as vois plus souvent que moi. Ou alors fais l’effort de te déplacer, si les services qui sont à ta disposition ne te satisfont pas. Je n’ai pas signé pour avoir une maîtresse. » Il s’en veut de ses mots, qui sont lâches, qui sonnent faux, qui ne devraient pas être ceux là. Il soupire, irrité contre lui même.

Il hausse les épaules.


- Oui, c’est stupide. Mais c’est le nom que ça porte, qu’est ce que tu veux que je te dise, » lâche t’il avant de pousser un grognement. Il fallait qu’il parle d’elle. Pour une fois, c’est Cornélius que ça gêne. Alors il fait l’effort et tente de s’expliquer. Pour une fois. « Je parlais de toi et moi, et tu trouves le moyens de la glisser malgré tout. Tu ne peux pas simplement apprécier que je te propose de… De passer du temps tout les deux ? Non. Il faut toujours que tu ramènes ta petite jalousie possessive. » Il fait le geste de laisser tomber. Ses mots sonnent atrocement sentimentales, et il déteste ça. Alors il compense par des méchancetés. C'est comme ça.



 
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MessageSujet: Re: Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon.   Hey, bitch. Your room is a mess. --> Cor-nichon. Empty01.09.12 21:09

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Cornélius Lacroix. Un nom complètement inconnu pour le jeune Homère, perché sur ses dix-neuf ans, sa beauté comme seule qualité, et cette attirance inexorable qui pousse les jeunes femmes vers lui. Un prince sur son trône dans un royaume qu’il croit dominer car c’est un royaume qui lui doit tout. Ils devraient tous être à ses pieds, le remercier chaque jour pour le travail impressionnant qu’il a un jour effectué. Ils devraient tous être comme ses femmes frivoles qui l’entourent et le bercent de douces paroles. Et il se permet de sourire, cruel. Et il se permet de rire des autres, d’exercer sa langue de vipère, sa franchise bien trop connue, cette maladie orgueilleuse qui le pousse à dire tout ce qu’il pense. Les femmes qui sont avec lui rient, discrètement, par politesse ou parce qu’elles le trouvent réellement amusant. Bientôt, elles ne riront plus, quand elles se rendront compte que ce sont d’elles que l’aède se moque. Il déteste être ici.
Sa maitresse n’est pas là. Sa maitresse, celle chez qui il vit, celle à qui il vend son corps, celle pour qui il écrasé son orgueil retentissant comme pour toutes les autres qui ont précédé. Celle qui l’a trainé ici pour l’exhiber, montrer sa dernière acquisition. Homère est conscient d’être une attraction, un simple objet que toutes les femmes d’ici aimeraient avoir. Surement même certains hommes, il en a déjà remarqué, et n’a jamais tenté. Sa fierté lui interdit de se vendre aussi bas. Homère ne se vend qu’aux femmes douces et dociles, qu’aux êtres charmants qui sauront se plier à ses désirs pendant un temps. Car Homère est un objet très capricieux à l’attitude odieuse ou tout simplement passive. Un être qui ne supporte pas qu’on lui dicte sa conduite, qui ordonne au lieu de demander, qui exige au lieu de solliciter, capricieux et égoïste. Mais les femmes lui pardonnent toujours, car Homère est beau, attirant, précieux. Des cheveux or et des pupilles sanglantes, un visage impeccable et un corps sans imperfection. Elles pardonnent comme elles pardonnent à un chien de race supérieure d’avoir cassé un vase.

Mais, au bout de dix, on finit par se lasser, on s’énerve et on l’abandonne. Et c’était ainsi, avec Homère. Car il ne savait pas s’arrêter. Il ne pouvait pas.

Sa maitresse est partie discuter. Cela n’intéresse pas Homère. Il est feignant et préfère rester étendu sur le canapé comme une larve, une larve faisant apanage de son corps et de sa sensualité. Et puis, il se sent épié. Il détourne le regard, et croise celui de l’homme. De cet homme, qui depuis le début de la soirée semble lui faire concurrence. C’est à celui qui aura le plus de monde rassemblé et prêtant une oreille attentive. L’échange est bref, puissant, électrisant. Le sourire cruel prend place, celui qui dit « je t’ai vu me regarder ». Quelqu’un vient les interrompre. Alors l’aède en profite pour le décortiquer. Il sait que l’une des femmes assise lascivement à côté de lui tente d’attirer son attention avec de vaines paroles, mais il n’écoute plus. Il observe cet homme de la tête au pied. A peine bien habillé pour l’occasion, des poches de cernes sous les yeux et comme un air de vieillesse flottant autour de lui. Ils doivent avoir une dizaine d’années d’écart à vue d’œil, peut-être même plus.
Cet homme, Homère ne l’a jamais vu, mais il se sent attiré vers lui par une force nouvelle. Une prestance qui s’échappe de l’inconnu, une tenue de corps impeccable malgré tout, et cet air si sérieux pendant qu’il parle. Il blablate surement, prend part à cette hypocrisie collective. Ou peut-être pas, il n’a pas l’air du genre. Homère l’observe, continue de le fixer de son regard moqueur, avec ses lèvres qui tracent un sourire malin, réfléchi. Il est tiré de sa contemplation par cette femme qui lui prend le bras pour le ramener à la réalité, intriguée de voir l’aède perdu dans les songes. Il la regarde, profondément ennuyé. Repose son regard sur l’homme, et lui demande d’un signe de la tête son identité. Un gloussement. Un nom. Un peintre. S’en est assez pour lui, qui se lève alors, lestement, prend au passage une coupe de vin qu’il ne boira pas et vient s’incruster dans le cercle, au côté de sa maitresse, en face du fameux personnage qu’il peut étudier avec attention. Elle fait les présentations, caresse au passage ses cheveux blés et son épaule frêle pour le marquer comme sa propriété devant les autres. Lui n’a d’yeux que pour Cornélius, qu’il dévisage férocement avec ce sourire cruel. Il est sauvage, une tâche sur le tableau de cette pièce. Cela lui plait. Insondable, mystérieux, attirant et à l’air sévère, semblant avoir construit un mur pour se protéger de la connerie humaine. Homère a envie de s’amuser. Alors il parle.

Homère ne se lassera jamais du magnétisme de Cornélius. C’est un esprit puissant, qui emplit la pièce de son odeur, qui semble partout dans l’appartement même quand il est sorti. Cornélius a plu à Homère car il n’est pas conforme à la société. Son hypocrisie lui sort par les yeux, mais elle reste passable, presque obligatoire pour le métier qu’il exerce et la richesse qu’il en tire. Cornélius n’a jamais ordonné à Homère de l’accompagner dans ce ballet de connerie pour l’exhiber, au contraire même. Une aura apaisante, un homme qui n’a jamais tenté de le contrôler entièrement, et qui le laisse exprimer ses excès d’orgueil.
Ils se demandent tous pourquoi Homère reste chez lui tandis que des femmes magnifiques n’attendent que de le trouver sur leur palier. La réponse, ils ne la comprendront jamais. Cornélius lui-même ne peut l’imaginer. Il ne peut surement pas savoir à quel point être chez lui est un soulagement pour l’aède. Parfois, il aimerait lui confier cela, lui dire à quel point il aime être chez lui, à quel point il désire rester ici jusqu’à la fin de ses jours. Et tant pis pour ce qu’il n’obtiendra jamais. Au fond, peut-être a-t-il déjà abandonné.

Les mots de Cornélius raisonnent durement à ses oreilles. Son sourire s’étire. Rien ne l’atteint. Cornélius ne comprend pas, tout simplement. Pardonnons-lui une fois de plus cette ignorance affligeante. « Ta maitresse ? » Un ricanement, et le retour du sourire cruel, de la pose lascive et du déhanchement. Mais cette fois, il s’éloigne de Cornélius. « On voit que tu n’en as jamais eu, chéri. Ou alors je plains sérieusement les précédentes. Peut-être que je devrais te montrer, un de ces jours. »

Un sous-entendu, mais Homère n’osera jamais. Des paroles en l’air, de la salive gâchée, une volonté qui ne s’affirme pas par la peur. Il est bien trop gêné par le regard de Cornélius.
Et il s’en suit un silence, où Homère perd son sourire, où Homère se contente de dévisager Cornélius avec un léger haussement de sourcil. Au fond, il n’en croit pas ses oreilles. Il réprime ce sourire de joie. Il réprime ce hurlement et ces sauts au plafond en entendant les mots du peintre. Il sent une douce chaleur l’envahir dans tout son être. Il aimerait hurler son amour à Cornélius pour cela.

« Tant mieux. J’avais aucune envie de voir cette pétasse se déhancher pour tes beaux yeux. » Il n’en est rien. Homère prend un pantalon posé sur une chaise encore debout et l’enfile. Il en va de même pour la veste. Il attrape les clés et jette un dernier regard à Cornélius. « Je sors me chercher un truc à bouffer. Je sais pas si je rentre. » Il s’avance pour sortir. S’arrête, hésite et se retourne pour le fixer, intense, honnête, sans sourire. « Mais attends-moi demain matin. Et… ça me va. De passer du temps avec toi. » Et sans attendre une seconde de plus, s’enfuit.
 
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