Forum en hiatus le temps qu'on se reprenne les couilles en main trololo
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 C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche

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William Shakespeare
William Shakespeare
« words are my big obsession »
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Préface de Cromwell : PARCE QUE J'AIME LES RELATIONS TORDUES COMME MOI

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
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MessageSujet: C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche   C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche Empty08.04.12 2:16


C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche ALPWH
DARKNESS BE RISING
I DREAMED OF YOU IN MY ARMS
BUT DREAMS ARE ALWAYS WRONG
I NEVER DREAMED I'D HURT YOU
I NEVER DREAMED I'D LOSE YOU





    — Fais moi encore l'amour.



T'es encore allongé à ses côtés, c'est dans un souffle que tu murmures ces mots, tes doigts toujours accrochés aux draps, les touchant du bout de la peau. Tu n'as de cesse de dévorer son visage de tes yeux trop verts, et chaque soir c'est la même chose, le même refrain, tu hurles, tu lui balances tes feuilles à la figure, tu te déchires la voix en abattant tes poings sur lui, à force, tu te dis presque qu'il se fait à tes crises de colère dès qu'il passe le pas de ta porte, à force, il attend que tu te calmes, comme un gamin contrarié, épuisé, et après, c'est pas compliqué. Il a qu'à te laisser faire. C'est toujours toi, après avoir trop gueulé, qui se jette dans ses bras, qui l'embrasse comme si c'était la dernière chose qu'il pouvait faire, c'était toujours comme ça, toujours toi, Will, qui le retient contre toi.
Chaque soir est sans retour.
Chaque soir est le même.
Solitude, cris, violence. Regrets. Baisers trop rapides, trop forts, trop suppliants. Tes doigts qui l'attirent contre ton corps. Et c'est les étreintes brûlantes qu'il te donne, et que tu réclames encore.

Et t'es là.
Dans un mouvement lent, tu viens te blottir contre lui, ta peau contre la sienne, le visage levé vers le sien, avec ce drôle d'air fasciné que tu portes constamment sur tes traits quand tu le regardes. C'est presque si t'avais l'air con. Il est gentil de ne pas te le faire remarquer, d'ailleurs.



    — Je ne sais si tu m'aimes. Mais attention, monseigneur, à la jalousie ; c'est le monstre aux yeux verts qui tourmente la proie dont il se nourrit. Puisque de toutes manières, la douleur est le poison de la beauté. Tu trouves que mes yeux sont beaux ? Te causent t ils du souci, du chagrin, de la tourmente ? Est ce que avant de t'endormir, tu les revois dans ton esprit, en train de te regarder comme je le fais ? Oh, tu dois me trouver bien ridicule. Tu dois certainement penser que je dis n'importe quoi, que tu n'en as strictement rien à faire - je le sais, ça ne changera guère d'ordinaire.



Tu te redresses légèrement, pour passer tes doigts sur son visage, le frôler, doucement, te penchant pour mieux le voir, mieux sentir vos souffles s'entremêler contre tes lèvres entrouvertes.
Et déjà, à cette fascination morbide, l'agacement qui revient, cette envie, qui s'insinue dans tes veines, coule dans ton sang pour aller atteindre ton cerveau et tes neurones, qui peu à peu prend le contrôle de ton être, cette envie qu'il t'appartienne, que tu le possèdes entièrement, ce besoin qu'il soit tien, que tu ne sais exprimer autrement que par cette violence dans tes mots, dans tes gestes, ce qui fait de toi qu'on te traite de déséquilibré, de fou ; oh ça fou, tu dois bien l'être, Will, si ta seule folie est de l'aimer désespérément, au point que ça te brûle, que ça te tue, au point que ça devient ta drogue, ses baisers ta came, voilà, t'as besoin de ta dose de lui.



    — Si la douleur est le poison de la beauté, vois tu la laideur en moi ? Toute beauté est morte tant elle a été torturée. Malgré tout, tu persistes ? Certes, tu pourras dire, que je suis beau. Je ne parle pas de ce genre de beauté. C'est celle à l'intérieur. Tu la vois, elle ? Vois tu qu'elle meurt davantage chaque jour ? Elle a été empoisonnée.



Tu t'avances encore vers lui, hésitant, laissant glisser tes lèvres le long de sa peau, contre son cou, le bas de son visage, puis son oreille, où tu murmures encore quelques mots en te rapprochant de son corps, te serrant plus fort contre sa peau. Ta main, qui quelques instants auparavant frôlait à peine sa joue était partie, s'accrochait légèrement à ses cheveux à présent.


    — C'est peut être le beau des poisons. Ce sentiment qui me déchire, qui me tue à chaque instant, mais dont j'ai besoin à chaque fois davantage. Si un jour j'ai de mourir, c'est toi qui me tueras, Friedrich.



C'est toi qui me tueras, à force de te regarder, toi et ton regard vide, toi et tes sourires dénués de sens, toi et tes lèvres où tu fais glisser une cigarette toutes les vingt minutes, toi et ton cadavre pourri que je désire chaque nuit, toi tout entier, putain de toi.
Dans un soupir, tu redescends vers son cou pour le frôler, l'embrasser doucement, tu frissonnes, tes doigts se resserrent davantage sur ses cheveux, tu mords légèrement sa peau, et tu le sais, tu la sens, cette putain d'envie en toi, ce besoin maladif de lui, et tu sais, tu sais qu'à un moment où un autre tu le supplieras de rester, de te prendre encore, à te faire mal, comme jamais, à chaque nuit c'est le même refrain, t'as besoin de sa peau, t'as besoin de son corps, t'as besoin de lui, simplement, t'as besoin de lui et de rien d'autre, t'as besoin qu'il soit tien, que sois sien, qu'il te possède, qu'il fasse de toi ce dont il voudra, au fond, t'es quoi, t'es rien, t'es rien que le jouet de sa volonté, qui hurle quand il tient plus, quand il a besoin de lui au point d'en crever tant ça fait mal, t'es rien si c'est pas à travers lui. Tu sais très bien que à nouveau, quand ton coeur battra trop fort, lorsque tu ne pourras plus te contenter de mordre son cou, lorsque tu commenceras à venir le chercher, tu sais très bien que tu lui soupireras encore un "prends moi" à son oreille, en t'accrochant à lui.

Et c'est là, à cet instant, où caché sous les draps, tu viens par dessus lui, ne laisser plus rien entre vous deux qui vous sépare, avec tes cheveux trop longs qui viennent légèrement sur sa figure, qu'importe, ton visage est sans doute trop près du sien, tes lèvres contre les siennes, ton coeur bat vite, bien trop vite.
Dans un soupir, doucement, tu murmures encore une fois.



    — Je suis en train de devenir fou, complètement fou, si ce n'est pas déjà fait, je le sens, je deviens fou, Friedrich, et c'est de ta faute. C'est toi qui me rends comme ça, c'est toi ma folie. C'est cette attente, qui me rend fou, chaque soir, avant que tu viennes. J'ai besoin de toi. Comme de l'air. Comme de jour. Tu me fais perdre la raison, tu me tues.



Et tu le regardes encore.
Tu crèves d'envie de lui.



    — S'il te plait, embrasse moi...



Même si au fond tu voudrais lui dire de t'aimer encore, toute la nuit s'il le faut.


 
Friedrich W. Nietzsche
Friedrich W. Nietzsche
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Préface de Cromwell : on n'écrit qu'avec son sang.

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
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MessageSujet: Re: C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche   C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche Empty09.04.12 11:21

& we're all to blame.
we've gone too far,
from pride to shame.

Je crois que les nuits ne sont pas assez longues.
Pour combler le vide, pour combler l'ennui, cette mortelle et bête solitude qui ronge la peau de mélancolies noires, pour contenter tout ça il faut du temps, chaque soir. Il faut consacrer sur l'autel nocturne une éternité de petits instants. Plein de moment mis bout à bout, comme une chaîne, comme des miettes égrenées par une main sale. Mais on en a si peu du temps. On le garde radin qu'on est dans sa besace, bien à l'abri au creux des entrailles, de la cervelle moite, on se sent pétri de secondes qu'il ne faudrait surtout pas perdre. Pourquoi les couler comme ça, les effeuiller si tôt. Pourquoi les gâcher sur un coup de sang qui monte. Alors on est avare la nuit dans son lit, on pâlit de les imaginer partir, on part en quête. On cherche un peu de temps à perdre au coin des draps dans la réticence du sommeil, on gratte dans les angles de sa tête et on s'égare un peu plus sans rien trouver que du mal dans ce dédale. On est un sablier de sang et de temps qui ne passe pas. Un écrin de vive impatience et de temps refusé. Lui, il est viscéral. On ne le donne jamais qu'à ceux qu'on aime.

    " - Je n'ai pas beaucoup de temps, William,


tu lui auras lancé entre deux traversins où s'échouent vos têtes décoiffées. Des mots comme des lames émoussées, de celles qui coupent très mal, en s'enfoncent à moitié. Des mots et toujours les mêmes. Comme sont toujours les mêmes ses discours. Il est fort pour parler William, tu as toujours trouvé, il excelle dans ce lyrisme de bout de chandelle qui se consume comme un rien, ces petits aphorismes à la langueur traînante, cette monotonie qui s'entortille comme un ver amoureux, dans ces platitudes qui s'épanchent beaucoup, beaucoup trop, c'est beaucoup trop long, beaucoup trop con de te jeter ces rengaines à la gueule comme un vieux 33 tours. Ta main se perd le long d'un torse, le sien. Tu égares quelques bouts de son corps gourd auprès du tien. Tu gardes sa chaleur intacte. Et tu décortiques ce qu'il te chante dans une demi-veille, en ravalant tes soupirs nietzschéens. Il faut faire un effort. Juste un petit morceau de volonté. Il faut que tu comprennes, tu sais. Tu écoutes. Tu n'écoutes pas. Tu cherches un peu à pousser le vide dans ces murmures de laïus. Tu évinces le mignon superflu au creux de ces discours, tu observes plus ses lèvres qui s'agitent, qui s'ouvrent et se ferment en petites membranes de souffrance, que tu n'écoutes ce qu'elles susurrent dans la placide monotonie du soir. Les volets qui frémissent au dessus de vos têtes te paraissent plus passionnants encore. Tu n'analyses plus ses mots enchevêtrés qui à chaque fois changent pour dire la même chose. Et c'est toutes les nuits - celles rares où tu viens - les mêmes harangues, les mêmes bavardages à deux ou en solitaire, les mêmes menaces brisées et les aveux suicidés qui reviennent en boomerangs d'acide. Hier, c'était lundi. Les coupures de la veille se rouvrent de leur mince guérison ; elles ne savent déjà plus ce que c'est de coaguler et s'adoucir, elles craquent dans l'intermittence d'une douleur mal oubliée, reviennent sous les coups de mains griffues et de reins retenus dans l'enfer d'une couche partagée par des artistes malades. C'est un désert de métal pur entre vous, de fer rouillé par les affronts qui vous ont déchiré les doigts et voilé les horizons. Cet amour s'annonce rude. C'est une saleté d'erg noir, un vide enténébré. La passion déçue qui est en convalescence.

    - Je n'ai pas beaucoup de temps pour moi-même, alors pour les autres.


Des membres qui se contractent, un soubresaut dans la ouate. Tu sais le poids de ces mots. Tu sais combien ce "les autres" appuie sur les entailles pour les faire suinter. Parce qu'à part un autre, un sans importance, qu'est-ce qu'il est, ce William. Tu sais que ça lui fait mal, que ça lui empoisonne le palpitant et la cervelle, que ça lui détraque la raison et que ça plante dans ses pores des questions qui n'ont pas lieu d'être. Tu sais très bien que ça lui coupe le souffle quand il respire de toi, et puis que tu lui enfantes l'inquiétude, l'appréhension ; pas la petite agitation, non, mais la peur-gangrène qui lui grignote l'intérieur du corps et des synapses dans des tourments ignobles. Le machiavélisme calme va si bien à tes yeux noirs, Fred, et la torture à feu doux se marie avec le blanc clair de ta peau. Tu es trempé dans ces belles saloperies, Nietzsche, qui te connaissent depuis longtemps, et puis qui se fondent sur toi et t'atiffent d'un costume cintré. Mais quel costume de pestiféré. C'est du sur mesure pour toi, Friedrich, la cruauté spiritueuse coupée à l'eau de ta passion. Tu ne sais plus bien si ça e fait mal ou si ça te flatte de le voir mourir.

    - Tu sais ce qui ne va plus ? La perte. Le départ. Où est l'insousciance de l'autre ? Où est la liberté qu'on s'est faite à quatre mains et où as-tu foutu l'enfant ? L'enfant de confiance que t'étais encore quand on a commencé nos jeux sales. C'est en te faisant l'amour que je leur ai coupé les ailes ? Il n'y a rien de pire que perdre ces ailes-là tu sais ? C'est parce que je t'aime trop sur commande que tout a foutu le camp ? C'est ces questions de merde que je te pose, juste maintenant, William Shakespeare, juste à ce moment, qui les a tués ? Il faut que j'arrête de te couver. Il faut que je reparte faire d'autres choses, tu sais, des choses vraies, des choses bonnes.


Oui, cessons de nous voir, William. Allons juste au bord du précipice, jusqu'au bout du vice, au dessus des toits et des balcons, aux prémices d'une mille-et-unième séparation qui se soldera dans le couloir grillagé avec des cris et des grêlons de verre dans les joues rougies. Tout ça, c'est du mal. Tout ça, c'est de la douleur teintée de l'érotisme éventré qui demeure. La luxure étayée en demi-teinte qui subsiste ; qui survit à vos frasques. Ah, quel bel ouvrage que votre amour, hein ? Quel putain de fiasco que cette oeuvre en duo, jeunes garçons, quelle laideur exquise dans vos corps qui s'entretuent d'aimer encore à tort. Encore un peu plus fort après les coups d'éclat. Mais qu'est-ce que t'as fait, tu te martèles, qu'est-ce que t'as foutu, tu te surines, tu te mets la tête dans les mains ; qu'est-ce qui vous a mené là toi et lui, dans ces sentiers battus que tu veux brûler, et à quel moment t'as commis l'erreur viscérale de tomber pour ses enfoirées de belles pupilles. Cet amour de merde, cet errata de sentiments en déliquescence qui à jamais te contredit. C'est peut-être ce soir brouillé par les liqueurs où tu as vu son visage pour la première fois. Comment on efface ces soirs-là ?

    - Tais-toi, William. Tu es un orateur de merde. J'en peux plus de ta voix de crécelle. Tu es tellement plus beau quand tu ne dis rien et que tes yeux luisent de silence. Tu ne vaux rien dans le bruit, ça assourdit ton génie, le bruit. La seule chose qui doit parler c'est ta putain de main, ta plume quand tu grattes le papier. Je me moque de ce qui sors de ta bouche, je préfère que tu ne dises rien, je préfères que tu ne bouges pas, je veux que tu te taises, tais-toi, ta gueule.


Chaque mot sonne avec clarté entre les quatre murs, tranchés par le couperet de ta langue. Chaque mot appuyé de son accent de violence alors qu'il est embouti par un autre et que ta phrase éclate de puissance comprimée. Des balles gros calibre au tréfonds de la gorge pour lui et sa belle gueule, et c'est tout. Il prendra comme ça vient. Tu espères que ça lui pénètre chaque neurone, et que ça lui poinçonne pour longtemps dans la tête que tu ne veux rien de ce qu'il te donne. Tu préfèrerais tellement une passion de laissés-pour-compte, un au revoir glissé à l'arrache, une fuite au bout de la rue plongée dans le noir et un baisé sur le comptoir que cette idée fixe maladive. Ces supplications, les Ne rentre pas trop tard et les Ne prends pas froid. T'aurais tellement, mais tellement voulu ces trucs-là. Un geste machinal de ton bras qui s'avance, comme si tu le cherchais, comme si tu voulais rafistoler ensemble les bribes défoncées de vos coeurs.

Alors que c'est pour lui griffer l'échine, pour chercher querelle sur le matelas, encore; disperser encore un peu ces morceaux. Encore un peu de fureur au bout de tes doigts qui le palpent. Tes paupières ratent un léger clin. Ton coeur un léger battement.

Et une goutte de regret qui te tombe des yeux.

Je crois que les nuits ne sont pas assez longues, pas pour vous, en fait, et c'est tout ce que tu regrettes, sans aucun doute. Il en faudrait tellement plus, des heures, pour tirer votre histoire au clair. Mais tous les soirs vous reprenez l'inachevé de la veille, vous poursuivez l'intrigue décousue sans vous rappeler bien de rien. Vous engraissez cet amour souillon qui, malgré ça, n'en finit pas. Deux bras qui l'enlacent dans un élan. Deux sourcils qui s'arquent. Tu enfouis ton visage contre son épaule, dans une hâte de pauvre gamin, pour qu'il n'en capte rien ; ce serait trop con. Tu ne pleures pas. C'est juste l'amertume de tout ça, qui t'a coûté une larme. Rien qu'une. Rien de grave. Tu ne pleures pas. Tu reviens dans un remords que t'aurais jamais eu si c'était pas lui, et tu t'accroches un peu à sa nuque fragile pour en gravir la peau. Tu mords un peu son lobe, tu frôles doucement ses hanches exsangues. Je suis tellement désolé, Willy. Tu peux me rabattre ces questions à la tête, et me virer de tes draps morts sans soucis, parce que je m'éteins quand c'est de toi qu'il s'agit. Je ne te ferais pas l'amour. Je ne veux pas t'embrasser encore. Je ne sais pas comment répondre à ça et comment garder ce lien sans lui faire du mal. Comment te dire, Willy ? Je crèverais sans une intraveineuse de tes soupirs.

    - Pourquoi est-ce que t'es devenu ma décadence ? "
 
William Shakespeare
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MessageSujet: Re: C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche   C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche Empty09.04.12 14:57


C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche ZbB5o
Dois-je croire que le spectre de la Mort est amoureux et que l'affreux monstre décharné te garde ici dans les ténèbres pour te posséder ?... Horreur ! Je veux rester près de toi, et ne plus sortir de ce sinistre palais de la nuit ; ici, ici, je veux rester avec ta chambrière, la vermine ! Oh ! c'est ici que je veux fixer mon éternelle demeure et soustraire au joug des étoiles ennemies cette chair lasse du monde... Un dernier regard, mes yeux ! bras, une dernière étreinte ! et vous, lèvres, vous, portes de l'haleine, scellez par un baiser légitime un pacte indéfini avec le sépulcre accapareur ! Viens, amer conducteur, viens, âcre guide. Pilote désespéré, vite ! lance sur les brisants ma barque épuisée par la tourmente ! À ma bien-aimée ! Oh ! l'apothicaire ne m'a pas trompé : ses drogues sont actives... Je meurs ainsi... sur un baiser !
    Romeo & Juliette — ACTE V SCÈNE III





Tu fermes les yeux.
C'est les mots qui te coupent le coeur sans répit, sans s'arrêter, vos paroles rhétoriques que vous vous balancez à la gueule chaque fois. Les mots qui t'enfoncent davantage dans toi même, qui te mettent à genoux dans le creux de ton âme, Will, il ne fait pourtant que dire la vérité, que tu refuses de voir, tu nies, tu préfères te cacher derrière un voile de baisers dont vous ne pensez rien. Mais qu'est ce que vos nuits sinon le néant ? Qu'est ce qu'il te reste, où sont tes certitudes, si tu n'as plus que ses bras pour vivre, si tu les perds, Will, qu'est ce qu'il restera de toi sinon les cendres de ton corps consumé trop vite ?
Tu sens, ce sang qui palpite dans tes veines, poursuit trop vite sa course, se casse la gueule en toi pendant que tes entrailles brûlent de ses mots, et pourtant tu le sais, chaque soir est le même, chaque soir il te le dit, varie, use peu de mots mais trop de questions auxquelles tu n'as pas de réponses si ce n'est ton regard qui s'assombrit et des coups plus durs.


    — Tu veux partir ? Mais tu ne peux pas vivre sans moi. Ne sois pas ridicule. Qu'est ce que tu ferais, sans moi ? Que serais tu, que seraient tes nuits ? Une vague succession de cauchemars sans saveurs, rien de plus. Une réalité en noir et blanc. Tu ne serais rien, Friedrich, et tu le sais.



C'est un petit sourire qui vient s'installer sur tes lèvres.
Oui, Will, tu aimes lui répondre ainsi, lui rappeler que dans sa merde dorée il ne vaut pas mieux que toi, qu'au fond, vous êtes semblables, vous aimez vous déchirer à coups de cris ou de mots susurrés sur un oreiller, cacher ton coeur qui saigne derrière des phrases que tu ne penses pas un seul instant, t'aimes bien Will, l'aimer à l'extrême, sur un fil, t'aimes bien te casser la gueule et t'accrocher à lui, pour qu'au final il te balaye de revers de la main, et toi, misérable poussière, misérable chose, tu reviennes vers la tête basse et à genoux.
T'y peux rien, tu vis pour que ton corps brûle encore.

Tu laisses ses bras t'enlacer, son visage s'enfouir contre ton épaule, frissonnant de son souffle, sans rien dire, tu ouvres les yeux, perdu dans le vague, tu sais rien c'est comme du vide. La réalité de ses baisers n'est plus même si tu essaie de la ramener à la vie. Sa décadence. T'en sais rien. T'en sais foutrement rien. La véritable question serait plutôt : pourquoi est ce qu'on se tue ? Bien sûr que vous vous tuez, bien sûr, vous êtes votre mort à chaque nuit, à chaque instant vous vous tuez davantage, chaque baiser est un meurtre, chaque étreinte est un suicide, et chaque soir vous venez provoquer la mort de votre orgueil érotisé.


T'oserais pas partir, parce que la mort, elle te prendrait dans le coin d'une rue, alors que là, c'est plutôt toi qui prend la mort, comme tu le prends lui, n'est ce pas, Freddie ?

Les mots t'échappent, passent tes lèvres qui bougent légèrement contre les siennes pour articuler dans un murmure la continuité de votre rhétorique sans valeur.


    — Et toi ? Pourquoi est ce que la mort a ton visage ?



Tu t'approches encore de lui, lentement.
Si ce n'était pas lui qui t'embrassait, dans ce cas, ce serait toi qui le ferait. Peu importe s'il te rejette après, s'il te pousse hors de tes draps, peu importe si encore une fois il t'agresse de ses mots trop aiguisés, qui te tuent, peu importe tout cela; tu veux bien mourir une nouvelle fois si c'est au bout de ses lèvres, peu importe si elles t'embrassent ou t’injurient, du moment qu'elles sont contre les tiennes.
Et tu te délectes de cet instant.

Tu n'es rien sans lui. Tu pourras te taire, faire le beau, te contenter de sourire et de le regarder d'un air éperdu, si ça le fait rester, si ça le retient, t'es prêt à le faire, t'es prêt à tout donner pour qu'il reste, qu'il soit là encore un peu, pour qu'il soit sous tes draps, dans tes bras, t'es prêt à tout, à la nuit comme le jour pour le garder, comme tu te battrais pour ta miette de bonheur, égoïste, tu sais rien faire d'autre que te plier, posséder, détruire, gamin capricieux, tu ne le laisserais pas partir, c'est comme ça, reste ou je meurs.
Mais Will, tu peux pas le supplier, tu peux pas le supplier comme on supplierait Dieu d'exaucer une prière. Mais puisque Dieu n'existe pas, puisque il est mort, alors quoi, vos existences livrées à vous mêmes, vous ferez quoi, vous vous détruirez encore ? Qu'est ce que vous allez faire de vos vies ?

Ca aurait pu durer l'éternité, tu ne sais pas. Tu ne sais plus combien de temps ça a duré. Peut être quelques secondes. Peut être la vie. Qui sait, tu perds tout, dans ce baiser. Tu te recules à peine, ouvrant les yeux, le regardant.


    — Je meurs ainsi... sur un baiser.



Un sourire triste vient se dessiner sur ses lèvres.
Ca aurait pu être comme dans un roman, comme dans Roméo et Juliette. Fallait t il que votre folie vous maudisse mutuellement, que vous soyez les auteurs de votre malédictions, vous et vos malheureux cadavres, et rien ne changera à moins que l'un de vous se mette à courir contre le destin, contre les étoiles.
Puisque cette nuit est une nuit comme tant d'autres.


    — Si je suis plus beau quand je me tais, si tu me trouves si insupportable que ça, tu n'as qu'à me faire taire, Friedrich.



Pauvre William, à s'acharner contre lui, au fond, vous riez bien de votre sort, non ? Vous riez bien, de votre châtiment, peu importe, puisque c'est vous deux, pauvres fous, qui n'avez comme empire que les cendres de vos sourires.


    — Fais le, si tu l'oses.



Comme si tu leur faisait la nique, à la mort et lui. Puisque ils ne sont qu'un.
Ca fait quoi, de mourir chaque soir, de te faire prendre par la mort chaque nuit ?



 
Friedrich W. Nietzsche
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MessageSujet: Re: C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche   C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche Empty11.04.12 21:28

i'm gonna make you bend and break
say a prayer but let the good times roll
in case God doesn't show

C'est une petite bulle de néant qui entoure votre couche, le lit défait, les quelques oreillers tombés par terre, vos têtes jetées en avant et auréolées d'un espèce de vide extatique. Une triste couronne pour deux tristes sires. Vous cherchez vos mots, les petits et les vicieux qui feront le plus de mal au creux du ventre de l'autre, les épines et les épingles cachées au coin des draps à balancer sur un visage, une main, un cœur. Juste pour écorcher, faire des accrocs. La nuit noire semble se fracasser en silence et en millions d'étincelles, dès qu'une bouche s'ouvre inopinément. Des paroles mouillées dans du sang et du sexe. Tu le trouves un peu piteux, de plus en plus, de mots en mots, alors qu'il s'enfonce dans la boue de ses homélies qu'il ne termine pas. Il invente des horreurs qu'il ne croit même pas. Il y met tous ses efforts et toute sa haine, tout ce que ses tripes en contiennent, ce qu'il peut rassembler du bout de tout son corps. Il essore ses poumons et sa gorge dans ce qu'il te crache, d'une embardée, comme il peut, un peu haletant, le souffle un peu court et un peu haché par l'adrénaline de la colère qui s'enhardit. Pauvre con, tu sais pas ce que tu dis. Il est aigre-doux, ce poison qui te suinte des lèvres, Shakespeare, il a ce goût mièvre qu'ont les mots des gens qui ne savent pas ce qu'il font. Ce goût de miel à peine relevé d'un trait de poison.

Ça reste dégueulasse.

    " - Regardez comme il pérore...


Nietzsche serre la couverture bien fort dans ses paumes jusqu'à ce qu'un ourlet décède. Sa bouche se délie comme une ombre. Il a son rictus agacé des jours pourris. Les courbes de sa peau s'écrasent contre l'autre et sa nuque trop pâle ; il est toujours au creux de son épaule, posé comme un oiseau fatigué, et au plus près de lui, il sent sa voix qui vibre dans une résonance complète. Ses sens se détraquent lâchement. C'est une purée de mouvements ténus et de gestes minimes, Il ne sait plus vraiment s'il adore les veinures de son timbre jusque dans ses tympans ou s'il déteste ça. Non, il déteste ça, à l'instant. Il en est sûr. Il aimerait vraiment.

    - Tu te tailles la part du lion, Willy. Tu es sûr que tu vaux tout ça ? Sois modeste. Modeste. On est pas dans une de tes romances à la con. Tu le sais, tu le sens, ça ?


Ta voix s'éteint sur la cambrure rigide de sa clavicule. Tu lèves la tête, d'un coup, d'une traite maladroite, et puis tu te sens comme au bout d'une corniche terrible, dès que tu te balances au bout de son regard. Dès que le vert trop vert de ses yeux fait sa coupe droit dans ta chair. Barrage d'une main. Tu te couvres les cils avant qu'il ne les brûle, et détourne la tête alors que ça rime à rien. Toi, la Mort a ton visage ? Avec tes cheveux filasses, ta bobine de pauvre hère encore trop jeune pour l'être, ta peau déjà grise et tes petits traits d'éphèbe à la con, la courbe dure de ton menton, tu aurais des airs de faucheuse ? L'idée te fait décocher un sourire que tu lui laisses ; désabusé, narquois, désabusé surtout, parce que tu trouves ça aussi bête que fou. Mais peut-être qu'au fond. Peut-être qu'avec vos jeux de stupre et de bêtes sauvages qui ne finissent jamais, qu'avec vos courses à l'impossible l'un pour l'autre, vos doigts qui se frôlent et se quittent par soubresauts, peut-être qu'au fond vous êtes tous les deux un seul et même bourreau. Mais qui va assassiner l'autre ? Parce que ça dure, ça dure, ça s'éternise, ça se voit de plus en plus sur chaque parcelle de vos peaux. Toi tu crois que c'est lui, avec son regard. Avec son putain de regard de jade immortelle, les deux joyaux qu'il a dans les orbites, les brisants sur lesquels tu t'éclateras bien un jour, ouais ; il t'aura. Il t'aura, Nietzsche. Pour l'heure, c'est une chute en pente douce.

    - Si je me fous pas en l'air, c'est parce que tu es là, espèce de pauvre perdu, incapable, emmerdeur. Beau parleur de rien du tout. C'est pour toi, tu sais, Will ? C'est parce que j'ai pitié. J'ai de la triste pitié pour ta triste personne. Toi, qu'est-ce que tu ferais sans moi ? Regardes comme tu te traînes dans la fange pour ma belle gueule.


Tu lui dis de se regarder lui, parce que quand c'est sur toi que ses yeux balancent, tu le supportes pas. Qu'il te transperce encore une fois avec ces pupilles d'incube, et tu te jettes à son cou pour le vider de ses artères. Tu craques et tu calques tes lèvres fourbues sur ses lippes trop blanches. Tu déchires les draps.

Jusqu'à ce qu'il brise ce petit morceau de tension exaltée.

Tu te sentais un peu mort, depuis lors, depuis que tu t'étais privé de revenir contre lui et dans ses bras quelques bribes d'instants, tu ne voyais qu'une espèce de lassitude de bout de nez, un vieux brouillon, et tu t'en trouves profondément con. Plutôt clamser sur l'heure que le reconnaître, Friedrich, hein, plutôt crever qu'avouer que tu aimes. Tu Aimes. Il t'embrasse, tu recules. Tu veux laisser croire à cet enfant qui te fait face que tu domines encore tout ça. Bien sûr, tu as les pleins pouvoirs, Nietzsche ! Tu es le petit roi omnipotent de cette scénette au creux du plumard, tu as l'aval sur cette histoire. Dis plutôt que si ça dérape d'un centième, que si l'étreinte vire à la tentative de meurtre, et que si des dents ses mêlent aux pulpes de vos lèvres, tes mains poisseuses glisseront de sa nuque pour rester ballantes, en proie à cet amour affamé, à ton cœur qui meurt de faim. Tu redoutes un peu cette fibre d'insanité qui vous guette au coin de la chambre. Tu sens que la folie calmée veille encore vos baisers. Cette saloperie d'aliénation est tapie, vautrée dans la pénombre anguleuse du sommier, vautrée contre tes mains en silence, vautrée dans ta bouche et tes reins. Et tu la retiens. Et il te déclame encore son texte revisité avec la douceur d'un prince. Les grands classiques t'avaient manqué.

    - Si je suis plus beau quand je me tais, si tu me trouves si insupportable que ça, tu n'as qu'à me faire taire, Friedrich.
    - Te faire taire ? Tu es fait pour le babil, tu as ça dans le sang, dans les hémisphères et le peu de neurones qui y cogitent, tu parles bien, tu parles trop bien, comme un Machiavel, tu parles tant que tu as oublié d'écrire. Et tu as oublié que t'étais né pour ça.


Oser quoi. Oser quoi de plus. Je crois qu'ensemble, on a déjà tout fait, William ? On a été si proches tous les deux, si fondus et rentrés l'un dans l'autre qu'on est presque frères, faux frères ; on a tant marché et tant couru, et tant rêvé sous les étoiles meurtrières ou bien le feu trop vif de nos ardeurs qu'on s'en est cramé souvent, on se grille au kérosène de notre amour, et pour en guérir, on a rien trouvé de mieux que lever le camp et chasser la fumée des paumes de nos mains. Je crois que notre histoire n'est rien qu'un grand brasier, un sale brasier, et les bûches on en a plus assez, alors c'est nous qui y passons ; c'est pour ça que se raréfient ces soirs - les nôtres - où tu as ma visite. Un jour, un lointain jour sans doute, quand on pourra sortir d'ici, je te prendrais par cette main pâle et je te prendrais avec moi jusqu'au bout du globe, dans les tourbillons des pays biscornus auxquels on a souvent rêvé en buvant nos cafés crème. Je pense que là, je pourrais t'embrasser sans compter les secondes qui s'enfuient ni voiler mes yeux qui pleurnichent. Et puis au divin trépas, puisqu'on est déjà des cadavres à demi éteints, on leur dira merde, bonsoir, et puis rien.

Ce que ça fait de mourir chaque nuit ? Du bien.

    - Tu veux un peu de mémoire neuve ? "


Son rictus intact se froisse enfin, et le verglacé du silence est rompu. Il l'attrape au col de la chemise, soudée à sa peau par la sueur amoureuse, petit fragment à la fois de tissu et de lui, un peu. Il le tire à lui sans égards avec la désinvolture qu'ont les philosophes pour leurs amants. Des embruns de ses cheveux flottent, alors qu'il lui passe les mains autour du torse, alors que ses muscles roulent autour de sa taille pour l'enlacer dans une fièvre. Il le rabat sur le lit avec une violence à peine feinte. Il se dresse au dessus, il le surplombe, il balade son ombre par dessus son corps nu qui s'érige dans le noir capiteux. Il est beau, ce putain d'adonis. Friedrich se retient de tous mouvements, de tout afflux incongru qui le ferait perdre pour de bon. Il hume à peine son odeur rapprochée ; il se rappelle à demi combien sont rudes les béguins d'artistes, et combien sont décuplés leurs chagrins. J'aimerais me dire que tu n'es qu'une toquade, une chose qui va passer, William. J'aimerais te défigurer de mes baisers et te mentir. Pour l'heure, je vais juste te faire ce que tu veux encore, rassasier tes petits caprices.
 
William Shakespeare
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MessageSujet: Re: C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche   C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche Empty26.04.12 0:46

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I'M NOT IN LOVE
WON'T GIVE YOU MY HEART
NO ONE LIVES THERE ANYMORE
AND WE WERE LOVERS
NOW WE CAN'T BE FRIENDS

(salem tmtc)




Le temps. Tu dis que tu en manques, alors qu'il est si variable, trop long lorsque tu voudrais que ça se termine, il fuit entre tes doigts quand tu veux le retenir. Et pour toi, Friedrich, que représente le temps lorsque tu es dans ces draps ? Glisse il entre tes reins lorsque tu fais ces va et viens ? Toi, tu voudrais le garder contre toi, tu voudrais encore que ces moments n'aient pas de fin, que la nuit soit éternelle ? Et toi, t'en penses quoi, de tout ça ?

L'idée le fait sourire.


    — De la mémoire neuve ? C'est plutôt toi qui en aurait besoin. Regarde, tu ne te rappelles déjà plus de ce que je t'ai demandé peu avant.


A ce moment là, il prend ton visage entre ses mains, l'attire contre le sien, trop fort, trop maladroitement, trop fiévreusement, pour chercher tes lèvres de sa bouche avide de tes baisers, passer ses doigts sur ta nuque, accrochant tes cheveux au passage, enfoncer ses ongles dans ta peau dans une étreinte qu'il n'arrive plus à maîtriser. C'est presque s'il aime quand tu le serres sans retenue, c'est presque s'il aime, s'il a envie que ce soit violent, sans artifices, que ça fasse mal, il pourrait te pousser à bouts pour que tu puisses l'aimer plus fort et que tu ne penses à rien d'autre, qu'entre tes doigts trop serrés se déchire le maigre tissu qui le recouvre encore, que tu le fasses taire, une ultime fois, que tu le fasses gémir contre ta peau, qu'il implore ton nom trop fort dans le lit qui craque. Il veut pas de la tendresse, Will, il n'en veut plus. Il te veut toi, à l'état brut, sans rien d'autre, que ça le fasse souffrir, et allez, que tu détruises en morceaux comme si c'était la dernière fois que vous vous aimiez.
Tu pourrais le crever de tes baisers et de ton corps qu'il serait heureux ainsi. Tu pourrais le déchirer, lui et sa gueule d'ange, de tes mains, il ne demanderait rien de plus.
Oh, comme ce qu'il pouvait ressentir était tordu, vicieux, comme vous, comme son sourire.

Pourquoi vous restiez ? Pourquoi l'un de vous ne claquait il pas la porte, pourquoi n'arrivez vous pas à repousser ces draps, vos corps encore brûlants, pourquoi fallait il que vous vous creviez l'âme à coup de mots acides et d'étreintes étroites, pourquoi jouez vous à ce jeu de garder le masque dans le creux de la nuit ? Pourquoi se servir encore et toujours des mensonges sur un plateau doré pour souffrir et vous désirer plus longtemps, et abandonner, déposer les armes au pied du lit, de l'oreiller, à vos odeurs entremêlées du souvenir de vos amours hantés du fantôme de la violence et de l'envie ?
Et toi, Will, pourquoi tu ne craques pas ?

Ces questions restent en suspens jusque à l'aube, jusque à la prochaine fois. Au fond, quel triste destin, quelle triste histoire, non ? L'histoire de votre misère, de vos coeurs atrophiés, incapables de vous aimer comme la croyance populaire le veut, comme dans tes pièces trop mièvres, Will, pourtant tu connais bien ça, l'amour, non ? Tu l'as trop souvent proclamé. Tu l'as tourné sous toutes ses formes, dans tous les sens, alors pour le ressentir, tu lui enlèves sa valeur de noblesse, pour le vivre de la manière la plus infecte qui soit. Ressentir le bonheur par le biais de la souffrance, au fond, cela ne te rend même plus capable de dissocier le bien du mal.
Et tu aimes ça.
Sombre fou. Vous êtes juste des putains de destructeurs. A vous détruire, détruire le peu de vous, le peu de tout.


    — Je te déteste, Friedrich. Tu le sais, ça, au moins ? Je te hais.


Un de plus, un de moins, qu'est ce que ça change, après tout, puisque vous êtes perdus ? Tu n'es même plus sûr que tout lui dire pourrait vous rendre à vous mêmes. En as tu été seulement sûr ne serait ce qu'un seul jour ?
Il te dit beau parleur, il te dit que tu as oublié ce pour quoi tu étais né. Mais à quoi bon ? A quoi bon continuer à écrire, à quoi bon toujours inventer des histoires sans queue ni tête des méandres de ton esprit, puisque tu n'es rien, puisque ta propre existence n'a pas de sens, à quoi bon faire tout ça, puisque c'est vain ? Tu n'as pas de temps pour toi, Friedrich, tout comme lui n'a plus de sens. Regardez vous, à genoux, trop usés de ces nuits consumées. Plus rien ne vaut la chandelle, maintenant, sauf le peu que vous arrivez à construire vous mêmes. Mais à quoi bon, puisque vous le détruisez en écrasant cette dernière cigarette avant de vous quitter, avec ce goût amer dans ta bouche, sans savoir quand sera la prochaine fois ?
La vérité, c'est que lui seul peut encore donner du sens à ta réalité. La vérité, c'est que oui, tu ne serais rien sans lui. Tout comme il ne serait rien sans toi, ce dont tu es persuadé, mais ça, est ce la vérité ? Qu'êtes vous à présent, sinon les fantômes de vous mêmes ?

Ses doigts se resserrent davantage sur sa nuque, il vient une nouvelle fois voler ses lèvres entre les siennes, plus fort encore que la fois précédente, quitte à en crever, il t'embrasse avec cette passion, cette folie du désespoir que seuls connaissent les fous, puisque il est fou à lier, fou de toi, putain de toi. Il crèverait sans ta bouche contre la sienne, sans sentir la chaleur de ton corps qui le possède, sans toi, tout simplement. Alors vas y, tue le, tue le encore une fois, tue le de tes baisers, tue le de ton être, sans ménagement, mais fais ça bien.
Perds toi une dernière fois ce soir.
Il t'agrippe par le dos de sa main libre, y fait glisser ses doigts, à nouveau, s'accroche à toi, te fait venir plus près de lui encore, qu'il n'y ait plus aucune distance, plus rien qui vous sépare. C'est ses baisers brûlants, sa jambe qu'il fait remonter le long de la tienne, cette éternelle recherche de toi, toi toujours toi qui le rend fou. C'est un soupir qui s'échappe de ses lèvres, avant de t'embrasser encore. C'est la mort qu'il s'administre tout seul contre toi. Oui, c'est toi, sa perte, sa fin toute proche.

Y avait il seulement une chance que tu reviennes un jour ? Pauvre fou, je ne sais plus, on ne sait plus, regarde nous, je ne saurais dire si on est magnifiques dans cette horreur de nous ou affreux. On doit faire peur. Tu me tues. Tu me tues, et j'aime ça, j'aime mourir dans tes bras, quand on en peut plus, quand on est au bord de se perdre, quand on repousse les limites de notre raison dans nos maigres bras qui se cherchent encore.

T'en peux plus de l'aimer. La vérité, c'est ça. C'est que tu l'aimes, que ça te bouffe, que ça te détruit, que ça te réduit à néant, mais tu t'en fous, puisque tu l'aimes, et que tu aimes qu'il te repousse, qu'il te vomisse des serpents à la gueule en t'ordonnant de te taire, en te disant que tu es ridicule, en te rappelant que tu n'es plus. T'en peux plus de l'aimer, Will. Et de tes lèvres, tu le réclames encore. Tu te détaches une dernière fois de lui, avec un sourire moqueur.


    — Au fait, je t'ai menti sur ce point.



Puisque tu n'as plus rien à perdre, sinon le peu de toi même, tu rapproches tes lèvres de son oreille, murmurer quelques mots, le souffle court, la respiration trop rapide, encore, du bout de ta langue, à peine audible pour vous deux. Deux mots. Si souvent employés. Ces mots qui font exploser ton coeur à cet instant précis. Tu n'oublieras pas de rajouter son prénom juste après, que tu aimes tant prononcer, avec cette teinte de dégoût dont tu raffoles.
Rejette le si tu veux, puisque il est déjà condamné, puisque il est déjà mort. Mais au final, tu vois, c'est bien lui qui aura abandonné en premier. Il n'y croit déjà plus. Mais laisse le crever dans un dernier baiser, une dernière étreinte, une dernière nuit. Ce soir, il meurt une dernière fois.





 
Friedrich W. Nietzsche
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MessageSujet: Re: C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche   C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche Empty28.05.12 21:11

i'm about to kill a man
'hope you gonna understand
let's back away from here.

Nietzsche n'était pas quelqu'un de bien.
Quand il descendait la rue 221b Baker Street avec du sang sur la lèvre supérieure, chassé d'un lit à coups de tringle à rideaux par William Shakespeare, il ne réfléchissait pas exactement à la raison pour laquelle il reviendrait s'excuser une fois encore quelques jours plus tard, sur le même perron usé par ses expulsions journalières. En réalité il pensait à la veste qu'il avait oubliée sur le canapé défait, au lacet de chaussure de pute qui servait à lui nouer les cheveux abandonné sur le tapis, aux trois cigarettes qu'il restait dans le paquet de la table de nuit. Ces petites choses infimes, qui mises bout à bout, formaient par leur somme la triste réalité du clochard revenu aux sources. Ces petites choses qui lui manquaient toujours pour survivre aux vingt-quatre prochaines heures écoulées dans la rue. Ces vingt quatre heures de mille quatre cent quarante minutes et ces minutes de quatre vingt six mille quatre cent secondes. Pas assez de centièmes pour devenir raisonnable, pour se dire "reviens plus tôt, cette fois, ne prend pas froid", pour penser à une intonation un peu plus chaude quand il bavera un "je suis désolé" à son retour, pour songer à être plus présentable aussi, pour tout ça, pour qu'il le reprenne. Friedrich le débraillé. Qu'est-ce que ça le faisait rire, en y repensant, et qu'est-ce que ça lui faisait mal, pourtant ; toutes ces choses idiotes qui devenaient indispensables, et puis ces choses capitales qui devenaient poussière, prenaient le pas, qui refoulaient le vital et l'aimé au second plan.

Jamais il ne s'était senti désarmé devant ses injures, ses piques, sa langue qui fourchait toujours à moitié pour lui assener des mensonges arrosés de grief. Il connaissait tout par cœur, il savait que ce qu'il y avait dans cette tourbe et ces mots-là, c'était la rage chaude et le sang, et la passion. La passion. Toutes ces brimades pour de l'amour en colère.

Nietzsche se sentait con et solitaire au-dessus de son William. William et son visage d'enfant pénible, sa moue - toujours la même - qui creusait les traits sous ses yeux d'une insupportable clarté. Son corps luisant, ses courbes d'homme, rudes, ses nuances sur la peau, prudes. Tout ça c'était un chaos de chair et d'humanité, de membres rendus flasques, de cheveux parfumés, de perfection foireuse. Quelque chose était là au creux de sa gorge. Il y avait du doute dans ce qu'il faisait et ça le surprenait. C'était bien la première fois. Et au milieu de cette scène, il y avait toujours ces courants électriques qui lui hurlaient dans les os, les phalanges, le bassin, ces pulsions immobiles et glacées par son cerveau qui lui disaient, fais-le ; allez. Touche-le. Bien sûr, Nietzsche. Sois faible et succombe, ça changera. Pourtant Dieu savait - non pas Dieu, mais n'importe quel connard perché là-haut qui les épiait - qu'il ne mangeait pas de ce pain-là.

    - J'ai pas assez de temps pour penser à l'avant, il lui murmure, et il attend, avant que l'autre ne lui balances des bombes, et qu'il ne s'affaisse un peu plus sur lui-même.


C'est jamais vraiment très sain, l'amour en dilettante. Il y a toujours quelque part où ça coince, ça grince, ça grignote, c'est jamais vraiment très bien. C'est déplaisant. Il reste figé mais il se demande ce qu'il fout encore là. S'il va recommencer, si c'est bien raisonnable, s'il va rester ici cette nuit ou si d'ici quelques minutes et quelques verres brisés il sera dehors avec des entailles au front. Ses pensées se noient dans l'ailleurs et sa cervelle lui fond dans le crâne. Une alchimie de sons, de souvenirs mâchés, de rires éraillés qui se dissolvent et se bringuebalent partout et nulle part. Parce que son esprit qui se démantèle, c'est un peu le partout, et le nulle part à la fois.

    - Je te déteste, Friedrich. Tu le sais, ça, au moins ? Je te hais.


Le goût du sang. Un revirement qui lui explose dans les artères, et ce qui lui reste de fragments de cœur. Il ne sait plus si c'est le moment de réfléchir ou le moment d'aimer. Il croit que cette fois il n'a pas raison. Et c'est mauvais présage, ça, c'est de très mauvaise augure, quand on perd la notion des choses, de soi, ça c'est le signe que quelque chose ne va pas du tout dans ta vie, quand ton égo trop grand pour ton petit corps de connard se ratatine à sa juste mesure. Quand tu retombes du piédestal que tu t'es érigé tout seul. Est-ce qu'il est blessé ? Mais non. Ça ne devrait rien lui faire, ça ne devrait même pas l'érafler, des acides pareil, il les connaît, il s'en est pris des rincées et des litres et des déluges. Il s'en abreuve. Et alors qu'est-ce que c'est ? C'est parce que t'es là, contre lui et entre ses jambes, que t'es un peu chair de poule et que t'as plus les pieds sur le sol, parce que tu es un peu comme en voyage, quand tu es avec ta moitié sur ce lit dérangé ? Un voyage au bout des choses.

Et puis il t'attire à lui, il te soude à ses bras et ses jambes, et ses lippes aussi, vous êtes un, mais ça ne change pas. Tu te sens au pied d'un mur, tu te sens chavirer, Nietzsche, tu serais déjà sur la barque de Sauron que tu le saurais même pas ? Toi qui ne sait même pas quand arrive le dernier verre, toi qui ne sens même plus ton corps après la fête et qui marche quand même dans la nuit soûle, mû par rien, le vide. Tu te sentirais transpercé par le spleen ? Un peu de spleen, de poison, au bout de ses caresses qu'il abat sur ton dos. Tes poings se ferment. Tes yeux te brûlent. Tu fusionnes à lui, et tu ne comprends pas. Ta lèvre tremble dans un danger virulent que tu sens juste à côté, juste là. C'est un monstre. Pressant ton épaule avec ses griffes jaunes, ses lambeaux de chair pointue, griffue, plein de cornes, de mal, de pus, de mal, putain, le mal.

Merde, Friedrich, oh merde, ce mal, c'est toi.

Sa chaleur te semble si dure, si poisseuse. C'est détraqué. Tu as compris maintenant, et ses baisers te semblent des gifles. Alors que tu écartes les draps dans des gestes fiévreux et lourdauds, et que ta tête est pleine de fer et de plomb, et d'orties en floraison, tu te sens sale. Tu t’écœures tellement que ça te fait sourire. Il doit te sentir fuyant, pondéreux, il doit sentir ta respiration difficile et ton haleine qui s'amenuise, le tout toi qui se rétracte sur lui même, un peu comme le papier d’Arménie que tu brûles. Tu exsudes la haine. Les vipères ont remplacé la douceur. Tu ne le frôles plus, tu le blesses. Tu ne peux plus faire comme tu l'avais prévu, le prendre encore une fois, et t'endormir, et ne penser à rien, juste à cette fissure dans le plafond que tu aurais vue, les ombres anguleuses. Son amour qu'il te nie, mais qu'il crève à te balancer, celui devant lequel tu ris à te faire sauter le cœur, tu ne le mérites pas.

Tu n'es pas quelqu'un de bien, Nietzsche ; tu viens de le réaliser. Tes mains se portent à tes lèvres. Tes pupilles se dilatent. Un bruit de tonnerre crève le plafond et la chaleur tamisée, tu te redresses dans des crispations. Ca fait mal ?

    - Au fait, je t'ai menti sur ce point.


Il t'agrippe. Tes viscères s'entortillent. Ses lèvres ivres des tiennent y reviennent dans le même parcours, exactement le même, le mécanique, et définitivement, tu te sens sombrer. Évidemment, il a menti. Pas que ça te surprenne. Je t'aime, il te dit. Il te dit éperdument. Je t'aime, qu'il t'aboie, dans cet accent de délire, celui que toi et lui seul connaissent, cette voix d'exotismes et de lascives intonations, "Je t'aime", quel con. Tu tombes.
C'était trop, c'est trop, il ne fallait pas. Il n'aurait pas du franchir ces dernières portes et ces derniers battants, ces frontières minuscules comme une membrane, comme un hymen, la borne qui délimitait la fin et le commencement de ce merdier. A moitié écrasé par terre, entre la mollesse du lit et le dur du sol, décousu du corps de Shakespeare, dans des sueurs impossibles, Friedrich s'agrippe à ce qu'il peut. Il hoquète et il est contusionné. Son ventricule se serre. Il tousse à s'arracher les poumons ; vite, penser à quelque chose, regarder un coin de la table, sentir ses pupilles se charger de quelque chose avant de tomber encore, repérer des points ; la veste, toujours sur le canapé, l'élastique, sur le tapis, les cigarettes. Trois. La table de nuit.

    - J'ai envie de vomir,


Il murmure. Il espère que ça le vexe. Il espère qu'il interprète ça mal et qu'il voie ça comme l'affront du soir. Il ne sait plus où est le haut et où est le bas, tout se mélange, ses cheveux sont devant sa gueule et lui rentrent dans la bouche, il faut tomber mille lampes et mille vases en se relevant ; il fait un pas et titube.

Il est en pleurs.
Il fait des choses insensées, veut lacer ses chaussures, l'abandonner là et partir, le décevoir une fois pour toutes, ne plus jamais revenir, ne plus lui infliger sa tronche d'enfoiré cachée derrière des fleurs. William Shakespeare m'aime et j'en mérite pas un traître demi-millième ; ces mots malsonnants se cognent et s'emboutissent dans sa boîte crânienne en délabrement. Autodestruction. Ravage accéléré. C'est comme après une cuite immonde, cet instant sans pesanteur, de désinhibition, d'égarement encrassé. Devant ses yeux moites, il y a toutes ces petites conneries qu'il avait imaginées qui passent en débâcle ; ces idées parfumées de douceur devenue pellicules d'os. Une promenade aux frontières de l'est, un dernier café chez les Noctambules, une course-poursuite en riant comme des dératés, dans l'avenue des Camélias. Un duplex, près de l'opéra, avec des vitres basses à persiennes, et un grand balcon, pour regarder les comètes. Un petit garçon. Ils l'auraient appelé Roméo.

    - Il faut que je parte sans rien dire. Il halète, ses mots sont coupés à la hache par des larmes ridicules. Rien, pas un mot, c'est comme ça que font tous ces connards, ces moins que tout, les gens qui valent rien, comme moi. Il faut que tu oublies mon nom et que je retourne là où je dois être, c'est à dire dans la rue, parmi les chiens et les paumés et les pauvres merdes invisibles. Je te promets que je disparaîtrais et ton génie sera à son apothéose. Les gens t'aimerons, tu auras enfin ce qu'il te faut, tu seras inondé de lumière, et moi je crèverais,


Il hurle presque avec une sincérité macabre, les yeux exorbités, les membres ballants et dressés ; il hurle et il veut rire mais il ne fait que pleurer. Il se heurte au papier peint. C'est terrible. Il a tout gâché. Encore.
Il voudrait bien partir.
Il voudrait mourir ce soir et qu'il lui pardonne.


(pardon pardon PARDON tu peux me trucider mettre 1000 ans à répondre répandre mes intestins dans la pièce de ton choix me couper les pieds et me les recoudre je t'aime quand même de tout mon petit cœur de boloss je pue c'est tout.)
 
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MessageSujet: Re: C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche   C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche Empty29.05.12 18:20

C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche Tumblr_m4rozplf6q1qjqg4xo1_500
ONDE SENSUELLE
J'ENTENDS ENCORE L'ONDE SENSUELLE
DE TA BOUCHE SUR LA MIENNE
C’ÉTAIT SI FORT C’ÉTAIT SI BEAU
LA PHILOSOPHIE DE TON SOUFFLE ENTRE MES MOTS







Tout comme Friedrich Nietzsche n'était pas un homme bien, William Shakespeare était un homme riche. Immensément riche. La manière dont il avait acquis sa fortune était quelque peu obscure - mais le fait était qu'il était riche. S'il le voulait, il aurait très bien pu faire vivre le philosophe sur ses moyens, lui fournir de quoi manger, dormir, le sortir de cette misère. Il aurait pu lui donner tout ce qu'il voulait.
Mais voilà, il était nu, dans ce lit, à le regarder partir en larmes, tituber comme cet homme qui aurait trop bu, s'enfuir loin de lui, loin de tout, sous son regard ébahi, sans comprendre. C'était trop rapide. Au premier abord, il pensa qu'il s'agissait d'une grotesque plaisanterie, qu'il allait revenir, l'inonder d'insultes, lui vomir son amour à la figure, comme il pourrait vomir des fleurs, comme tout. Mais cela n'avait pas l'air d'en être une. Alors lorsque il le vit s'éloigner encore, à débiter son discours de pseudo salaud, William se jeta hors du lit, enroulé dans un drap trop fin, et fondit sur l'être misérable qui se tenait en face de lui, celui qui voulait partir, le quitter pour de bon pour des causes soit disant nobles.
A cet instant, oui, William Shakespeare était hors de lui, en proie à la folie passagère des nuits brûlantes. Ça brûlait dans ses entrailles davantage que d'habitude. Ça faisait mal, putain.


    — Tu n'iras nulle part !



Et sa main s'abattit sur sa joue en un claquement sonore. Il releva la tête vers lui, son regard vert accrochant celui de son amant, son regard embrasé, qui n'avait plus rien de doux à présent. Simplement de la colère. De l'incompréhension. A chaque instant, il sentait son coeur se déchirer davantage, c'était une douleur insoutenable, comme un poison qui s'insinuait peu à peu dans chacun de ses membres et lui cramait les muscles à vif, un acide qui le dissolvait peu à peu, lentement, jusque à son cerveau tordu, à le faire perdre la raison. Il sentait la folie s'emparer de lui avec ses longs doigts difformes, celle qui lui faisait perdre le contrôle de lui même, ses mots ses gestes. Avec la fierté pour couronner le tout. Oh, quel orgueil en cet instant.
Oui, William Shakespeare était fou à lier.


    — Non mais pour qui tu te prends, à vouloir me traiter de la sorte ? Tu veux t'enfoncer encore dans ta merde ? Te rendre encore plus pitoyable que tu ne l'es ? Ah, tu dis que je suis un beau parleur, mais regarde toi, à te cacher derrière des propos nihilistes joliment tournés, tu ne vaux pas mieux que les autres, un être misérable qui fuit à la moindre difficulté, qui a peur de la vérité, de l'inconnu, regarde toi Friedrich Nietzsche, esclave de ton être que tu cherches à noyer sous des faux semblants, tu n'es rien de plus qu'un lâche !



Touché à vif. T'as pas le choix, de cracher ton acide à la gueule, ton coeur blessé.
C'est cette boule dans la gorge qui peu à peu menace d'exploser, ton corps qui tremble de toutes parts, tu te sens déjà crever qu'il parte, car tu le sais, tu ne peux vivre sans lui. Ne me quitte pas. Tu pourrais le supplier encore de rester, l'implorer dans ta douleur, oh, comme tu l'aimes, et vois à quel point cet amour te rend misérable. Tu n'as d'autre défense que l'attaque, voilà, encore un coup qui tombe, tes poings qui s'abattent contre son corps, tu cherches à lui faire mal autant que ce que tu souffres, et tu cries, tu te brises la voix à l'insulter, l'humilier, au bord de craquer, toi aussi, de laisser tes larmes rouler le long de tes joues diaphanes.
C'est ton monde qui s'écroule à chaque seconde qui passe.


    — Je te hais Friedrich, je te hais plus que tout ce que tu peux imaginer, je te hais toi et ton être sous acide, je te hais à briser le peu de tout, je te hais tellement que tu me donnes envie de te crever !



Je t'aime Friedrich, je t'aime plus que tout au monde, je t'aime toi et tes mots qui me brisent, je t'aime quand ton sourire me hait, je t'aime tellement que sans toi je préfère crever.
Votre amour n'était qu'une vaste tragédie.


    — Tu penses que sans toi je serais au sommet de mon art ? Ah ! Je pourrais écrire, sur toi, sur nous, sur ces deux êtres pitoyables qui se déchirent, ce serait merveilleux ! Je ne sais pas qui tu étais avant, mais en tout cas, je méprise les êtres comme toi. Je suis William Shakespeare, et ce n'est pas à toi de me dire comment je dois accomplir mon travail !



Friedrich, ne pars pas, je t'en prie.
Au départ, William détestait ce prénom. Friedrich. Trop barbare, trop dur, ça coupe la langue de le prononcer, c'est vulgaire. Puis il s'était surpris, à l'usure, à apprécier de le dire. Lorsque il hurle, lorsque il soupire, lorsque il gémit, lorsque il l'implore, Friedrich, c'est un peu sa phrase de circonstance, ce nom qu'il a dit sur tous les tons.
Essoufflé, hors de lui, il le regarde, le coeur battant trop vite, sur sa langue, au bord de sa bouche. Voir son visage en larmes le tord. Où est il, son coeur ? Sors le de sa cage de bois, et si ça fait du bien de mourir, alors crève avec lui. Il laisse ses doigts dévaler sur sa peau, caresser son visage, puis se rapproche, un sanglot étreignant sa gorge, emprisonnant du bout des lèvres les larmes qui dévorent cet homme. Avec patience, il fait disparaître chacune d'entre elles, tremblant, murmurant à chaque baiser "pardon, pardon Friedrich". Et puis arrive ce moment où il ne supporte plus, où il s'écroule en larmes à ses pieds parce qu'il ne peut accepter l'idée que les baisers soient les derniers, où la perte le tue déjà, et lui, enroulé dans son drap, il s'accroche aux jambes de son amant et le supplie en larmes de rester.


    — Pars pas, pars pas je t'en prie, je te donnerai tout ce que tu veux, tout ce que tu désires, je te donnerai toute ma fortune si tu le veux, je me donnerai moi et s'il le faut je vendrais mon âme au diable pour que tu restes, mais je t'en supplie, ne me quitte pas ! Sans toi je ne peux pas vivre, chacune de tes absences me déchire le coeur, et sans cesse j'attends l'instant où je pourrais retrouver tes bras, sans toi je ne suis rien... Sans toi je ne peux pas vivre, et si tu franchis le pas de cette porte je me donnerais la mort, mais par pitié, reste avec moi, reste avec moi, je t'en prie, je t'aime Friedrich, je t'aime plus que ma propre vie, je t'aime à en crever putain, je t'aime, et si tu pars, je te jure que je me tue !



Tu hurles ces quelques mots du peu de voix qu'il te reste, parfois coupé par tes sanglots, et tu termines ton discours en larmes, ton maigre corps le relâchant peu à peu, avant que tu ne te recroquevilles à terres, secoué par tes pleurs trop violents, oui, tu as l'impression de mourir, alors qu'il abrège tes souffrances de l'amour, ou bien tu le jures, tu n'hésiteras pas à te donner la mort, pas comme les autres fois où tu lui as dit pour lui faire peur, pour le forcer à rester alors que tu n'en avais pas la moindre envie, non, cette fois, s'il part, s'il te laisse pour toujours, tu préfères mourir sur le champ que de vivre sans lui.

Oui, William Shakespeare était fou à lier.
Fou de lui.




TES DOUBLES SENS SI ROMANTIQUES
M'ONT TROUBLÉ, ONDE MAGIQUE
Y A T IL UN SENS A TA VENUE ?
AS TU UN NOM ? MOI NON PLUS





 
Friedrich W. Nietzsche
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MessageSujet: Re: C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche   C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche Empty06.06.12 23:39

a heart that's full up like a landfill
a job that slowly kills you
bruises that won't heal.

Ce qu'il écoute, ce ne sont plus des mots volatiles au creux de la chambre, c'est des battements de cœur qui ont pris la place de sa bouche et de ses paroles ; c'est cet organe flagellé par ce qui lui semble être de la bêtise, ou du chagrin, ou de la folie, de la furieuse folie, de l’amoureuse folie. Ce qu'il entend crève la nuit et n'a plus grand-chose à voir avec des mots ensemble, une phrase à la belle tournure, quoi qu'un peu saccadée, et un rythme particulier, ce qu'il reçoit n'est pas cet ordre ou cette mise en garde ; non, ça a bien changé depuis les premiers ébats et la rupture tombée entre eux comme sont tombées les étoiles dans le ciel. Ce qu'il palpait du bout de l'être dans ces mots-là c'était du désespoir, de la perdition naïve, un semblant d'orgueil qui crevait au coin du tapis, où les mégots de leurs cigarettes de luxes étaient venus s'écraser tant de fois sur fond de litanie. Bételgeuse et la Grande ourse étaient témoins. Les astres qui regardaient par la fenêtre toute cette déchéance renversée savaient. Et ils avaient l'air tellement ridicule, tellement éteints, face à tout ça. Un coup de poing dans les étoiles. Une main qui emboutit la peau visqueuse sous les larmes.

Son éclat de voix meurt ; il n'y a que la rage rouge qui lui parvient, à petit feu, à amères doses, de sa silhouette démantibulée. C'était si fiévreux et chargé de rage, d'instant brûlés et d'ailes arrachées ; c'était l'image de son amant saturée d'une tristesse si perdu et délabrée qu'il ne pouvait le soutenir de ses grands yeux lâches. Quelque chose se craqua en deux, pas sous la douleur physique, mais sous l'écrasement terrible qui lui prenait les tripes et la cervelle, ces rancœurs lancinantes qui grossissaient à l'intérieur comme du lierre ou du chiendent. Il n'en pouvait plus de ce venin, de son putain d'amour changé en remords, de son ersatz de cœur : la valve qui avait remplacé tout organe vivant et le fluide noir qui avait remplacé toute goutte de sang possible. Il n'en pouvait plus d'endurer sa passion létale, ou ce regard mille fois trop vert de William Shakespeare, quand ses lèvres crayeuses lui vomissaient ce qu'il prenait pour un cri d'oiseau de paradis.

    — Non mais pour qui tu te prends, à vouloir me traiter de la sorte ? Tu veux t'enfoncer encore dans ta merde ? Te rendre encore plus pitoyable que tu ne l'es ? Ah, tu dis que je suis un beau parleur, mais regarde toi, à te cacher derrière des propos nihilistes joliment tournés, tu ne vaux pas mieux que les autres, un être misérable qui fuit à la moindre difficulté, qui a peur de la vérité, de l'inconnu, regarde toi Friedrich Nietzsche, esclave de ton être que tu cherches à noyer sous des faux semblants, tu n'es rien de plus qu'un lâche !

Écoute, regarde un peu, comme il t'enterre, comme il t'ensevelit sous cette fange et cette boue que tu connais déjà. Il t'en sort par la bouche, par le nez, tu as du limon jusque sur les bras et autour des côtes, ça te coule dans le dos, dans une tiédeur malade, une démence exotique gonflée par la haine ou la passion ; qui sait, tu les confonds maintenant. Les deux deviennent inextricables, frères et sœurs dans la douleur de ce soir brisé à tous les membres. Ce soir de trop. Tu ne prêtes pas attention à ce qu'il dit, du moins tu essayes, tu tentes effrontément, tu t'intéresses aux franges dépliées du grand lit alors que tu suffoques encore, dévoré par le chagrin atroce. Ton torse se soulève et se creuse au rythme frappé de ses cris. Merde, nihiliste, misérable, fuis, regarde, esclave, lâche. Voilà les bribes qui effleurent et éraflent des membres désarticulés qui se collent avec absence sur les murs. Après les ravages de ces paroles, pour ton corps raidi qui ne se meut plus qu'en tremblant pitoyablement, pour sa silhouette aliénée qui vient te frapper et t'aboyer sur la tête, cette chambre devrait se faire cimetière. Oh, tu vois l'obscurité fondre en bête féroce sur la pièce et l'engloutir d'une patte hérissée. Une tombe à deux, pour toi et lui, pour ces fiertés qui s'éclatent l'une sur l'autre et ces baisers de retard que vous n'aurez jamais échangés. Oh, oui, tu voyais bien les inscription trôner au-dessus de vos croix de marbre pourri, tu voyais en souriant les épitaphes qu'on vous aurait écrites, gravées encre noire sur blanche, et vous auriez à composer juste une dernière fois avec le fait d'être ensemble. Ensemble dans la mort, dans le néant dégueulasse, dans le suicide arrosé de luxure et de foutre, ces choses que tu aurais répandues sur lui et avec quoi tu l'aurais souillé jusqu'au petit matin. Un ultime duo jusqu'à vos fins et pour votre éternité. Peut-être que rongés par les vers, mis en terre comme des chiens, vous auriez pu écrire encore. Une encre qui a l'odeur et le goût de mort. Et si vous creviez main dans la main ?

Tes yeux sont bouffis d'une espèce d'attente éplorée. A la fois tu te sens fébrile, et à la fois tu te sens te quitter, ton âme abandonner ton corps, tes mains, le bout de tes pieds, comme tu avais voulu courir pour échapper au halo dur de son regard. Ha, ça c'était la pire des chutes, le plus effroyable des départs, la pire traîtrise et le pire mouvement de superbe connard que tu aurais accompli dans ta chienne de vie, Friedrich. Tu aurais été à ton apothéose. Tu te résignes à entendre et à laisser ses reproches te transpercer, à laisser couler une perle brûlante sur ta joue pâle, et cette perle te brûle, te déchire les peaux, t'écartèle la pupille. Tout ton pauvre corps engourdi se dilate. Oui, ça aurait été le couronnement absolu des saloperies qui meublaient tes journées, Nietzsche, que de partir à jamais et le laisser là pour toujours avec ton odeur encore suintante au fond des draps en cendres. Seulement, tu l'aimes.

    — Je te hais Friedrich, je te hais plus que tout ce que tu peux imaginer, je te hais toi et ton être sous acide, je te hais à briser le peu de tout, je te hais tellement que tu me donnes envie de te crever !

Tu songes un peu à cette double disparition, cette mort à deux que tu allais juste lui proposer, c'était tout bête ; une seringue un peu trop profonde ou quelques verres un peu trop chargés, et puis un saut depuis l'Olympe en démolition. Et puis tu décryptes tout ce qui se cache dans cette haine illusoire, tu devines le désir sous les serpents de son laïus, tu sens les accents de l'ivresse et du béguin emmurée par ce ciment d'immondices. Il suffit juste de l'effleurer d'un doigt pour tout briser, pour effacer cette substance amère qui enrobe tous vos mots. Ceux que vous vous jetez à chaque retrouvaille comme des lames émoussées dans le visage. Tu fermes les yeux. Il continue. Tes doigts frémissent dans la tiédeur détraquée. Il continue. Tu les rouvres. Je suis William Shakespeare, il te dit. Il te brandit ça pour braver tous les interdits. Je suis William Shakespeare, et toi tu es là, tu es une loque étalée sur mon tapis, sur mon plancher, dans mon appartement que j'ai payé avec ces billets de mes poches, qui ne demeurent que le temps d'une lune dans les tiennes. Il était ça et juste ça, dans toute sa vérité et toute sa chair puissante, c'est tout. Dépouille-le de cet orgueil qui ne veut rien dire, enlève ces couches de vanité dépitée et tu l'as contre ta poitrine. Alors pourquoi ne pas s'arrêter là ?

    — Tu penses que sans toi je serais au sommet de mon art ? Ah ! Je pourrais écrire, sur toi, sur nous, sur ces deux êtres pitoyables qui se déchirent, ce serait merveilleux ! Je ne sais pas qui tu étais avant, mais en tout cas, je méprise les êtres comme toi. Je suis William Shakespeare, et ce n'est pas à toi de me dire comment je dois accomplir mon travail !

Il le touche, il le parcourt doucement, dans un chemin hasardeux qu'il avait déjà souvent arpenté, pourtant. Friedrich était une bête paresseuse qui se laissait caresser, repue, et qui dès la faim revenue, se recouvrait de piques et d'acier tranchant qui lui sectionnait les doigts et les sentiments. Il mettait toujours tout à vif, et il n'y avait pas de demi-mesure ; quand l'animal caressant revenait à l'état sauvage, pour l'apprivoiser il n'y avait que lui. Il n'y avait que lui pour déchirer les cartons et les guenilles auxquels il revenait chaque nuit. Et le voilà à ravaler pour lui ces larmes pénibles, à se confondre en excuses sordides et à apaiser le monstre, les mains et la tête perdues dans son pelage, dans sa fourrure coupante qui redevenait cette matière soyeuse. Moirée. Douce. Amoureuse.

Il lui hurle des choses qui lui fendent le corps et l'intérieur en se serrant contre lui. Il déclame des paradoxes qui lui auraient scié la conscience et l'esprit. William devenait aussi le fauve, la bête farouche, l'être haletant et grondant dans l'épouvante, blessé par les flèches du chasseur trop lâche pour achever le sale boulot. Son âme se couvrait de tâche que Nietzsche aurait voulu avaler goutte à goutte, dans l'instant entaillé, l'instant déchiré en deux par les ventricules reliés. Oui, ils étaient deux créatures soudées par la même douleur, sous perfusion, en convalescence, les mains accrochées l'une à l'autre et les lits blancs alourdis par les mêmes odeurs. Côte à côte dans la froideur abandonnée. Et le temps ne passait plus. La brèche était ouverte.

    - Je t'aime, William.


Il le lui aurait bien hurlé, mais de sa langue pâteuse, tout ce qui prit forme n'était qu'un murmure, un souffle contorsionné qui s'effondrait. Il n'aurait jamais pensé les dires, ces deux mots à le con ; ces mots sur lesquels ils crachait d'habitude, qu'il raillait d'habitude, contre lesquels il pissait d'habitude ; et qui perdaient leur sens dès qu'ils sortaient d'entre deux lèvres baveuses. Mais à ces discours interminables, à ces harangues et ces tirades qu'il lui avait balancé en travers de la gueule, ils étaient sa seule échappatoire et les seules choses qui lui rongeaient l'âme. Il ne se sentait ni mieux, ni plus léger. Il se trouvait toujours aussi sale, et poisseux, et tordu sous ses caresses. Il ne s'était pas non plus imaginé serrer la tête de son William entre ses doigts grêles, contre son cœur en plein choc électrique, ou porter ses lèvres contre les siennes pour les y presser dans une étreinte plus désespérée que douce. Et il le faisait. Dans une simplicité saignée et sans secours. A la fin, au croisement de tout ce qu'ils avaient fait jusque, de tout ce qu'ils avaient ri, bu, moqué, dévoré, braillé ensemble. C'était juste un pas trop lourd après les ronciers de leurs amours et devant le précipice.

La folie, elle l'habitait depuis longtemps ; en fait, depuis que le revers de son visage lui était apparu, dans ce bar trop miteux pour ces yeux verts absolus, comme un présent de l'éden qu'il n'avait jamais osé supplié d'avoir un jour. Parce qu'il n'était rien de plus qu'un dieu pitoyable, l'idole des romantiques et des amantes des beaux quartiers.

    - Je t'aime, jamais je n'avais aimé personne, pas même moi, je t'aime tant que, tu vois ? Je ne suis rien, même pas une poussière ; je ne vais nulle part et sans toi tout est un recommencement, une boucle qui se déchire. Je reviens à toi et devant tes yeux qui ne me jugent jamais, parce que vivre sans toi, ce serait une aberration. Si je pars, retiens-moi, si je tombe, délivre-moi, il faut que tu sois quelque part au creux de ma peau pour que je me sente vivre. Il me faut ta présence dans les synapses pour que mon cœur batte encore, encore une fois. Pardonne-moi, mon amour. Un baiser sur ses paupières et un sanglot qui disparaît.


HAAAAAA REGARDE JE ME TRANSCENDE JAI PU REVENIR SUR LE PC HOHOHOHO pardonne-moi l'image de merde j'ai pas trouvééééé ééé ééé
 
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MessageSujet: Re: C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche   C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche Empty25.06.12 1:50

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"Veuille le ciel sourire à cet acte pieux et puisse
l'avenir ne pas nous le reprocher par un chagrin !"
LAURENCE ▬ Romeo&Juliet ACT II SC. VI







Au commencement, il n'y avait que vos ombres.
Dans ce bar, toi, tes lèvres avaient frôlés tant d'autres dans un mouvement rapide, ton regard vert avait accroché tous ceux qui osaient le croiser, un sourire taquin s'étirant sur tes lèvres rouges. A ta bouche, tu portes des raisins trop alcoolisés.
Et puis voilà, lui il était assis face à un verre vide, dans la pénombre, personne n'aurait pu deviner ce qui se passait dans cette tête, sous ce visage perdu. Encore moins toi. Tu n'avais aucune idée de qui il était, tu t'en foutais, tu t'étais avancé face à lui, avec ton verre de vin, titubant légèrement, tes ongles s'accrochant légèrement à la table. Sur un ton doux, tu avais prononcé quelques mots.


    — Je suis William Shakespeare, Roi des romantiques.



Et tu étais parti dans un fou rire qui avait des airs de folie. Quasi démentiel, mais ça, ça avait peu d'importance, n'est ce pas ? Puisque c'est ton vrai visage.

Voilà, et là t'es là, enroulé dans un drap, le souffle court ; le coup le plus violent qu'il aie pu te porter. Ce baiser sur tes paupières. Ton corps dans ses bras. Ses "je t'aime" qui rebondissent contre la cage de ton être. Oh, frémir n'aurait pas suffi à exprimer ce bordel que tu ressens. Comment le dire ? Tout disparaissait. Il n'y avait plus que lui, plus que ses mots, plus que ses bras, plus que son souffle. Abasourdi, tu ouvres les yeux pour le regarder. Tu te demandes, c'est une blague, est il en train de te mentir ? Tu crois que t'es tombé sincèrement amoureux, trop amoureux, pour te dire que ça t'importe peu si tout cela n'est qu'un tissu de mensonges. Simplement qu'il reste avec toi pour l'éternité, même s'il te livre un faux sentiment dans une cage dorée, peu importe, du moment que tu ne remarques pas le subterfuge.
Emprisonne encore mon âme contre tes lèvres.

Ton coeur menace de mourir. Qu'importe. Ce serait la plus belle des morts. Sans rien dire, tes bras l'enlacent, ta peau cherchant la sienne, vos corps liés sous le drap qu'il tient entre ses doigts et qui vous cache de la nuit sanglante. Ton regard ne cesse de dévorer le sien, entre avidité et tendresse, et alors que les ombres ne se dessinent plus, quand les étoiles tirent leur manteau sur vos êtres enlacés, ta bouche vient chercher la sienne dans un nouveau baiser.
Pourquoi quand tu l'embrasses tu sens ton être te quitter ?

Ca semble durer une éternité. Cela t'importe peu. Il n'y a rien de plus que lui. Lui, rien que lui, ta seule folie, ton addiction, putain, tu l'aimes, tu l'aimes comme jamais. C'est à contrecoeur que tu te détaches de lui. Juste un peu. Juste pour pouvoir encore sentir vos souffles s'entremêler même si vous êtes déchirés.


    — Le sentiment, plus riche en impressions qu'en paroles, est fier de son essence, et non des ornements : indigents sont ceux qui peuvent compter leurs richesses ; mais mon sincère amour est parvenu à un tel excès que je ne saurais évaluer la moitié de mes trésors.



Tes beaux discours. Dans un murmure, tu précises : "Juliette". Et encore, encore, tu l'embrasses. Dans un léger mouvement, tu fais remonter ta jambe contre la sienne, et toi, tu bascules en arrière au ralenti, tes cheveux éparpillés au sol, allongé, tu l'attires contre toi et tu l'enlaces plus fort, comme si tu voulais le sentir lui, pleinement, le graver contre ta peau, dans tes veines, non, jamais tu pourrais le laisser partir ne serait ce que pour ça, pour le délice de son corps que tu dévores de ta bouche avide de lui. Tu te serres davantage contre lui ; tes lèvres viennent dans le creux de son cou, tu inspires profondément, accentuant ton étreinte, avant de mordiller légèrement sa peau. Tu fermes les yeux. Tu veux sombrer dans sa folie à lui.

De quoi parlerait votre histoire ? Deux amants. L'amour sale, dévastateur, qui déchire les draps et vos âmes. Quand vos je t'aime vous griffent le coeur. Quand la déraison vous enlève tout, cette manie de ce cacher, vos barrières, jusque à que vous soyez là, véritables, sous vos masques acides. De l'amour. Du désir, de la frustration, de l'impossibilité de vivre sans l'autre. La difficulté à dire je t'aime. Cette nécessité de se tuer à coups de mots brûlants, insultes et baisers. De cette torture que vous vous infligez mutuellement mais dont vous ne pouvez pas vous passer.
Oui, c'est comme ça que tu l'aimes.


    — Tu crois que si j'écrivais sur nous ça aurait du succès ?


Tu pourrais lui donner les revenus des ventes. L'idée te fait sourire. Autant, demain matin, tu pourrais aller chercher des croissants avant qu'il ne se réveille. De toutes façons, il te faut des cigarettes. Et faire du café, également, avec ton verre de brandy ce sera du plus bel effet. Tu pourrais regarder son corps enroulé dans les draps, les rayons du soleil filtrant derrière les rideaux de soie bordeaux caressant sa peau d'une douce lueur. Tu pourrais passer tes doigts dans ses cheveux, frôler son visage, ses paupières, ses lèvres. Déposer l'ombre d'un baiser sur sa bouche. Lui sourire, lorsque tu murmureras un simple "bonjour" au réveil. Lui demander s'il a bien dormi. Revenir t'allonger à ses côtés, entrelaçant tes doigts aux siens. Murmurer un je t'aime contre son oreille avant de l'embrasser dans le cou et de venir par dessus lui, descendre légèrement, tes cheveux le frôlant, pouvant le faire frissonner.
Et l'aimer encore une fois.


    — Tu me diras si tu préfères le chocolat ou le café. Ou le brandy, au choix.



Tu songes pendant un petit moment que s'il te répond "brandy", tu serais prêt à l'épouser. Un léger moment s'écoule, s'étirant dans la nuit. Puis tu le regardes, une dernière fois. Tu prends son visage entre tes mains, le drap de soie vous retombant légèrement dessus. Tu le rapproches du tien. Tes lèvres viennent encore supplier son amour. Ton étreinte est plus forte. Oui, c'est un baiser trop fort, trop déchirant, trop passionné, t'en peux plus, t'as besoin de lui, de plus que ça, de plus que sa bouche, tu le veux lui, entièrement, follement. Entre deux baisers, tu soupires "je t'aime, Friedrich", et tu l'embrasses plus fort, ne laissant plus aucune distance entre vos corps. Tes jambes l'emprisonnent contre toi.
Oui, toi, William Shakespeare, Roi des romantiques, tu es fou amoureux de lui, Friedrich Nietzsche, l'Idole de son empire de néant. Au fond, à vous deux, vous auriez pu construire un royaume de votre folie. Mais mon Dieu, qu'est ce que cela pouvait faire, si vous étiez heureux dans votre règne de poussière, plus fous que Rois.









 
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MessageSujet: Re: C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche   C'est de ta peur que j'ai peur ; Nietzsche Empty12.08.12 18:45

To know you like your tongue knows the back of your teeth. That's all I want.


Excuse-moi, je ne voulais pas tomber amoureux, c'était une erreur.
C'est ce qu'il faut dire avant de passer son chemin et espérer que William ne le retrouve pas.
On ne peut pas barricader.

C'était l'histoire d'une destruction.
L'histoire d'une destruction commence avec quelque chose de construit qui ne demande qu'à ce qu'on le déconstruise, ça commence avec un théorème et ça commence avec Bagdad, c'est une grande ville ou une grande idée ou un grand amour qui supplie pour sa déstructuration ; c'est un solide édifice et de prometteuses murailles qui jouissent d'être rendues poreuses, c'est la théorie qui une fois fumeuse gagne en puissance de désespérance, c'est la femme qui une fois déshabillée n'a plus rien à dire, ou bien c'est un parole qui est incomprise, et comme elle est incomprise, elle se fait tout d'un coup tragédie, génie, poésie, elle se transforme et devient une étoile, car le sentiment, une fois pulvérisé, prend toute sa grandeur dramatique. Une seconde avant la supernova.

La beauté est corrosive et arrose et illumine. La vraie beauté qu'on éclate comme un rêve est dans le postulat réfuté, dans l'empire fracassé, dans les errances mentales de ceux qu'on a pas cru et qu'on a refusé aux seuils de la gloire. C'est Rousseau qui trouve les portes de Genève fermées. C'est l'écrivain blessé qui croit au complot. C'est Bagdad en flammes qui crame jusqu'à la dernière cendre. Pas meilleure flamme que celle de la désillusion. Pas meilleur combustible que l'esprit, l'idée, la passion. Le cœur aveugle. Quand ils flambent, ils dégagent un fumet épouvantable, pire qu'un bucher humain du temps des génocides, pire que la puanteur d'un égout ouvert qui empeste la chair en nécrose, pire que Nietzsche qui dort dans son carton. Ce fumet-là vient vous empoisonner non pas les bronches mais l'âme. L'âme, c'est plus grave que les poumons.
L'odeur de la destruction est terrible. Le sang d'un théorème est pire qu'on veut bien croire.
La romance pulvérisée est affreuse.

On dit que c'est sous la bannière des idées qu'on est solidaire et que c'est la force des convictions qui nous rassemble, mais c'est faux. Ce n'est pas l'humanité. Il n'y a pas d'humanité. Il n'y a que des monstres qui mettent le feu à tout ce qu'ils touchent parce qu'ils en ont peur et qu'ils ne comprennent pas. Rien d'autre ne nous rend frères.
L'humanité est notre plus petit dénominateur commun.

    — Le sentiment, plus riche en impressions qu'en paroles, est fier de son essence, et non des ornements : indigents sont ceux qui peuvent compter leurs richesses ; mais mon sincère amour est parvenu à un tel excès que je ne saurais évaluer la moitié de mes trésors.

C'est beau ce qu'il te dit, et c'est pour ça qu'en l'embrassant tu penses à toutes ces choses qui empestent la ruine et le saccage. Votre histoire est trop belle et trop stupide pour rester intacte, il faut bien quelques fêlures, il faut bien quelques entailles sur la carrosserie, non ; il faut que le véhicule saute dans un tonnerre de plomb et d'essence.
Le siège passager est vierge de toute présence.

Excuse-moi, je suis navré, c'est depuis que je t'ai vu assis dans ce bar, je crois ?
Remous dans les couvertures poisseuses.

Vous êtes depuis longtemps sur la corde raide, mais en lui prenant la main pour donner un peu de ton équilibre, tu la fais trembler. Tu n'y peux rien. Tu presses son torse brûlant contre ta joue. Tu n'en peux plus, tu veux le voir. En rouvrant les yeux, un feu de douze millions de cadavres. Tu fermes à nouveau.

Le drap est votre linceul et tu le serres sans aucune conviction contre vos corps qui s'embrasent. Oh si ça prenait feu. Oh si ça flambait comme le reste. Tu fermes le yeux sur une prière que personne n'entendra dans le silence monacal, tu laisses un peu de place au bruit de ses lèvres qui éraflent ta peau. Quelles cicatrices laisseront-elles encore.
Tu serres plus fort et avec moins de force pourtant. Sous les paupières closes, redevenu serein et redevenu amant, tu imagines avec une perfection désabusée tout ce qui se passe. C'est un film que tu n'as jamais vu mais que tu connais par cœur, parce qu'on t'en a parlé sans arrêt, parce qu'on t'en parle toujours, parce qu'on t'a tout dit des moindres ombres à l'écran. Tu connais le dénouement. Tu vois tous ses futurs gestes et la façon dont il bouge, tu as tout digéré bêtement ; les cambrures de ses doigts apprises sur le bout des tiens défile devant ce qui n'est pas ton regard. Ce n'est pas l'amour. Ce ne sont pas des caresses. C'est du vécu en diagonale que vous renouvelez en l'arrosant de passion toujours plus pure, toujours plus lasse, moins bien distillée ; gageons qu'à la fin de ces enivrantes étreintes vous serez complètement torchés.

    — Tu crois que si j'écrivais sur nous ça aurait du succès ?

Ça pique les pupilles. Tu les les ouvres.
Il prend ta main et au lieu de glisser sa paume sur ton index c'est le majeur qu'il touche. Tu l'as raté. Tu es surpris, tu t'es trompé. Depuis combien de temps tu ne t'étais pas trompé ? Tu ne connaissais pas ça.
Cette trahison de ton cerveau presque mort te rend heureux. En fait, tu ne connais pas cette histoire par cœur, Friedrich. En fait, il y a bien de la vigueur dans tes doigts quand tu serres le drap sur vos bassins, il y a bien de la conviction quand tu guette les tremblements de son corps de tes yeux ivres, il y a bien de l'amour dans cette passion que tu prétends brute, sans illusion, d'un soir, à la con, sans lendemain. Tu n'as jamais vu le film, alors tu ne peux pas comprendre la fin.
Ton sourire retentit comme une parole alors que vos corps languides s'épousent, parfaitement, avec rondeur, avec célérité, comme des virgules qui marquent une pause dans le chaos avant de revenir à la ligne. Pour la première fois depuis longtemps, détruire te dégoûte. Pour la première fois depuis le bar et son roi des romantiques, tu es heureux.

    — Qui voudrait d'une histoire aussi niaise.

Tu l'attires à toi et l'embrasse sans un mot de plus dans la nuit. Qui pourrait vouloir de lui et toi.
Tu t'imagines dans une librairie rue des embaumeurs, pauvre comme job, sans un denier comme à ton habitude, à frapper le pavé de tes pieds nus et à cracher entre deux rayonnages. Tu serais attiré comme une mouche à merde par l'hideuse couverture d'un vieux machin écorné. William Shakespeare et Friedrich Nietzsche par William Shakespeare. Tu aurais ri en passant tes doigts terreux sur le sommaire, un rire sec et pointu, un rire vif comme le mistral. Et puis tu l'aurais volé, et puis tu l'aurais lu avec des traits sarcastiques sous le halo tremblant d'une pauvre enseigne. Tu aurais adoré.

    — Tu me diras si tu préfères le chocolat ou le café. Ou le brandy, au choix.

"Brandy" déborde de tes lèvres comme une évidence. Mais de toutes façons tu ne diras rien, parce que sous la courbe maligne d'un cil et le tremblement de sa gorge, tu vois bien qu'il a deviné. Tu roules sur le dos et tu es au-dessus de lui, chapiteau de chair, étrange édifice aux cheveux qui tombent sur les siens, morceau de corps branlant mille fois allumé et mille fois éteint. Tu ne songes plus à rien parce que doucement, il a repoussé et essoré tout ce qu'il te restait aux quatre coins des synapses. Il n'y a que lui, rayonnante image, luisante icône et divine hérésie.

Dans ce dangereux revirement tu ne sais même plus à quel point tu l'aimes. Tu l'aimes, tu es fini, tu as sans raison posé tes yeux pourtant vides sur l'énergumène, et sans raison toujours tu lui as donné un poignard, de la poudre et des canons, et puis tu lui as montré sur une carte de ton être le point où percer le plus fort, où faire le plus mal, où exploser le plus vite ; là où la flamme prendrait le mieux. Tu l'as laissé avec tout ça en étant ravi. Tu ne comprenais même pas que le détruire tout à fait, tu ne savais plus comment le faire.
Aimer c'est se donner en otage et c'est bâtir une religion dont le Dieu unique peut vous jeter à terre, c'est laisser entrer cet espèce d'aristo aux yeux verts dans la cage de ton âme et le laisser piller tout son soûl. C'est souffrir en latence et être heureux. Sa main dans la tienne et l'inconnu au bout du lit. Tu es tellement, tellement heureux de ne pas savoir de quoi sera fait demain.

Avant de lui faire l'amour, tu t'approches de ses tympans et de son coeur encore tapissés des soieries que tu lui as faites.

    — En vérité, ce que je préfère, c'est toi.


(tuuue-moi. pardon. j'avais vraiment du mal à écrire avec nietzsche, j'espère que tu ne m'en veux pas ;; bouhhhcg cfhchfchj)
(et heu je pense que c'est terminé pour ce topic hihihi. viens on continue ailleurs ****)
 
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