Noctem et vous : Oh mon dieu, pourquoi avoir poser cette question ? Qui êtes vous ? Vous l'avez fait pâlir, trembler et bafouiller, il semble terrifier et ne semble pas vouloir vous répondre ! Oh mais attendez... Je crois l'entendre dire entre deux claquements de dents qu'il est du côté de Maître Noctem si vous dites l'être, mais sera son ennemi si vous soutenez le contraire. Quoi ? Son vrai avis sur la question ? Oh mon bon monsieur, il ne sait pas, le Seigneur Noctem lui fait bien trop peur ! Une entité si puissante ne peut qu'être menaçante pour tout le monde, surtout pour lui. Il a ni la force, ni le courage, dit-il, pour imaginer se retourner contre lui. Enfin vous savez, il a aussi peur de se faire des ennemis dans son propre camps en léchant les bottes du Roi. Alors, il vaut mieux qu'il réponde par un silence à votre question, Monsieur. Cela vaut mieux pour tout le monde, en particulier pour lui.
Votre camp et vous : C'est compliqué entre lui et les autres, Gabriel est un jeune garçon bien trop soumis alors... Il sert de bouc-émissaire pour certains, ce sont souvent des gens plus musclés que lui. Ou bien, on a pitié et on sympathise avec lui. Après tout, c'est un gentil garçon, très craintif, je vous l'accorde, mais gentil, quand ce n'est pas lui qui charrie plus petit que lui.
Votre degré d'engagement : Bien entendu qu'il est engagé ! Je suis sûr que la persuasion de certains auront raison de lui !
Votre plus grande peur : Beaucoup trop de choses, peut être êtes-vous compris dans le lot ?

-Qu'importe ce que dit Maman et les autres adultes, rien ne peut battre le Nutella. Tout le monde aime ça, ceux qui n'aiment pas le Nutella sont tout sauf humain. Non seulement c'est délicieux, mais en plus il nous donne l'énergie pour affronter les épreuves de la journée et devenir un homme fort. Il nous rend généreux, il suffit de voir à quel point ça m'a fait plaisir de te passer quelques unes de mes tartines, il n'y a qu'avec le Nutella qu'on peut ressentir une telle sympathie pour son prochain. Essayes avec une soupe un jour, tu verras que cela ne fonctionnera pas et que tu devras la boire toute seule ta soupe !

Gabriel parle bien, beaucoup, voir même trop bien et beaucoup trop. Il est fier de sa manière de commencer une conversation, d'étaler son vocabulaire, de mettre un à un ses arguments, les développer et enfin conclure.
Certains diront qu'il est pédant, d'autres diront qu'il est tout simplement "cultivé" et ce n'est pas la première fois qu'on le lui fait remarquer, des fois par admiration, mais souvent par lassitude. Après tout, il reste un moulin à paroles quand il est inspiré, donc ce genre de remarques deviennent aussi fréquentes que les fois où il décide d'ouvrir sa bouche. Sans compter sa susceptibilité assez flagrante quand on exige à savourer son silence plutôt que ses belles paroles. Enfin, malgré son air pincé, en vérité: ses chevilles enflent. N'est ce pas une manière d'avouer qu'il est meilleur qu'eux dans l'art du discours ? Que ça les gênent et qu'ils aimeraient qu'il se taise pour pas leur "mettre la honte" ? Oui, il a une fierté mal placé et déjà tout enfant ses parents voulaient lui couper la langue.

Un adolescent sauvage, un peu musclé et avec un sac banane, apparait :

-J'aime pas le Nutella, tu cherches la bagarre ou quoi ? Sale mioche !

-Noooon ! Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire ! C'est juste que...Pourquoi vous avez une batte ? C'est pour quoi faire ? J'ai peur. AÏE ! Pitié ! Je... Je suis juste un enfant, bouhouhou ! Pourquoi tant de violence ? AÏE, AÏE ! Arrêtez ! Je ferai tout ce que vous voudreeeez !

C'est un pleurnicheur et un lâche. A pleurer pour tout et rien, surtout si on lui fait les gros yeux, le voila qu'il laisse échapper des larmichettes au bord de ses petits n'yeux et a penser très fort que vous êtes méchant et moche en plus de ça ! Sa voix et son visage se transforment alors, en quelque chose qui on-ne-sait-pourquoi devient insupportable à vos yeux. Oui, vous avez deviner: Gabriel se métamorphose en tête-à-claques et cela vous tenterez bien de lui en coller une au coin des lèvres. Alors, il a pris l'habitude de courir et de se trouver vite une cachette (derrière un mur, dans une poubelle, sous un carton, dans votre micro-onde) quand il est face à un conflit qui risque de dériver en bagarre. Le pire c'est qu'il est doué à ça, le con. Il faut dire que depuis la maternelle, ses camarades vident leur sceau de sable sur sa tête. Maintenant au collège, il n'est pas rare qu'on le rackette ou qu'on le frappe, juste pour le fun. Juste car il est né avec le mot "Bizut" sur le front.

-Je suis sûr que ce type trouve dans la violence un moyen de s'imposer dans la société car ses parents n'ont pas eu idée, ou bien sont découragés, de lui dire que la violence c'est tout sauf bien ! Maintenant, il est condamné de vivre avec cette brutalité qui forme un des traits de son caractère antipathique ! Je me demande bien ce que fait la police à côté, ce genre de type devrait recevoir des amendes, pire : aller en prison !

On a tous été influencé par nos ainés, Gabriel ne fait pas exception à la règle. Quand il a affaire à une figure pleine de sagesse, il a tendance à gober un peu trop vite ce qu'elle lui dit. Pire encore si elle sait bien parler, ce n'est pas un exploit que de l'entourlouper le gamin. En plus de ça, il saura divulguer votre belle parole dans un de ses nombreux sujets de conversation ! Et comme tout gamin, il regarde aussi la télé et traîne sur internet, alors bon ça a aussi un petit impact dans ce qu'il dit et pense. Non mais d'après vous, a force d'entendre parler des bagarres, des bars qui ne désemplissent pas et comme quoi la vie est merdique, on finit par y croire un peu. Enfin, surtout qu'on se demande: mais il y a aucune solution pour tout ça ? Le petit a aucune expérience de la vie, alors il écoute ceux plus vieux, ceux qui ont l'air de tout savoir, ceux qui disent avoir tout vécu. Il leur pose des questions et quand il essaie d'être objectif au final, il cite d'autres personnes, je ne vous laisse même pas le plaisir d'imaginer les gens qui aiment jouer avec les mots. Gabriel tourne autour du pot, ne sait pas par quel bout prendre tel sujet, parfois même il abandonne. Que vaut son avis face à d'autres de toute façon ? Pas un seul Fabula. Il a beau bien savoir parler, le contenu de ses discours sont superficiels et vides de réelle réflexion de sa part.

-Et puis faire ça à un enfant aussi faible que moi, si fragile ! Pensez à mes parents, pensez à mon petit cœur qui est cabossé par tant de bleus et de bosses ! Comment un être si cruel peut continuer...(L'adolescent au sac banane réapparait)... Peut continuer à être si tendre ! Il devrait me frapper plus fort, me donner plus d'ordres ! Je ne suis qu'un merdeux juste bon à obéir à mes ainés et fermer ma petite gueule de macaque !

-Ouais, d'ailleurs il est où mon goûter, ptit con ?

-Là, là, tenez, le voila !

Il donne le sandwich, le garçon repart, satisfait.

Craignant trop pour sa personne, c'est aussi pour son propre intérêt qu'il se place du côté des plus forts. On peut le qualifier d'hypocrite car quand on pense qu'il acquiesce sincèrement, en vérité, il a réfléchit à sa réponse bien avant de vous la dire. Vous êtes grand et musclé ? Aucun doute qu'il vaut mieux ne pas vous contrarier, il sera de votre avis quoiqu'il arrive. Vous êtes petit et un peu bête ? Il ne fera pas preuve de gêne s'il dit des choses un peu trop cruelles, des choses qui ne passeraient pas si vous aviez fait de la musculation pendant cinq ans avant de le rencontrer. Le meilleur exemple est le Seigneur Noctem, mais c'est aussi celui où Gabriel perd vite pied. Cette histoire de résistance, de soldats, il en a affreusement peur. C'est comme être pris entre un marteau et une hache. Et si un jour il se faisait piéger ? La seule solution qu'il a trouvé c'est de changer sans cesse de camps, dire "noir" quand juste avant il a dit "blanc", dommage qu'il soit loin d'être adroit dans ce petit jeu. Après tout c'est un enfant.

-Pfiou, j'ai eu chaud. Une phrase de plus et il m'aurait tabasser à mort ! J'espère qu'il va s'étouffer avec mon goûter... De toute façon, c'est même pas bon ce qu'il y a dedans, j'ai fais exprès ! Haha ! Bien fait pour lui, ce gros tas !

On peut cependant dire qu'il reste malin, évidemment cela le gêne de faire des gaffes toutes bêtes et qui le font rougir de honte quand on lui en parle des semaines après l'incident. Alors il compte bien progresser, évoluer, voir maîtriser cette part de lui à tout dissimuler, jouer à tout les rôles, faire tourner en rond les gens, bref: manipuler. Après tout, n'est il pas qu'un pauvre enfant inoffensif ? Raison de plus pour conserver cette image et abuser encore plus de la naïveté des gens ! Comment peuvent ils imaginer se faire avoir par un enfant ? Haha, ridicule ! Personne y songerait et par bête fierté personne oserait même l'avouer et l'accepter !

-Gabriel, je te raconte une histoire ?

-Oh oui, racontes ! Tu sais bien que j'adore tes histoires ! Surtout celle où les héros vont battre les plus féroces dragons pour libérer les plus belles princesses avec l'aide des fées les plus sages ! J'aimerai bien rencontrer une princesse d'ailleurs, ou une fée, ou heu...

-Tu ne voudrais pas devenir un Héros ?

-Oh non, je ne suis pas assez courageux, les dragons me feraient peur et gagneraient toujours ! Mais je veux bien être aidé un héros pour sauver une princesse !

-Tu crois que les dragons existent ?

-Bien sûr ! Les fantômes aussi, les sorcières, les chevaliers noirs, tout ! C'est écrit dans les livres, puis plein de gens me l'ont dit aussi, toi aussi tu me l'as dis, donc ça ne peut être que vrai !

-Vu comme ça...

-Allez, racontes moi une histoire !

Il a quatorze ans, oui et alors ? On vit bien à Cassandre, ville renfermant Légendes Urbaines, Personnages et Créateurs dans un même cocon. Pourquoi ne pourrait il pas croire à d'autres contes ? Est ce qu'être soi-même un personnage, ça l'empêcherait de rêver à rencontrer un vrai Chevalier à l'armure étincelante, une Enchanteresse aux sorts puissants et un Dragon aux flammes dévastatrices ? La magie, c'est beau, c'est peut être ce qui manque un peu à Cassandres, d'après Gabriel, ce n'était pas assez de leur donner une vie, non, le garçon est un petit rêveur, il aurait aimé être propulsé dans différents livres, même si rencontrer le Grand Méchant Loup l'effrayerai, même si voir un fantôme le ferait crier, même si il n'aurait pas idée de défier un Chevalier Noir. Il aime lire, il aime entendre parler de d'autres légendes pas encore advenu à Cassandre et même si il pourrait s'en approcher et peut être leur parler. Les livres resteront un moyen de voyager et de rencontrer ces différentes personnes sans prendre de risques.

-[...] Et c'est ainsi que le méchant mourut sans même avoir pu se marier avec la princesse qu'il désirait depuis qu'il était tout petit. La dernière image qu'il eut d'elle c'était son regard méprisant alors qu'elle enlaçait très fort son prince char-...Tu pleures Gabriel ?

-Non c'est faux, snif. Une poussière dans l'œil !

-Je croyais que tu n'aimais pas les méchants.

-Je-je... Oui mais... Il aurait peut être pu être moins méchant s'il s'était marié avec la princesse...!

-C'était sa destiné de mourir de la main du Héros, il ne pouvait rien faire contre ça.

-Mais... C'est tragique !

-Hélas.

Gabriel n'est pas seulement sensible à son intérêt, il arrive bien souvent qu'il ait pitié de d'autres personnes. Par exemple, qu'il offre une pièce à un clochard car ça lui fait plaisir, il n'a pas non plus le cœur de sermonner quelqu'un qui n'avait pas le choix d'agir mal. Il arrivera jamais à entourlouper quelqu'un jusqu'au bout car il ne pourra pas s'empêcher de faire un compromis, bref une gaffe, pour que ni l'un, ni l'autre soit dans le soucis. S'il pouvait, il pourrait avec beaucoup d'efforts devenir insensible, devenir le manipulateur qu'il voudrait être, mais... Quelque chose lui dit qu'il ne peut pas, que le naturel reviendrait bien trop vite au galop. Il a peur, peur de blesser les gens, peur de devenir méchant, peur d'être jugé dans un futur proche. Il ne veut pas faire du mal, il veut juste se protéger des autres.

-N'empêche, l'histoire qu'elle m'a raconté... Ben, elle m'a rappelé un peu la notre...

-Comment ça ?

-Bah, on est tous destiné à quelque chose, non ? Enfin, c'est ce qu'a dit le Seigneur Noctem !

-Pff, et alors ?

-Ben, c'est triste, enfin un peu. Je trouve.

-Qu'est ce que ça change pour toi ? D'ici que tu t'inquiètes pour tes gages, hein.

-O-Oui mais... J'ai peur.

-Tu as peur de tout de toute façon, Gaby.

La vie de chaque personne est fatale, Gabriel en a bien conscience et il en a affreusement peur, il en cauchemarde même. Pourtant, a-t-il vraiment quelque chose à craindre par rapport à d'autres ? Il ne finit pas brûler, pas emprisonner, pas torturer, pas trahit. Son destin semble bien doux, pourtant il ne peut s'empêcher d'en avoir peur. C'est bête, c'est inexplicable, mais l'idée d'être enchaîné à ce chemin, ça le terrifie, il aimerait croire en l'émancipation des habitants de Cassandre, mais... Il se doute bien que le Roi est bien plus puissant et intelligent qu'eux tous réunit, qu'il a tout prévu, qu'il a dû tout prévoir. Qu'est ce que Gabriel doit faire alors ? Attendre ? Se cacher au fond de son lit d'ici que le monstre appelé Destin veuille bien partir ? Ou bien espérer ?

-J'ai une idée ! Si je suis destiné à finir seul, sans Maître, à pleurer pour mes gages : eh bien, je n'ai qu'à essayer de faire changer mon futur Maître, même s'il ne me reconnait pas, même s'il m'ignore, même s'il me fuit ! Je suis sûr que lui expliquer ce qu'il risque, le fera longuement méditer sur mes paroles ! Ah, je suis génial ! Je vais pouvoir changer le cours de l'histoire, "Dom Juan" ne sera pas envoyé en Enfers et moi je ne serai pas malheureux ! Je ne pleurerai pas sa mort, je ne serai pas seul ! Le méchant ne sera pas punis et deviendra gentil, tandis que moi je vivrai toujours, haha ! Je n'ai plus qu'à le retrouver, j'ai besoin de lui pour espérer une "fin heureuse" ! Il doit certainement être quelque part à Cassandre, et si nos chemins sont destinés à se croiser, eh bien autant prendre les devants ! Je suis sûr que même le Roi ne s'y attendrait pas ! Comme quoi tout est possible ! Même qu'un moustique comme moi puisse tout changer, en particulier ma destiné, huhuhuhuhu ! Bon allez, je dois commencer mes recherches... Mais pour commencer ? Peut être aller chercher mon Créateur, d'abord ? Quoique, il est quatre heures et j'ai faim, d'abord mon goûter !

Gabriel reste quelqu'un d'optimiste, il veut croire que quelque chose peut changer, même à travers un rien. Il sait que s'il devait rester dans l'immobilité, il plongerait encore plus dans l'angoisse de sa propre "fin". Alors, il veut agir, il cherche, il cherche sa moitié qui coulera sûrement avec lui à la fin de leur histoire. Gabriel est peut être égoïste, mais il est aussi affreusement dépendant de ceux qui peuvent le sauver, il ne veut pas être abandonné à son propre sort, alors il prend toutes les aides possibles. C'est dans l'action qu'il trouvera des objectifs dans cette vie illusoire, c'est dans l'action qu'il trouvera de l'attachement, c'est dans l'action au bord du désespoir qu'il essayera de crier "Mes gages ! Mes gages !" dans l'espoir qu'on y réponde un jour.