Forum en hiatus le temps qu'on se reprenne les couilles en main trololo
« Un jour j'arrêterai de placer des métaphores dégueulasses ici. Ce jour là, SQE renaîtra. » - Batman
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

Partagez | 
 

 Les Misérables, c'est moi. | Victor Hugo.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Victor Hugo
Victor Hugo
« words are my big obsession »
« words are my big obsession »
Âge : 30
Messages : 118
Date d'inscription : 16/03/2012

Personnage Incarné : Victor Hugo
Surnom : Vic' le Vicky.
Préface de Cromwell : Les Misérables, c'est moi.

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Âge : 32ans.
Métier : Politicien, écrivain, autres.
Que pensez-vous de Noctem ? :
Les Misérables, c'est moi. | Victor Hugo. Empty
MessageSujet: Les Misérables, c'est moi. | Victor Hugo.   Les Misérables, c'est moi. | Victor Hugo. Empty23.03.12 22:08

Note 0 - Préambule.

Voici regroupées les notes un peu éparpillées de mon étude sur Victor Hugo, vestige du projet d'un livre sur ce personnage assez atypique et peut-être pas assez connu. Quant à la raison de l'abandon de ce projet, je préfère la garder pour moi. Par contre, je préfère vous prévenir d'avance : je suis loin de porter cet homme dans mon coeur.


Note 1 - Informations premières.

Le genre humain a été rudoyé, mais il a marché.
▬ Victor Hugo.
Les Misérables, c'est moi. | Victor Hugo. Tumblrltlsguf4jf1r40103Œuvre principale : Les Misérables.

Nom, prénom(s) : Victor (Marie) Hugo.
Surnom : Parfois ses amis l’appellent Vic. Et parfois, des idiots l'appellent Vicky.
Âge : Trente-deux ans.
Métier : Avocat.
Camp : Pour, me semble-t-il.


Note 2 - Première rencontre.

De ses coups les plus terribles il sort une caresse pour le genre humain.
▬ Victor Hugo.

Il faut l'avouer, Victor Hugo peut se révéler vraiment détestable. Il peut vous parler avec le sourire le plus doux qu'il veut, être le plus poli qu'il peut, avoir un charisme indéniable et même faire l'effort de s'abaisser intellectuellement à votre niveau... il y a toujours quelque chose qui cloche.
Déjà, le physique. Personnellement, avant de le rencontrer, je me le représentais comme un bon grand-père, avec sa barbe, ses bonbons, son sourire débonnaire, sa bouteille de rosé et son petit côté révolutionnaire. Ce doux mythe fut vite été brisé face à ce grand homme brun, sans un poil de barbe, la trentaine, des lunettes noires incroyablement rectangulaires, un air d'aristocratique, un costume pimpant et une attitude distante. Vous pouvez trouver cela exagéré, mais ça a été un pure douche froide. Je m'attendais à un poète, un marginal, un romancier... et je me suis retrouvé face à un avocat atrocement professionnel.
Victor Hugo est une image montante au sein de la justice, il est apparu presque soudainement à la suite de ses études, empli de génie et de charisme. Il remue les tréfonds de tribunaux par ses capacités et son nom plus que détonant, mais aussi par une certaine audace : il ne refuse aucun dossier. Et si, au début de sa carrière, c'était une source supplémentaire de mépris, à présent que ses prix ont monté et qu'il gagne de plus en plus de procès, cela impose le respect. On raconterait même qu'il serait prêt à défendre Candide.
En tout cas, cette célébrité presque médiatique (mon étude en est une preuve flagrante) s'accompagne d'une atroce richesse. Cet homme ne semble pas avoir honte de son argent : sa maison est carrément impressionnante, son bureau plus qu'intimidant et la Rolex qui luit sous sa manche ferait presque peur. C'est le genre de richesse qui intimide, qui écrase. Et puis son attitude sévère rajoute à la froideur de la scène, malgré ses sourires. Je n'aime pas les gens trop riches, ils sont toujours d'une prétention abominable et ce spécimen n'y fait pas défaut.
Victor Hugo est orgueilleux, fier comme un paon, incroyablement sérieux, hypocritement professionnel, obnubilé par le travail et autoritaire jusqu'au bout des ongles. Il fait partie de ces personnes qui dissimulent en chaque proposition un ordre. Et c'est extrêmement désagréable. Il est célibataire et sans enfant, et pourtant on a l'impression qu'il nous prend automatiquement à sa charge. Et puis il a toujours un avis sur tout. Et dès que l'on ne sait pas vraiment argumenter, on a l'impression d'être un être parfaitement ridicule, écrasé par la logique froide de son raisonnement et de sa morale. De plus, Victor Hugo est à la botte de Noctem Fabula.
Bref, ma première rencontre avec Victor Hugo l'Avocat Parfait m'a laissé un goût amer dans la bouche et un immense besoin de chaleur humaine.


Note 3 - Brisons de nouveau le mythe.

Cosette était laide. Heureuse, elle eût peut-être été jolie.
▬ Victor Hugo.

Je ne m'apprêtais pas vraiment à entrer une nouvelle fois en contact avec Victor Hugo. La première fois était purement fortuite et n'amenait pas à se répéter, pour mon plus grand plaisir. J'en avais gardé un souvenir presque traumatisant.
Mais à partir de ce jour, je devins soudainement attentif à toute réflexion le concernant. Sans m'en rendre compte je devenais curieux des potins à son sujet et pris la mauvaise habitude de me tenir au courant de l'évolution de ses procès. Comme si je pressentais qu'il y avait autre chose que ce personnage froid et imposant de mes souvenirs. Et c'est ainsi que je tombais sur quelques données qui vinrent modifier mon jugement premier.
Tout d'abord, si l'on n'avait jamais entendu parler d'un Victor Hugo avant qu'il devienne avocat, c'est qu'il venait des bas fonds de Cassandre. Un véritable roturier qui, semble-t-il, a lutté toute sa vie pour sortir de la boue d'où il venait. Tout à coup, l'image que j'avais de lui comme un aristocratique n'ayant jamais ressenti la faim ou la frustration se dissipa. On raconte aussi que c'est un philanthrope, qu'il va à la messe tous les dimanches, qu'il a travaillé pour pouvoir offrir une belle fin à sa mère malade, qu'il n'hésite jamais à aider quiconque est dans le besoin et qu'il est un amant tendre et romantique. Étrangement, ces racontars et ces rumeurs sonnent vraies et les quelques recherches que je fis par la suite me confirmèrent la plupart de ses dires.
Ce monstre glacial serait-il en vérité l'homme idéal ?


Note 7 - Un brin de romantisme.

La haine c'est l'hiver du cœur.
▬ Victor Hugo.

Ainsi commençait ma fascination pour un homme qui m'emportait de surprise en surprise. Cet homme affable, l'amant idéal ? C'était bien ce que j'arrivais le moins à imaginer, malgré son romantisme d'antan. Pour moi, ce Victor Hugo-là était l'opposé de l'auteur des Misérables. Et là encore, je ne pouvais pas avoir plus tord.
Les amours de Victor (oui, appelons-le Victor à présent, ça fait plus intime) commencèrent en primaire. Il faisait partie de ces enfants à faire des promesses d'éternité, de retrouvailles et de mariage à chacune de ses « amoureuses ». Et le pire, c'était qu'il devait sûrement être sincère. Au collège et au lycée, ses amours passèrent peu à peu des relations niaises et platoniques à des ébats passionnés entre deux meilleurs amis intellectuels et rêveurs. Après le baccalauréat, il se mit à préférer les relations stables, toujours pleines d'esprit, avec de belles femmes de plus en plus élevées dans la hiérarchie sociale. Comme si ses compagnes devaient toujours refléter sa propre situation, comme un miroir où il jouirait de toutes leurs ressemblances. Inutile de vous dire que, étant donné l'ascension et les continuelles modifications de cet homme, ses histoires furent nombreuses et rarement heureuses, malgré toute sa bonne volonté.


Note 13 - Victor et l'Inspiration.

Les vrais grands écrivains sont ceux dont la pensée occupe tous les recoins de leur style.
▬ Victor Hugo

Victor Hugo voue presque une religion à Noctem Fabula qui lui a permis d'être celui qu'il est aujourd'hui. Bien entendu, il reste persuadé que son génie est la principale source de ses œuvres : Noctem Fabula a juste donné un coup de pouce. Le génie ici, c'est lui ! D'ailleurs, Victor Hugo doit être un des auteurs les plus extrémistes en ce qui concerne le destin de ses personnages : il est même effrayé à la simple idée que ses personnages échappent à leur destin. Il a écrit ce destin, ils sont le reflet de sa vie et de ses opinions. Leur destin n'a pas été écrit par le hasard : il y a une raison derrière chacun d'entre eux. Et il ne pardonne aucun de ses personnages de s'en éloigner jusqu'à devenir souvent un père autoritaire et omniprésent pour ceux-ci.
Pourtant, malgré son côté extrémiste, fanatique et religieux, l'avocat a de plus en plus de mal avec la dictature de Noctem. S'il est dévoué à Noctem, il est aussi profondément républicain et ne jure que par la liberté. Partagé entre ces deux opposés, il évite de faire des démonstrations d'opinion trop publiques ou même de s'impliquer dès que les débats deviennent trop impliqués. C'est le genre d'homme à toujours aller saluer Noctem tout en se refusant de livrer les rebelles, allant même parfois jusqu'à les aider à survivre.


Note 17 - Une famille pour Victor ?

L’amour est une faute ; soit. Fantine était l’innocence surnageant la faute.
▬ Victor Hugo.

Malgré les apparences, Victor reste extrêmement réservé sur sa vie privé et notamment sa famille. Ou plutôt, de ce qui lui reste, à savoir une mère : Sophie Hugo. C'est une pauvre mère-fille engrossée à dix-sept ans, cliché réincarné, abandonnée par sa famille et son amant, destinée à des années de travail afin d'offrir une éducation décente à un fils qui la fascine. Sophie Hugo, simple femme du peuple, d'une beauté certaine mais bien trop vite fanée, s'est retrouvée avec surprise devant un fils aux souvenirs époustouflants et à la destiné bien plus qu'impressionnante. Obsédée par les possibilités prodigieuses de son fils, elle se met dans le devoir de lui faire vivre un avenir hors du commun.
Victor a vécu entouré par sa propre image : dès ses trois ans, on lui lisait Ruy Blas le soir. A huit ans, il récitait déjà par cœur plusieurs poèmes des Contemplations. Tous les surplus qu'arrivaient à emmagasiner sa mère passait dans les Pléiades d'Hugo, dans des essais sur lui ou ses œuvres ainsi que dans l'éducation de son fils qui se devait d'être la meilleure possible. Au final, Victor fut bien plus éduqué par son alter ego que par sa propre mère.

Sophie Hugo, si vous ne l'aviez pas encore remarqué, est aussi appelée Fantine. Pauvre romantique abandonnée de tous en pleine grossesse, elle comble son enfant d'amour en échange. Et si elle ne laissa Victor à aucune Thénardier, elle laissa bien son petit garçon face à un passé titanesque où il lui était parfaitement incapable de se reconnaître. Et bien qu'elle ait gardé ses dents et ses cheveux dans l'histoire, je crois que Victor lui-même n'a pas osé chercher tout ce qu'elle a pu faire pour les faire vivre. A présent, Fantine est une femme ravagée par le temps retrouvant bien lentement sa beauté et sa santé dans le palais doré de son propre enfant, où elle se fait continuellement chouchouter par un homme qui agit bien plus comme son créateur que comme son fils. Un fils qui ne peut s'empêcher de se sentir indubitablement responsable de la misère de sa propre mère.


Note 20 - Pourquoi avoir quitté Victor Hugo ?

Le premier symptôme de l’amour vrai chez un jeune homme, c’est la timidité, chez une jeune fille, c’est la hardiesse.
▬ Victor Hugo.

« Tu sais Victor, cela fait quelques temps à présent que tu ne me fais plus rêver. » / « Tu n'es pas du tout comme je l'imaginais. » / « Je n'en peux plus. C'est ta mère ou c'est moi ! » / « Non Victor. Il est hors de question que je continue cette vie. J'en ai mare de te voir courir après les personnages de ton passé comme si ta survie en dépendait. Regarde devant toi merde ! Regarde moi ! Lâche ton nombril ! » / « Je suis désolée Victor, je ne te comprends plus. Parfois tu me poses des questions dont je ne comprends même pas les termes. » / « Tu vas trop vite Vic', je ne peux plus avancer à ton rythme. » / « Mais où est parti l'homme qui passait un temps fou au supermarché pour calculer quel fromage était le moins cher en fonction du prix au kilo ? » / « Comment je pourrais vouloir vivre avec un homme incapable de se regarder proprement dans un miroir ? » / « Ce qui est énervant avec toi Victor, c'est que quoi qu'il arrive tu ne vas jamais rompre. Tu vas sagement attendre que la situation dégénère au point qu'on n'ait plus d'autre choix que de te quitter. Comme ça, tu pourras raconter à Salinger comment tu t'es fait plaquer pour la énième fois alors que tu n'as rien fait de mal. »


Note 22 - Quand Victor se noie par deux fois.

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
▬ Victor Hugo

Sophie Hugo est morte noyée il y a quelques jours. Si la plupart de la population de Cassandre s'en moque royalement, cette nouvelle chamboula mon petit monde intérieur. La mère de Victor était morte. J'avais toujours aimé cette femme, je l'imaginais d'une beauté sans fard, dévouée mais malheureuse, fatiguée mais douce. C'est elle qui a poussé son fils à s'élever toujours plus haut dans la société et qui l'a toujours secondé dans chacun de ses progrès et encouragé dans chacun de ses échecs. C'est par son absence et sa distance qu'il est devenu si froid et maladroit. Sans elle, il n'aurait jamais porté autant attention à sa propre image, à son œuvre, à ses personnages et surtout à sa ridicule petitesse.
Sophie Hugo est morte noyée et tout le monde suspecte un suicide. Un suicide cruel. Un suicide destiné à son fils en mourant exactement comme sa fille, dans une autre vie, un autre temps. Cet enfant serait-il donc haït ? Et même si Victor réfute catégoriquement cette théorie, elle doit avoir torturé nombre de ses nuits.
Sophie Hugo est morte noyée en laissant derrière elle un fils incroyablement seul dans une immense maison. Un petit orphelin de trente ans avec pour seule compagnie son fidèle chien Charles, sa richesse et ses livres. Victor Hugo se noyait donc lentement dans le silence de sa maison jusqu'à ce que Léopoldine Magyar entre dans sa vie.


Note 24 - Victor et Hugo.

Il n’avait pas de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d’amour ; mais il était joyeux parce qu’il était libre.
▬ Victor Hugo.

A votre avis, quelle sensation on peut avoir en vivant sous la peau de Victor Hugo ? Un dramaturge, un politicien, un théoricien, un poète, un écrivain, un romancier, un amant, un père, un grand-père, une icône, un mouvement littéraire, un personnage à lui tout seul. Comment vivre en étant obnubilé par ces souvenirs où l'on ne se reconnaît pas ? Et pourtant où tout semble tellement plus lumineux que ce que l'on vit au quotidien ?
Victor a certainement eu cette période de rébellion adolescente où il a nié tout ce que son alter ego a pu créer. Cela doit correspondre au jour où il a réalisé que sa mère était Fantine. Après tout, son œuvre principale reste Les Misérables. Si on lui avait dit qu'il allait se retrouver face à sa propre création, Hugo aurait-il accablé d'autant de malheurs ses propres personnages ? Rien n'est moins sûr. En tout cas, Victor s'est certainement perdu un moment dans la contestation pure et simple de l'ensemble de sa propre œuvre, incapable de comprendre ce qu'il s'était passé dans sa propre tête.
Mais aujourd'hui, à trente ans, Victor est le plus grand adorateur d'Hugo. La preuve est là : son but ultime est de retrouver tous ses personnages et de les prendre sous son aile afin qu'ils suivent la destiné qui leur a été écrite. Et malgré ce que des gens comme moi peuvent penser de lui, il suit avec fidélité les convictions morales de son modèle.


Note 32 - Le cliché revient toujours.

Pour lui une dette, c’était le commencement de l’esclavage. Il se disait même qu’un créancier est pire qu’un maître ; car un maître ne possède que votre personne, un créancier possède votre dignité et peut la souffleter.
▬ Victor Hugo.

Dans toute histoire il y a un cliché. Cela est d'autant plus vrai à Cassandre où notre destin nous porte toujours vers des intrigues particulièrement romanesques. Victor n'a pas fait exception. C'est en découvrant son pub préféré que j'ai découvert un bien étrange triangle amoureux.
Tout d'abord, il faut savoir que Victor est bien plus sociable qu'il n'y parait. De mon poste d'espionnage au fond du bar, je l'ai vu parler et rire avec un nombre assez impressionnant de personnes, boire de l'alcool (alors que je pensais qu'il se limitait au champagne aux évènements) et même fumer allègrement. Comme tout être humain normal, il jure et fait des blagues. Il s'entend même bien avec la plupart des auteurs de Cassandre, malgré qu'il ait abandonné toute activité d'écriture lyrique dans sa seconde vie. Il arrive véritablement à charmer les gens, à être passionné, à sourire tendrement... J'ai mis longtemps avant d'accepter ce qui se déroulait sous mes yeux. Qu'était devenu cet avocat impitoyable, froid et distant de notre première rencontre ? Où était l'homme à femme à l'immense égo torturé que l'on m'avait écrit ? Pourquoi ne voyais-je pas le parfait philanthrope des rumeurs dans cet homme presque simple ?
Je suis devenu moi-même un habitué de ce bar, avec le temps. J'ai même reparlé avec Victor, en faisant de mon mieux pour qu'il ignore tout ce que je pouvais savoir sur lui tout en collectant encore et encore des informations.

Victor en plus de posséder des amis et une vie sociable, a aussi un meilleur ami : Jérome Salinger, apparemment professeur de lettres, qui a visiblement eu son baccalauréat grâce au soutien de Victor, un être perdu et évanescent, tellement indolent qu'il en deviendrait antipathique . Je les vois parfaitement au lycée : Victor le premier en tout qui se laisse négligemment copier dessus par un Jérome inattentif et rieur. Deux auteurs qui, à première vue, n'ont rien en commun et qui finissent par être les meilleurs amis du monde. Mais là où cela devient vraiment intéressant c'est lorsque Salinger a ramassé une fille dans la rue : Blanche Jailer.
C'est une jeune étudiante en art aux longs cheveux blonds, droguée, torturée et follement, absurdement, affreusement amoureuse de Jérome. Son amour dégouline de tous les côtés jusqu'à en devenir indécent. Et Jérome qui en rit, qui s'en vante et qui en joue. Lorsque j'observe ces deux-là, je suis toujours partagé entre la moquerie, la pitié et la lassitude. C'est le même schéma inlassable qui se répète, les mêmes pleurs, les mêmes discours, les mêmes sentiments. La petite Raiponce, enfermée dans son amour impossible et ses espérances folles espère inlassablement que son Prince viendra un jour la délivrer de ses illusions. Mais malheureusement, le Prince en question semble préférer parler pute avec son meilleur ami Victor.
Un Victor littéralement hypnotisé par la petite Blanche. Lorsque Salinger regarde le fond de son verre et qu'elle regarde Salinger ; Victor l'observe, elle. Avec romantisme et sensibilité, il a l'habitude de succomber à chacune de ses pulsions avec l'impression absolue que le destin et la fatalité lui tombent dessus. C'est pourquoi il a décidé que, ici, c'est lui le Prince, c'est lui qui a le pouvoir de délivrer Raiponce. Il est celui qui sauvera Blanche de son désespoir. C'est écrit.
Je vous avais prévenu, un véritable cliché. Un trio amoureux comme on en voit partout. L'image répétée et usée d'un homme qui place en une femme triviale ses fantasmes sans se rendre compte qu'il n'a aucune chance d'en être aimé et, même si c'était le cas, de la chérir. Blanche c'est le héros romantique, c'est Marcus, c'est Frédéric, c'est l'amour débordant, les illusions si chères, l'esprit torturé, le lyrisme, l'éducation sentimentale, le premier amour. Victor aime cette Blanche passionnée et amoureuse, il aime cette étrange innocence, il est fasciné par les sentiments qu'elle a pour Jérome. Quant à ce que peut être Blanche Jailer en tant que personne, il s'en moquerait presque.

Cette étrange équipe se croise continuellement : que ce soit à ce bar, dans les rues, au travail ou dans l'immense maison de Victor devenue squat. Et le pire c'est que cela se passerait presque bien. Le pire c'est que Blanche passe son temps chez Victor à lui parler de ses espérances. Le pire c'est que Victor passe son temps à raconter à son meilleur ami à quel point Blanche est adorable, et mignonne, et fascinante, et troublante, et drôle, et inhabituelle. Et le pire c'est que Salinger passe son temps à en rire.


Note 41 - Une compagne pour Charles.

Les paysans asturiens sont convaincus que dans toute portée de louve il y a un chien, lequel est tué par la mère, sans quoi en grandissant il dévorerait les autres petits. Donnez une face humaine à ce chien fils d'une louve, et ce sera Javert.
▬ Victor Hugo.

J'ai mis un temps fou avant de retrouver la trace de Léopoldine Magyar. Cette jeune fille est apparue dans la vie de Victor peu après la mort de Sophie. Elle n'était au départ que rumeur, information fugitive, nom murmuré à l'oreille ou coup de gueule de Blanche au beau milieu du bar, pestant encore sur cette « sale chienne ». En dehors de cela, elle n'existait pas. Il semblait que Victor et elle n'avaient de contact que chez lui, or je me suis toujours refusé à espionner la maison même des Hugo. Mais alors qui est-elle ? Une tante éloignée servant de substitut à la pauvre Sophie ? Une domestique ? Un chien avec un nom à rallonge ? Après tout, Léopoldine était la soeur de Charles Hugo et l'épouse de Charles Vacquerie. Mais je me trompais, cette Léopoldine était loin d'être un chien. Quoique...

« Suivante ! »
C'était il y a un peu moins d'un an, à l'approche de l'été. J'étais chargé de m'occuper des postulants à un job temporaire pour un ami. Au cœur d'un après-midi étouffant de chaleur et d'ennui, j'ai enchainé les CV et les entretiens avec lenteur jusqu'à tomber sur ce nom qui m'avait si souvent obsédé : Léopoldine Magyar. Juste le temps de noter qu'elle avait dix-neuf ans avant qu'elle n'entre dans la pièce et que je lève la tête pour croiser son regard. Le regard d'un chien fils d'une louve.

Si vous voulez savoir, elle ne l'a pas eu, le poste. Mais moi, j'ai tout à coup pu collecter un nombre éblouissant d'informations. La jeune et jolie Léopoldine m'est au premier abord apparue comme une réplique féminine de Victor. Froide, distante, sévère, il ne manquait plus que les cheveux noirs et les lunettes pour y croire. Inscrite à la même université que lui, elle aussi en droit, elle différait seulement de lui parce qu'elle ne voulait pas devenir avocat, mais bien procureur ; et cela changeait tout. Avant la fin de l'entretien, j'avais déjà fait la plupart des rapprochements et réalisé qui elle était. Il y avait trop de coïncidences pour que j'aie tord. Et la suite ne fit que le confirmer : cette jeune fille était bel et bien Javert.
Léopoldine et Victor se sont rencontrés dans le bureau de l'avocat. En effet, à ses dix-huit ans la jeune fille voyait ses parents divorcer. J'imagine que dès le premier regard échangé et seulement avec un brin d'informations, l'auteur reconnu son produit. Par la suite, il a sûrement juste eu à user de son charisme et de ses relations. Un tête-à-tête à propos de sa perception du divorce pour tisser un petit lien, lui proposer des conseils pour ses études de droit, puis lui faire une lettre de recommandation, avant d'effectuer un peu de piston pour qu'elle soit prise dans la même université réputée que lui et voilà qu'elle se retrouvait endettée d'un avocat déjà bien riche. Ensuite, ce ne fut qu'une histoire de coïncidences et de fatalité pour qu'ils deviennent presque proches.
Je pense que Victor comptait en rester là, au départ. Elle suivait la piste presque parfaite d'un Javert, il n'avait pas besoin de la surveiller outre-mesure, juste un petit lien pour pouvoir s'occuper d'elle si elle se perdait. Mais avec la mort de Sophie Hugo, tout changea. A ce moment-là, Léopoldine venait d'obtenir son bac. Il suffit d'un rendez-vous à Victor pour la convaincre d'emménager avec lui. D'abord la faire se plaindre de ses parents divorcés et de sa vie quotidienne compliquée, puis lui faire réaliser qu'elle était Javert et prendre enfin ce lien comme excuse pour la faire habiter sous son toit. Il lui promis de tout payer : le loyer, la nourriture, les vêtements et les études. Comment refuser ?

C'est ainsi qu'elle arriva chez lui. Au début intimidée par le luxe de la maisonnée et un auteur autoritaire et distant, elle se fit bien vite une place de choix dans le foyer, permettant à Victor de se retrouver enfin à vivre avec quelqu'un qui le regarde en face. Ils passent ainsi leur temps à se disputer et à se confronter : Léopoldine veut garder son indépendance tandis que Victor a le besoin presque maladif de surveiller et de contrôler chacun de ses gestes. Pourtant elle ne s'éloigne jamais bien loin et leur vie commune dépasse rarement le seuil de la porte. En vérité, ils ne peuvent s'empêcher de s'adorer. Du moins, lorsqu'ils sont seuls et silencieux.


Note 43 - Détails épars et inutiles.

Paris a un enfant et la forêt a un oiseau ; l'oiseau s'appelle le moineau ; l'enfant s'appelle le gamin.
▬ Victor Hugo.


  • Si Victor a un jour écrit une quelconque aventure romanesque, une pièce de théâtre ou un poème, il n'en est rien parvenu à quiconque.
  • Il fait rarement de sport.
  • Léopoldine et Charles s'entendent particulièrement bien.
  • Victor fume comme un pompier, mais jamais lorsqu'il travaille.
  • Il travaille beaucoup trop.
  • Vous pouvez être sûr de le trouver à chaque exposition de Cassandre. Il est aussi un habitué du théâtre, de l'opéra et du cinéma.
  • Il joue depuis vingt ans du piano et du violon.
  • Il dessine de manière acceptable.
  • Blanche et Léopoldine ne peuvent pas se supporter.
  • Victor est parfaitement capable d'aimer deux femmes à la fois. Et avec le sourire.
  • Charles est un doberman.


Note 44 - Auteur du rapport.

Le calembour est la fiente de l’esprit qui vole.
▬ Victor Hugo
Pseudonyme : Sissi / Romy.
Sexe : Secret professionnel.
Âge : Dix-huit ans et des brouettes.
Source de l'avatar : Austria de Hetalia.
Comment avez-vous découvert SQE ? Soulmates.
Des questions, des réclamations ? Plus de personnages hugoliens à martyriser. Et la couleur du fond de texte pour faire des p'tiots alinéas *w*
Les Misérables, c'est moi. | Victor Hugo. Msn1u
 
Mallory C. Polypheme
Mallory C. Polypheme
ADMIN — L'œil du Cyclope
ADMIN — L'œil du Cyclope
Âge : 30
Messages : 345
Date d'inscription : 28/11/2011

Personnage Incarné : Polyphème
Surnom : Cyclope
Préface de Cromwell : Dans l'oeil du Cyclope

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Âge : 23 ans
Métier : Informateur, Berger
Que pensez-vous de Noctem ? :
Les Misérables, c'est moi. | Victor Hugo. Empty
MessageSujet: Re: Les Misérables, c'est moi. | Victor Hugo.   Les Misérables, c'est moi. | Victor Hugo. Empty24.03.12 13:26

Poussez-vous, Victor is mine.

BONJOUR ET BIENVENUE VILE CREATURE
(pourquoi vile ?)
(chais pas, ça s'associe bien à créature)

Bon donc je valide directe hein, sans élucubrations fantasques (comment je me retiens) (incroyable) et je t'incite (et je TACITE, brouahahahaha) à te présenter à la petite sauterie organisé par le Roi.
 
 

Les Misérables, c'est moi. | Victor Hugo.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Lait entier ou demi-écrémé ? [Victor Hugo]
» Hugo, ich liebe es. [Vatti]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Sum quod eris. :: ORGUEIL ET PRÉJUGÉS :: La Comédie Humaine :: Voyage au bout de la nuit-