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 Creeping up the backstairs ; Marcel.

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Astrée E. Atride
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MessageSujet: Creeping up the backstairs ; Marcel.   Creeping up the backstairs ; Marcel. Empty03.05.12 19:36

je ne me suis pas gênée ;
j'ai un esprit troublé

« C'est par là. »

La clé tourna une fois dans la serrure, et elle rentra un peu comme une voleuse, un peu de circonstance. Elle fit quelques pas dans l'entrée en bois sombre et poli. Sur les porte-manteaux, des vêtements d'enfants hors de prix ; quelques années plus tôt elle et sa sœur portaient les mêmes. Une porte donnait sur un living-room de type européen, avec fausse (espérons-le) peau de bête sur le sol, des bois de cerfs accrochés au mur, un immense baie vitrée. À peu de choses près, on sentait l'odeur papier glacé des pages du magazine d'intérieur. L'escalier montait (ou descendait, personne ne lui demandait son avis) avec une majesté peu commune pour, et bien, un escalier. Tout l'intérieur pompeux accueillait Électre et Arsène avec une froide politesse. Et pour tout vous dire, Astrée n'en menait pas large. Elle était sans doute gênée de se sentir aussi à l'aise à l'intérieur.
Vous ne m’enlèverez pas l'idée que c'est bien une fantaisie d'enfant gâté que d'avoir honte de ne pas avoir souffert. Il y en a donc qui auraient préféré naître dans un sombre taudis avec une tragique histoire familiale. Bon, vous me direz que notre héroïne dramatique avait déjà l'un des deux. Arrêtons de médire et concentrons-nous sur le propos.

« Dans mes souvenirs, il y a un salon à l'étage, avec des trucs sous verre. Pas besoin de casser, ils cachent le trousseau dans le pied d'une lampe. L'abat-jour est doré. Voilà. Je reste en bas. »

Astrée n'était pas réellement inquiète à l'idée qu'Arsène fasse des dégâts dans la maison des amis de sa famille, parce que. Non, en fait, il n'y a pas de raison, c'est juste qu'elle s'en fout. Avec l'assurance de l'habitude, elle entra dans la pièce du fond à droite. Elle ouvrit le bar à vin et sabra une bouteille de champagne au couteau de cuisine. La mousse coula vaguement jusqu'à ses pieds. Elle se vautra une flûte à la main contre un mur de de carrelage blanc impeccable et savoura le silence des cuisines la nuit, bercé du ronronnement choral du lave-vaisselle et du réfrigérateur. Les basses du dernier tube d'Orpheo résonnaient du premier étage.

Astrée n'était pas du tout inquiète, en vérité, de ce qu'Arsène pouvait faire. Elle l'imaginait mouvant au dessus de sa tête, déchirant les draps de soie, violant l'intimité des boîtes à bijoux, dérobant jusqu'à l'odeur de l'argent. C'était plutôt une pensée agréable, se dit-elle en sirotant son verre.
Elle n'accompagnait presque jamais Arsène. Elle l’appelait d'ailleurs Arsène, dans le clos de son esprit, parce qu'Adam, c'était autre chose. D'ailleurs, elle doutait même qu'Adam soit quelque chose de vrai. Alors tant qu'à faire. « Il faudra que je lui dise de passer à la cave. »

Électre savoura un instant sa vengeance sur des années de rébellion adolescente avortée, faute de raison de se plaindre. Puis elle se laissa aller au sentiment vil et très naturel d'excitation à l'idée d'être chez quelqu'un d'autre de nuit, par effraction, accompagnée par ailleurs d'un très joli garçon.

je veux être seule,
reste là, toi ta gueule,
je ne veux pas me calmer,
laisse-moi t'embêter


Dernière édition par Astrée E. Atride le 20.05.12 9:30, édité 1 fois
 
Marcel A. Lepain
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MessageSujet: Re: Creeping up the backstairs ; Marcel.   Creeping up the backstairs ; Marcel. Empty12.05.12 22:00

Creeping up the backstairs ; Marcel. Car-city-lights-move-nights-Favim.com-370483_large

TU VOIS, ON VALSE AU MILIEU DU DEPIS ET DE L'ENNUI HUMAIN.

Il est sept heures du soir, le sac qui dégurgite des bouquins d'anatomie au pied de la porte d'entrée, le plat surgelé se fait un tour de manège dans le micro-onde, sept messages enregistrés sur le répondeur se répétent continuellement, il est sept heures et rien ne semble louche. Il est sept heures et, au-dessus du lavado, Arsène rejette un peu d'eau qui s'est coincée dans sa trachée, une eau noire pas très belle. C'était une teinture qui partait au bout du premier shampoing et il s'essuya la bouche avec le côté de sa main gauche. Puis il passa une serviette un moment sur son visage puis sur sa chevelure noire ; ce n'était pas sec, mais ça de dégoulinait plus. Il ouvra l'armoire à pharmacie, brassa un peu au milieu de la tonne de lentilles de couleur et de teinture, de rouges à lèvres et de mascaras. Ses pupilles se déplaçaient avec empressement sur les boîtes de lentilles où des pastilles de différentes couleurs y étaient collés dessus, à la recherche du bleu turquoise profond qui caractérisait Adam. Ses griffes finirent par l'attraper et ses yeux se vêtirent d'une autre robe. Il mangea le fade repas surgelé, mais il eut encore faim. Alors il s'habilla comme Adam se serait habillé hors des réceptions mondaines, se porta un regard critique pendant quelques instants avant de déduire qu'il avait tout à fait charmant. Pour changer. Il ouvra un tiroir et en sorta un téléphone portable, d'allure cher, tout à fait dans l'ère du temps, l'ausculta un instant pour être sûr que ce fut le bon. En partant, sa porte claqua, le bruit des entrechoquement des diverses clefs fut presque aussi fort que celui de la serrure.
De la porte d'entrée de Marcel Lepain sortit Adam Lewis. Il ne croisa personne, tant mieux.



Il est huit heures moins cinq et, assit à une table entourée de personnes luxueuses dans un restaurant aux prix honteusement élevés, Adam hypnotise par sa belle manière de parler tout convives attablés en dégustant son homard thermidor et ses toast aux caviars arrosés d'un champagne en vogue, tout ça au compte de monsieur P., rencontré par hasard il y a une vingtaine de minutes, souhaitant toujours le marier à sa très chère et très jolie fille ainée. Une quarantaine de minutes après, il prend congé en ne manquant pas de jouer son éternelle comédie de gentilhomme.



Il est dix heures moins le quart et des poussières, drôle d'heure pour cambrioler s'étonneraient certains s'ils savaient ce qu'il se trame, mais il n'y a pas meilleure heure que celle où les riches personnes couchent leur affreux mômes et se lovent au coin d'un feu, feignant de savoir lire une grande œuvre littéraire ou alors encore occupés à folâtrer avec leurs autres amis aisés lors d'une grande réception en l'honneur de Dieu sait quelle cause. Il entre dans la somptueuse demeure aux côtés de sa très chère Astrée.
Astrée était une RBBT — soit une riche belle blonde toquée — qui, selon lui, subissait sa crise existentielle. Alors qu'Arsène ambitionnait à l'existence oisive et à l'abondance d'argent, Électre s'obstinait à franchir le seuil de la pauvreté. Quoi qu'il en soit, comme à chaque fois, elle ne cambriola pas avec lui et, en swingant sur la musique pop et élogieuse, il se mit à choisir minutieusement quel objet emporter avec lui, il faisait tourner le trousseau autour de son index en signe de réflexion.
En descendant bras chargés, Astrée se tenait là, comme une de ses filles qui décortiquent le dancefloor tout entier, attendant patiemment qu'un bellâtre vienne l'aborder. Ses bras déposèrent la marchandise sur le comptoir avec précaution et il siffla la flûte de champagne des doigts délicats de la demoiselle et en but une gorgée, fit tourner le verre entre ses doigts puis le rendit à sa mauvaise propriétaire. Il préféra la bouteille au verre et, sans vouloir s'en vanter, il savait que même tout en buvant au goulot de cela, il resterait tout aussi charmant qu'avec un verre dans la main. Du moins, il se satisfaisait de cette pensée. « Ce n'est pas le meilleur champagne, j'en ai eu quelques verres en mangeant ; il est juste huppé puisque les personnes de notre monde se sont mis à en boire pour Dieu sait quel raison. » Il ricana un instant devant l'absurdité du champagne et prit par le menton sa sublime complice « Dis-moi, Astrée, si tu clames autant détester notre belle vie dans la haute sphère, pourquoi tu continues alors de t'abreuver de notre eau ? » et tu ricanes à nouveau et lâches son menton. Pourquoi ? Parce que c'est drôle, parce que c'est presque cocasse ou peut-être est-ce parce que tu n'es qu'un pauvre con, Adam. Un pauvre con avec quinze bijoux de pierres précieuses accrochées contre l'intérieur de son blazer au prix dérisoire de seulement deux misérables chiffres qui se suivent.
 
Astrée E. Atride
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MessageSujet: Re: Creeping up the backstairs ; Marcel.   Creeping up the backstairs ; Marcel. Empty21.05.12 19:49

refusing shelter from the storm she closed the door
« Dis-moi, Astrée, si tu clames autant détester notre belle vie dans la haute sphère, pourquoi tu continues alors de t'abreuver de notre eau ? »
Electre était trop orgueilleuse pour ne pas être vexée par la remarque d'Arsène. Elle se sentit même un instant en faute, de ne pas avoir dédaigné le liquide doré. Doré. Qu'est-ce qu'ils avaient tous avec cette couleur ? Il n'y avait jamais eu de pièces en or, à Cassandre, après tout. Pourtant les riches y étaient comme partout ailleurs et l'or s'étalait partout. Les meubles étaient dorés, les bijoux d'ors, les vêtements lamés, les cheveux blonds, le soleil même sur leurs têtes brillait d'un jaune plus haut de gamme.

« Il y a des habitudes qui ne se perdent pas. » Elle le toisa d'en bas. Levée d'un pied, elle s'agita vers l'évier, souleva un couvert de l’égouttoir. Ses yeux sur le dos de la cuillère faisaient la moue. Elle aurait voulu que ce soit plus simple, de parler à Adam. Arsène. Elle le connaissait depuis longtemps, quand on retournait aux sources, à cette nuit d'il y a deux ans où elle l'avait croisé dans les couloirs de sa propre maison. Si elle ne s'était pas réveillé pour bouffer du chocolat à minuit vingt, elle ne l'aurait ni vu ni entendu. En y repensant, elle avait juste eu un coup de chance. Elle savait bien qu'elle ne pouvait pas se supposer extrêmement intelligente et capable de confondre le gentleman cambrioleur en pleine action. À l'époque, elle n'avait même pas pensé à ça. Elle n'était pas encore aussi sûre d'elle, juste engoncée dans cette grande maison en coton doré qui étouffait tout, même les cris, la colère, et la vérité.
Si elle avait eu l'âme romantique, elle aurait espéré qu'il s'enfuie avec elle, l'emmène loin de sa mère et de tout ce qui s'y rapprochait ; mais elle était juste pragmatique. Elle avait choisi une relation basée sur l'entende des deux partis, parce que c'était le seul moyen de réussir à obtenir ce qu'elle avait toujours été sûre de vouloir : la vengeance, une petite vengeance, pas la sienne, mais une quand même. Et quand elle aidait Arsène à entrer dans le sein des énormes maisons blanches, elle espérait que quelque part, quand ils partiraient, une riche mère et épouse crierait.

Elle regarda Arsène. En quelque sorte, c'était un des seuls amis qu'elle avait.
« Est-ce que toi, tu peux comprendre qu'on veuille changer ? »
Elle aurait voulu que cela reste pareil, dire quelque chose de méchant sur les gens du quartier, reboire du champagne en ne se sentant qu'à moitié mal, jouer toujours à la petite fantômette avec le bel Arsène Lupin, dans l’ambiance calfeutrée, luxueuse de la nuit. Mais ça aurait été s'écarter du véritable sujet. Ce soir elle se sentait réellement coupable, coupable à en faire exploser l'allée résidentielle, si elle en avait eu les moyens.
« Tu as fini ? »
Astrée posa la cuillère à sa place et récupéra sa flûte.
« J'ai quelque chose à faire ici avant de repartir. À l'étage. Tu peux m'attendre en bas. » Elle sera son sac à main, le plus cher qu'elle ait jamais eu, il jurait atrocement avec ses vêtements stricts. Marc by Marc Jacobs. Quelle ironie. Elle posa sa coupe de champagne sur la table de la cuisine et avança un peu.
Elle avait mal au cœur.
she says we need some time but we can still be friends
and when all'll be great we'll drink champagne in coupe

 
Marcel A. Lepain
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MessageSujet: Re: Creeping up the backstairs ; Marcel.   Creeping up the backstairs ; Marcel. Empty22.05.12 21:44


all I am is a man, I want the world in my hands. I hate the beach but I stand in california with my toes in the sand



Son Astrée s'embellissait au fil du temps ; ce n'est pas une histoire d'amour.
Ce n'est pas une romance ni une tragédie ni une comédie, encore moins un drame : c'était le cours des choses, le cours de la vie, la tournure d'événements, les options raturées.
Voici une histoire qui pâlit et blêmit comme un malade qui se fane, un soap opéra qui perd son audition de temps à autres avant de donner un grand coup de cravache à sa machine à sous. « Il y a des habitudes qui ne se perdent pas. » Mais rien de ne se perd vraiment comme rien se gagne réellement, ce ne sont que des mouvements mécaniques obtenus après le dressage intensif des parents. Mais son Astrée qui se foulait l'esprit à cause des racines de la fortune, en pleine échappée de la forêt de billets verts, buttant dans les cailloux pierres précieuses, alors que les vieilles chouettes aux colliers de perles l'observent avec moquerie. Électre et Arsène, ce n'était que ce conte de fées racontées aux fillettes, ce conte de pacotille où la gentille fille fréquente le mauvais garçon en attendant qu'un gentil garçon vienne la sauver avant que ce garçon hypocrite ne lui fasse du mal. Ce conte où l'auteur ne stipule pas que l'un et l'autre sont proches, mais ce ne sont que des détails qui rendent les histoires déchirantes. On ne parle jamais du vide dans le mauvais garçon quand la gentille fille s'en va.

Marc fut le plus aveugle ; plus aveugle qu'Astrid par rapport à Adam. Parce que Marc est un mauvais type, parce que Marc ne se soucie pas de ses mots, parce que Marc s'entête à croire qu'un système solaire tout envie ne dépend que de lui et de son ego sans frontières et parce que Marc ment sans honte à ceux dont son cœur s'entiche d'un sentiment d'attachement. Son conscient le lui clamait encore et encore : c'était le prix pour continuer sur sa voie scintillante. Il fallait cacher et, si la vérité implosait, il fallait en assumer la douleur du mensonge et du sentiment sale de la trahison.
« Est-ce que toi, tu peux comprendre qu'on veuille changer ? » Oui et non. Par rapport à sa destinée tracée, Arsène ne pouvait pas comprendre. Sinon son cerveau court-circuite sabré entre rester et s'échapper. Par rapport à ce théâtre qu'il jouait, Marcel comprenait parfaitement : changer de visage, changer d'identités : se crée en mieux, faire un soi toujours différents à chaque fois un peu mieux sur certains points, un peu pire sur d'autres.

« Tu as fini ? J'ai quelque chose à faire ici avant de repartir. À l'étage. Tu peux m'attendre en bas. » Il est impossible qu'il puisse l'attendre en bas, il est clairement inconcevable que ses jambes ne s'agitent pas, que ses neurones ne se tracassent pas. Quand quelqu'un n'est plus à la portée de sa vision, l'imaginer à quelques mètres de lui se transforme en une fumée un peu vague, une brume qui cache dans le méandre de ses esprits. Qu'elle ne dise pas cela, ceci sonne si faux et si anormal, provoquant une inquiétude dérangeante comme ses plaies qui démangent. Ses pieds font de petits pas aux airs immenses. « Qu'est-ce qu'il te prend, Astrée ? » Ses yeux grands ouverts qui la fixent, ses pupilles où nagent l'incompréhension et ses membres près à bouger à quelconque mouvement, tout son corps se préparait à cette fuite. « Surtout ne t'en va pas. »
Surtout ne te tire pas, surtout ne t'échappe pas, surtout ne te faufile pas dehors par une fenêtre. Surtout qu'elle ne l'abandonne pas, Astrée, qu'elle ne se cache pas dans l'opacité de la société. Qu'elle reste dans ce tiraillement entre la terre scintillante et la terre fade séparées par une mer de questionnements où ils naviguent constamment. Que sa compagne d'aventures ne saute pas de la chaloupe et le laisse seul. Car Astrée pourrait se perdre dans le paysage obscure de la vie si sa main ne s'agrippait plus à sa manche. Du moins, il se complaisait à le penser. « Si tu t'en vas, il n'y aura plus personne auquel se tourner. »


use the sleeves on my sweater, let's have an adventure head in the clouds but my gravity centred

 
Astrée E. Atride
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MessageSujet: Re: Creeping up the backstairs ; Marcel.   Creeping up the backstairs ; Marcel. Empty10.07.12 9:41

« i'm so sorry for what you're going through, but i've got my life and it's all new it's true: there's nothing here for you. now my days are loaded i've got things to do;
between money and fame there's no more room for you. »
« the feeling's gone », she threw.
« Je ne m'en vais pas, Marcel. »
Il faudrait vraiment qu'il se passe quelque chose.
D'une certaine manière, il se passe quelque chose, puisque Adam est devenu Marc et que Marc n'est personne d'autre que Marcel, et cela Astrée ne sait depuis combien de temps elle le sait. Elle a du l'apprendre à la volée, le découvrir dans les bouts de lui même qu'il laisse dans ses costumes, entre deux tours de passe-passe, deux changements de décors. Arsène n'est pas infaillible, et comme chacun, il laisse des traces ; elles sont juste plus subtiles, détournées. Il faut le vouloir pour le voir.

Astrée ne pense pas être importante pour Marc. Jamais, se dit-elle avec fierté, ne l'a-t-elle même envisagée. Elle a toujours voulu être différente, c'est la marque de son orgueil, elle a refusé de se leurrer et d'être comme une autre, comme une autre avant elle et une autre après elle et d'autres en même temps. Elle s'est dit, c'est bien, comme ça c'est très bien, nous voilà tous deux, il prend ce qu'il a à prendre, je prend ce que j'ai à recevoir en échange, nous sommes tous les deux contents. Nos fiertés et notre avidité, elles sont satisfaites, et nous pouvons tourner dans nos petites sphères orgueilleuses, et ne jamais entrer en collision. Tout cela est pour le mieux.
Mais peut-être que quelque part, il pourrait y avoir autre chose. C'est certain qu'il ne devrait pas y avoir autre chose, qu'ils devraient s'en tenir à ce professionnalisme froid et raté qui les a toujours entourés ; mais même Astrée ce soir n'aurait pas le cœur de nier que malgré tout, il pourrait — il devrait ? — y avoir quelque chose d'autre, qu'ils se doivent bien ça l'un à l'autre.

« Je ne m'en vais pas, » répéta-t-elle doucement — elle n'avait jamais été aussi douce. « Je vais juste à l'étage. »
Mais Astrée sait, et Marcel le savait avant, que si elle part seule cette fois, s'il ne l'accompagne pas, il ne pourra jamais y avoir d'autre chose, peut importe ce que cette autre chose soit. Ils resteront deux inconnus qui se connaissent, et de temps à autre ont besoin des services de l'autre. Elle hésite encore à prononcer les mots qui pourraient les sauver, les ramener sur le même navire et leur permettre de continuer la traversée, elle cherche sur le bord de ses lèvres ce canot de sauvetage inespéré.

« Si tu t'en vas, il n'y aura plus personne auquel se tourner. »
« Alors il faut que tu m'aides. »
Elle lui attraperait les mains pour le supplier, mais il lui semble ne pas lui appartenir. Il n'a jamais été à elle, et elle doit se contenter d'explications lancées de l'autre bout de la pièce, tandis que ses mains fébriles à elle se tiennent l'une l'autre pour ne pas oublier qu'elle est seule.
« Ce sont des amis de mes parents qui habitent ici. » Sa voix est étrange, ce qu'elle dit est étrange, elle ne se rappelle même pas quand elle a pensé à tout ça. « Je sais qu'ils savent que mon oncle et ma mère se voyaient avant que mon père ne meure. Je sais aussi que ma mère leur envoyait souvent des lettres, parce qu'ils ont rarement le temps de se voir. Mais je sais, je sais quelque part en moi que ce qui s'est passé chez moi il y a trois ans, c'était un assassinat, et si tu ne veux pas aller chercher ces lettres en haut, j'irais le faire, parce que ce n'est plus une affaire de toi et moi, Marc. C'est celle d'Électre, et je ne sais pas si Arsène a envie de se mêler à ça. »

C'est étrange à quel point elle se sent ridicule en disant cela, honteuse quelque part, et pourtant. Bien plus que d'Électre et ses parents, c'est de Marcel et d'Astrée qu'il s'agit en ce moment même.
what can i propose? well nothing, but my heart and bones.
i guess the hard times boy, you'll be doing them alone.
 
Marcel A. Lepain
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MessageSujet: Re: Creeping up the backstairs ; Marcel.   Creeping up the backstairs ; Marcel. Empty14.07.12 1:03


My body is a cage that keeps me from dancing with the one I love, but my mind holds the key, you're standing next to me



Tout n'était que prison chez Arsène ; son esprit était bloqué et son cœur enchaîné à un avenir prometteur. Tandis que les autres vivent, lui ne fait qu'exister avec son cœur qui ne bat que pour la circulation de son sang, avec sa bouche qui ne s'ouvre que pour sa ration d'oxygène et ses paupières qui ne ferment dans l'unique but d'empêcher une quelconque irritation. Il buvait car il fallait désaltérer son œsophage et il mangeait sinon ce serait une torture. À se demander si sa présence possédait encore une once d'humanité. Vivre s'est stoppé il y a trois ans, quand ce sentiment reprendra il sera vieux, en attendant, son corps se laisse emporter par les courants de son avenir.
Sauf qu'Astrée s'est infiltrée, et maintenant tout n'est qu'immense dédale.

Au début, la seule chose compliquée se présentait sous la forme d'une harpie et d'un bébé, puis trois ans après, Astrée a déboulé sur les planches, sans prévenir, comme une splendide catastrophe. Les sentiments, le voleur les a enfouis quelque part, enfermés dans un coffre dont seule sa raison en a la clef. C'en est presque absurde qu'Arsène, ayant déjoué toutes serrures se dressant contre lui, ne sache même pas ouvrir le verrou de son propre cœur.
Les paroles de son Astrée glissent et ricochent inlassablement contre toutes parois de son esprit, elles frappent à ses tempes comme l'on pourrait cogner avec hystérie une porte. Peut-être lui avait-il confié un peu trop de lui, peut-être lui avait-elle partagé un peu trop d'elle.
« C'est celle d'Électre, et je ne sais pas si Arsène a envie de se mêler à ça. » et pourquoi ? Pourquoi n'était-ce pas écrit, une histoire où Électre croise le chemin d'Arsène, tout serait si simple alors. Cette émotion de dépit qui l'engloutissait de n'avoir rien à faire dans son histoire et qu'elle n'ait rien à faire dans la sienne. Et Astrée lui semblait si minuscule dès que son échine se dressait et malgré tout si imposante. Chacun avait-il une place bien trop grande par rapport au peu d'héctares que leur cœurs avaient offert par défaut ?

Sa main aurait pu attrapé une de ses mèches blondes, mais l'ampleur de l'entrevue figeait ses membres, comme un robot rouillé. « Qu'est-ce que tu souhaites, Électre ? » souffle-t-il, au bord du gouffre, à se demander s'il doit y sauter à pied joint ou tourner minablement le dos, où il y excelle. « Je n'en sais rien, la décision ne doit pas venir de moi. Cette destinée n'est pas mienne, mais tienne. » et ses mots se taisent, sa gorge se bloque et seul l'effleurement d'un bras réanime la scène. « Tout repose entre les mains d'Électre, c'est à elle de décider si elle souhaite que Lupin se mêle à cette affaire, c'est à toi de dire si l'envie que les chemins d'Électre et d'Arsène se rejoignent. » L'intensité de la situation, des regards, mais surtout celle de cette attraction qu'il avait pensé pour stopper par un mur invisible qui se craquèle, l'engourdissait et sa chair le brûlait, l'impression que ses os prenaient feu l'envahissait.
Figé, Arsène Lupin ne peut qu'attendre la décision divine d'Électre.



my mind holds the key. I'm living in an age that calls darkness light; though my language is dead still the shapes fill my head.

 
Astrée E. Atride
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MessageSujet: Re: Creeping up the backstairs ; Marcel.   Creeping up the backstairs ; Marcel. Empty26.07.12 20:34

i’m sorry that i said
that we were just good friends
« Je ne partirai pas. »
Et il y a dans cette promesse le vrai et le faux mêlé, qui dit à la fois « je partirai » et « je ne te quitterai pas », tout cela à la fois est mélangé et elle ne se sent pas coupable, car elle ne sent pas encore que cette promesse, ce n’est pas elle qui pourra l’honorer.

Elle est dure, la destinée des preneurs de décisions. C’est toujours plus simple de se laisser tirer par les choix des autres. On peut les blâmer si cela ne nous plait pas ; tandis qu’il faut endosser des responsabilités, quand on doit prendre un chemin ou un autre, prendre le risque de le regretter dès le lendemain. Bien sûr que dans la véritable histoire, Arsène Lupin ne rencontra jamais Électre, ils vécurent sur le papier à des années lumières l’un de l’autre, mais cela, il le sait, et elle n’a pas le cœur de lui rappeler. Mais il demeure que Marcel a rencontré Astrée, et à partir de là, tout est possible, n’est-ce pas, du moins voudrait-elle croire. Voilà pourquoi, comprend-elle, il y en a tant qui suivraient Noctem les yeux fermés. Cela les empêche de choisir ; c’est déjà fait pour eux, on peut arrêter de se battre quand on sait d’avance si on a gagné ou perdu. Ils en sont l’exemple : il serait tellement plus simple d’abandonner là où ils sont, sous prétexte que jamais leurs destins n’ont été liés.
« J’aurais bien aimé que ce ne soit pas encore à moi de choisir. »
Voilà qu’Électre est toute seule ; abandonnée par son père, livrée aux griffes de cette mère qu’elle hait, abandonnée d’Oreste, qui est parti sans rien dire, la laissant seule face à la question du matricide, et encore abandonnée sur le carrelage de la cuisine, par Arsène, cette fois, qui la met face à la seule question à laquelle elle ne peut pas apposer de réponse.
« Moi je voudrais bien que tu ne me laisses pas, Marc. Mais très souvent les choses que je veux n’arrivent pas. »

Elle lui prend la main comme un enfant, quand il aurait fallu qu’elle l’embrasse ; et il y a dans cette main tenue tout les choses qu’elle veut faire et ce qu’elle ne doit pas faire, tout ce qu’elle doit faire et ne veut pas faire, toutes ces choses qu’elle ne fera pas, toutes sont liés dans cette main qu’elle donne et ce baiser qu’elle garde ; toutes les choses qu’ils ne feront pas ensemble, car elles impliquent de faire des choix, de prendre des décisions, de ne pas rester dans l’entre-deux et l’amère expectative qu’un jour viendra le mieux, comme ça, invité surprise, sans qu’on fasse quoi que ce soit pour.
Pourtant, c’est très simple. Il y a Marcel et Astrée. Il y a l’amour, et il y a l’amitié. Il y a ce qu’ils pensent tous les deux et ne se diront pas, et il y a ce qu’aucun ne pense vraiment mais qu’ils se répèterons quand même. Il y a et il n’y a pas. C’est très bien comme ça. Et c’est tout ce que l’on peut y faire.

Elle se retourne et passe le pas de la porte, comme un souffle, en se refusant d’attendre un seul instant. Il ne s’agit désormais que de penser qu’aux choses évidentes. Monter l’escalier, trouver la bonne chambre : pas la première à droite, pas la deuxième à droite, mais celle d’en face ; elle y est. Elle s’infiltre sans problème dans les tiroirs, ceux où une femme rangerait sa correspondance ; le troisième dans la commode à miroir. Elle s’agenouille dans la pénombre et commence fébrilement à trier les lettres, une à une, cherchant celles qui portent l’écriture de sa mère, le parfum distant de sa mère, le papier hors de prix à en-tête qu’achetait sa mère. Elle ne doit surtout pas s’arrêter, elle ne doit surtout pas s’arrêter pour écouter si elle entend des pas qui sortent ou des pas qui montent, des pas dans le couloir venant vers la pièce ouverte ou des pas dans la rue s’en allant dans la nuit. Elle ne doit surtout pas fléchir et se mettre à espérer.
but i’ll try my luck with you
 
Marcel A. Lepain
Marcel A. Lepain
« we didn't start the fire »
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Personnage Incarné : arsène lupin, biatch
Surnom : marc
Préface de Cromwell : éclate ma tête, mes bouts de cervelles deviendront pierres précieuses.

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Âge : vingt-trois
Métier : étudiant en médecine, voleur
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MessageSujet: Re: Creeping up the backstairs ; Marcel.   Creeping up the backstairs ; Marcel. Empty22.08.12 22:14


i could fight, your beautiful words and mourn, your beautiful loss



Des blondes comme Astrée, il en comptait des centaines par journée et des filles comme Électre, son esprit en ressortait plusieurs ; Astrid, au fond, c'était un peu une héroïne de passage.
Celle qui anime les cœurs des spectateurs confinés dans les sièges rouge, celle qui donne un avis mitigé : celle qui fout tout simplement la merde dans une situation qui aurait pu rester simple.

Elle est fille rollercoaster ; il est homme sans valeur. Une pareille équation ne se résout pas, des personnalités trop fortes qui s'opposent trop, des aimants qui ne peuvent pas se saquer. Une attraction terrestre et une répulsion cosmique, et voilà deux cœurs perdus dans la mésosphère ! sans but, prêts à dégommer le sol grâce à leur amertume commune. Jetés aux oubliettes, ces immémoriaux temps où l'idée qu'un pareil ultimatum survienne. « Moi je voudrais bien que tu ne me laisses pas, Marc. Mais très souvent les choses que je veux n’arrivent pas. » non, ça n'arrive jamais. Ni ce qu'Astrée veut ni ce que Marcel souhaite. Peut-être attendaient-ils que l'un dégage ? Que c'est ça qu'il faut. Que l'un dégage, pousse la porte de sortie de cette environnement oppressant. Qu'ils s'oublient, que les souvenirs fanent comme les fleurs printanières, mais avec un peu de chance, l'an prochain elles seront à nouveau là.

La chaleur de sa main s'intègre dans la sienne, et c'est si douloureux quand la preuve d'un au revoir survient. À quoi servirait de retenir quelque chose qui ne peut être avec lui ? Quand elle délie, cesse d'enlacer leurs mains, cela apparaît comme un soleil triomphant immédiatement écrasé par l'obscurité du coup. C'est la fin. La véritable. La fin de beaucoup de choses, d'elle, de lui, d'eux. D'un eux qui n'a jamais éclos et qui n'éclora pas. Alors que les jambes d'Astrée gravissent les marches, celles de Marc ne quittent pas le carrelage où tout se termine.
Les « putain, t'avais promis. » n'ont plus d'importance, ce n'est pas son grand amour qui se tire. Qu'aurait-elle à vouloir, de toute manière ? Astrée reste une petite fille, pas du genre à pouvoir attendre sagement que le cambrioleur revienne ni une nuit, une semaine ni des mois, des décennies.

Seul dans le grand hall d'entrée, alourdit d'objets volés, Arsène entend Électre remuer dans des choses qui appartiennent au passé, tout comme lui à présent. Sa poigne brusque sur la porte et le claquement sec hurle tout ce qui n'est pas sorti tout à l'heure.
C'est la fin, chacun part de son côté. Terminé, leur eux ne possédait rien d'une nécessité. Sûrement s'étaient-ils bercés d'illusions.


throw me out, of your beautiful lifestyle and call, your beautiful name : it's all over.

 
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Creeping up the backstairs ; Marcel.

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